Art rupestre : avec le retour de la paix, la Colombie découvre des merveilles cachées dans la jungle
Cela se passe au coeur de l'Amazonie colombienne. Au détour d'un abrupt sentier, une gigantesque paroi rocheuse peinte : on y reconnaît des nacondas, des jaguars, des tortues... Depuis des millénaires, les indigènes de Colombie illustrent là leur mythologie. Resté inaccessible durant des décennies de guerre, ce trésor refait surface peu à peu depuis l'accord de paix avec les Farc en 2016.
/2019/04/11/000_15u4fy.jpg)
Au coeur de la jungle du Guaviare, zone stratégique du conflit dont des groupes armés se disputent encore le contrôle, se dressent les tepuys du parc naturel du Chiribiquete et de la Serrania de la Lindosa, montagnes érodées de l'ère tertiaire, aux allures de tambours géants.
Des centaines de fresques rupestres
Disséminées dans l'océan vert émeraude du sud de la Colombie, sur un territoire presque aussi grand que la Suisse, ils abritent contre leurs flancs des centaines de fresques rupestres, d'une valeur inestimable pour la compréhension du peuplement de l'Amazonie./2019/04/11/000_15u4ay.jpg)
A la faveur de l'accord de paix de 2016 avec la guérilla Farc, les chercheurs s'aventurent à nouveau jusqu'aux tepuys pour déchiffrer ces pétroglyphes rituels, dessins apposés sur la roche par les peuples amazoniens depuis au moins 12.000 ans. Et encore de nos jours.
Des sites sacrés
/2019/04/11/000_15u4fn.jpg)
Ce village de la municipalité de San José del Guaviare, où les plantations de coca et la fabrication de la cocaïne font loi, marquait la ligne de démarcation entre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et les forces de l'ordre.
/2019/04/11/000_15u4lm.jpg)
Les archéologues autorisés malgré la présence des dissidents des Farc
Il n'empêche qu'"aujourd'hui nous revenons dans le Guaviare", se réjouit Ernesto Montenegro, en expliquant d'autres fresques, plus loin sur le Cerro Azul, heureux que les archéologues aient "bénéficié du processus de paix" car la situation malgré tout se tranquillise. Les dissidents des Farc, s'ils inspectent les explorateurs, leur délimitent un périmètre, semblent ne pas s'opposer à l'étude d'un patrimoine culturel encore très méconnu.Fin mai, la Serrania de la Lindosa a été déclarée "Aire archéologique protégée" par le ministère de la Culture, à l'initiative de l'ICANH, aussi à l'origine de la première mission internationale sur le site, en coopération avec l'Institut français des études andines (IFEA).
"Nous espérons faire (...) un travail qui puisse permettre d'expliquer tout cela. Il reste beaucoup à découvrir !", précise Céline Valadeau, anthropologue de l'IFEA, attaché au ministère français des Affaires étrangères.
Outre des sites encore inconnus, il en est dont "il existe des preuves photographiques (...) mais qu'il n'a pas été possible de retrouver parce qu'à l'époque, il n'y avait pas de GPS" et les relevés cartographiques sont imprécis, ajoute-t-elle, devant des pictogrammes de danseurs, de chasseurs et même de rapports amoureux.
Demande de classement au patrimoine mondial de l'Unesco
Elaborées à partir d'un mélange minéral riche en manganèse, qui en s'oxydant leur donne une couleur orangée, les peintures sont impossibles à dater, y compris au carbone 14 faute de composants végétaux. Les seuls indices résident dans les restes de feux allumés par les artistes au pied des parois.Quant au Chiribiquete, dont l'immensité survolée en avion émerveille même les experts chevronnés, les premières recherches archéologiques y ont débuté dans les années 1980-1990. Juste avant la pire époque de la guerre.
Aujourd'hui, afin de le préserver des convoitises minières et pétrolières, l'ICANH a géré une demande de classement au patrimoine mondial de l'Unesco. Le verdict est attendu fin juin.
Ce parc, qui recèle pas moins de 70.000 pictogrammes, pourrait devenir le 9e site colombien de cette prestigieuse liste, mais la première merveille pré-colombienne classée sur la planète.
A quelques jours de la présidentielle du 17 juin, Ernesto Montenegro espère que ces trésors soient préservés: "Quel que soit le président, il devra avoir comme horizon ce territoire constitué d'énormes richesses culturelles".
À regarder
-
Promeneurs, joggeurs : la peur des chiens
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter