En Bretagne, des gravures vieilles de 14.000 ans éclairent la Préhistoire
Une tête d'aurochs hérissée de rayons, des chevaux et des lignes géométriques : des plaquettes de schiste, dont une au style graphique inédit, et des outils en silex vieux de 14.000 ans ont été déterrés près de Brest illustrant une période du Paléolithique mal connue.
/2019/04/11/000_10146b.jpg)
Parmi ces pièces, l'une comporte une gravure représentant la tête d'un aurochs - une espèce de bovins aujourd'hui disparue - entourée de rayons. "Il s'agit d'une figuration unique", assure à l'AFP Nicolas Naudinot, responsable du programme de recherches menées sur le site. "On ne connait pas dans la Préhistoire européenne d'autre association entre des rayons et une tête d'animal", précise cet enseignant-chercheur à l'Université de Nice Sophia-Antipolis. Sur l'autre face de la plaquette, d'une trentaine de centimètres, une tête du même animal mais sans rayons.
Les traces les plus anciennes d'art de Bretagne
Deux chevaux imbriqués en miroir l'un face à l'autre sont représentés sur une autre tablette plus grande. Entre les pattes de l'un des chevaux, un poulain. D'autres fragments plus petits comportent des lignes géométriques, traits, triangles et hachures, signe d'un art abstrait. "Ces plaquettes sont absolument magnifiques, elles sont vraiment réalistes et témoignent d'un savoir-faire très particulier", souligne le chercheur.Elles représentent les plus anciennes traces d'art de Bretagne. A l'échelle de l'Europe, moins d'une dizaine de sites bien conservés peuvent être attribués à cette période et seulement deux ou trois, dont l'abri Murat dans le Lot, livrent des témoignages artistiques. Selon des datations au carbone14, l'occupation du site remonterait à l'Azilien ancien, il y a plus de 14.500 ans, une période charnière mais mal connue de la Préhistoire qui marque le passage entre deux cultures, celle du Magdalénien, période encore glaciaire, et celle de l'Azilien, signant le début d'un certain réchauffement climatique.
Un camp de chasse
Une soixantaine de fragments et plaquettes de schiste ainsi que des outils en silex ont été déterrés depuis 2013 sur le site, situé au coeur de la forêt de Plougastel-Daoulas. Mais ces découvertes n'ont été rendues publiques qu'en 2017, une fois sécurisé le site, jusque-là régulièrement détruit et pillé.Situé sous une barre rocheuse d'une quarantaine de mètres de haut - appelée Rocher de l'Impératrice du fait que l'épouse de Napoléon III s'y serait rendue pour y admirer la vue - le site, un temps voué à l'escalade, est entouré de hautes barrières en empêchant l'accès. Depuis le haut du rocher, la vue est vaste sur la rade de Brest, à l'époque une steppe avec des genévriers drainée par des cours d'eau. Des hommes du Paléolithique ont dû vivre à plusieurs reprises, pendant quelques jours tout au plus, dans cet abri.
"A priori, c'était un petit camp de chasse", explique Nicolas Naudinot. "On a retrouvé des pointes de flèche, on sait qu'ils les ont fabriquées sur place mais aussi qu'ils les ont utilisées en raison des impacts qu'elles présentent", note-t-il, ajoutant avoir trouvé aussi des couteaux. Ces outils permettent d'en savoir davantage sur les activités et les techniques de ces hommes ainsi que sur leur système économique et culturel. A cela s'ajoute une dimension graphique et potentiellement symbolique intéressante avec la découverte des plaquettes gravées.
"L'association de ces différents témoignages à la fois outils en pierre et art mobilier, suggère que les changements ne surviennent pas toujours en même temps, certaines évolutions techniques ont ainsi pu précéder les changements artistiques et symboliques", avance Nicolas Naudinot.
De nouvelles fouilles en juillet
Le site d'une dizaine de mètres de long et de trois de large, sera de nouveau fouillé en juillet prochain. "Chaque année on comprend de mieux en mieux le site grâce aux nouvelles découvertes", se félicite Michel Le Goffic, archéologue à l'origine de la découverte du site en 1987 et désormais à la retraite.À regarder
-
un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Vol d’or au Muséum : une femme mise en examen
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter