Châteaux : sauver le patrimoine, un défi quotidien entre charges, travaux et restauration
Entre faste et fragilité, les châteaux français luttent pour survivre. Du petit domaine normand du Taillis à l’immense Chambord, propriétaires et gestionnaires rivalisent d’idées pour financer des restaurations colossales. Événements, gîtes ou produits dérivés : chaque euro compte pour préserver ces témoins d’histoire.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité
À l'écart de la Seine, loin des regards, un peu perdu, un petit château normand tente de se faire une place royale. Ce soir-là, Nicolas Navarro, propriétaire et gestionnaire du Château de Taillis (Seine-Maritime), doit relever un défi : accueillir 90 touristes américains.
Nicolas est à la tête d'une demeure achetée par ses parents il y a 27 ans. L’équivalent de 820 000 euros d’aujourd’hui. 62 pièces, un domaine de 6 hectares. Une seule préoccupation : créer des événements afin d’entretenir l’édifice.
Au menu du jour, un cocktail suivi d’un dîner. La soirée rapportera 2000 euros à Nicolas Navarro, service compris. L’un des 50 de l’année. Les touristes sont conquis : "Versailles, trop de faste pour moi. Ici, c’est plus simple", confie l’une d’elles. Un autre s’étonne : "Je n’imagine pas comment on peut consacrer tout son temps à entretenir un tel château."
Des soirées indispensables mais insuffisantes
Ces rendez-vous représentent un point vital pour la survie du lieu, comme le souligne Nicolas Navaro : "Si on n’avait plus ces soirées, on devrait revoir la totalité de notre fonctionnement. Ce sont de gros clients. Ils assurent, je pense, 30 à 40 % de notre chiffre d’affaires annuel."
Mais ces soirées ne suffisent pas. Il faut sans cesse innover. Dernier investissement, le plus coûteux : un gîte, créé après deux ans et 350 000 euros de travaux. Prix de la nuitée : 300 euros. Les compliments, eux, n’ont pas de prix.
Chambord : la machine à revenus
Du plus petit, le Taillis, au plus majestueux, Chambord. Tous les châteaux de France sont confrontés aux mêmes besoins : gagner toujours plus d’argent pour entretenir le patrimoine. Chambord, fleuron de la Renaissance, compte 440 pièces, un escalier inspiré de Léonard de Vinci et une forêt domaniale de plus de 5000 hectares.
L’équipe dirigeante mise sur cette richesse naturelle : promenade dans la réserve, facturée 20 euros par personne. À Chambord, chaque euro compte, même le parking, qui rapporte 2 millions d’euros par an. Au total : 37 millions d’euros de chiffre d’affaires, entre restaurants, boutiques et produits locaux (miel, terrines, laine de brebis…).
Le poids des travaux et la passion des propriétaires
Mais derrière la majesté des décors, une réalité bien plus rude. Au Château de Teillis, Nicolas Navarro doit affronter des urgences : 35 000 euros pour refaire des gouttières défectueuses. "Tout le zinc est fendu, ça ne retient plus l’eau, ça attaque les murs", alerte-t-il.
Malgré des semaines de 50 à 60 heures, son salaire plafonne à 2000 euros par mois. Deux salariés, deux mi-temps, et une passion inaltérable : "On aime ça, on ne compte pas nos heures", dit-il.
À Chambord aussi, les travaux colossaux s’annoncent : 25 millions d’euros pour restaurer l’aile est, financés par fonds propres, État et mécènes.
Entre humilité et grandeur
De la Sologne à la Normandie, les châteaux sont gérés comme de véritables entreprises. Nicolas Navarro le reconnaît avec lucidité : "J’adore Chambord, c’est un de mes châteaux préférés. On n’a pas les mêmes moyens, les mêmes possibilités non plus. Je vois tout ce qu’il me reste encore à faire et je me dis que j’ai encore quelques années à tenir et de nouvelles idées à trouver."
Pour lui, comme pour tant d’autres passionnés, le but reste le même : aider les vieilles pierres à traverser les siècles.
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