"Mon cauchemar ? Le temps qui s'écoule entre la sortie d'un roman et le désert qui précède l'idée du suivant" : le questionnaire de Proust de l'écrivain Sorj Chalandon
Écrivains, musiciens, chanteurs, couturiers, cinéastes… Durant tout l'été, des artistes se livrent à ce jeu pour franceinfo Culture. Aujourd'hui, rendez-vous avec Sorj Chalandon, qui publie "Kells", un nouveau roman inspiré par ses années de galère et d'engagement à son arrivée à Paris dans les années 70.
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Après avoir décroché le prix Albert Londres en 1988 pour ses articles parus dans Libération, le grand reporter et écrivain Sorj Chalandon a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Medicis pour La Promesse en 2006, le Grand Prix du roman de l'Académie française en 2011 pour Retour à Killybegs, et le Goncourt des lycéens en 2013 pour Le Quatrième Mur, récemment adapté au cinéma par David Oelhoffen, avec Laurent Lafitte.
Sorj Chalandon est l'auteur d'une œuvre qui s'inspire de ses reportages. Il puise aussi son inspiration dans sa propre vie, et notamment dans son enfance, marquée par la violence et la mythomanie de son père, qu'il a racontée dans Profession du père (Grasset, 2015), et plus récemment dans Enfant de salaud (Grasset, 2021), un livre dans lequel il entremêle sa propre histoire avec celle du procès Barbie.
Toujours journaliste au Canard enchaîné, Sorj Chalandon publie Le Livre de Kells dans la prochaine rentrée littéraire. Dans ce douzième roman, il revient sur ses années de jeunesse, quand après avoir quitté Lyon, où il a grandi, abandonné le lycée et sa famille, il fait l'expérience de la misère et de la rue pendant un an à son arrivée à Paris. Ce nouveau roman est aussi le récit des débuts de son engagement politique.
Franceinfo Culture : Cet été, êtes-vous plutôt travail ou sieste, promo ou vacances ?
Sorj Chalandon : Travail, pour Le Canard enchaîné, un hebdomadaire satirique qui ne prend pas de vacances depuis cent ans. Je n'ose pas commencer le premier.
En vacances, êtes-vous montagne ou plage ? Nord ou sud ?
Montagne provençale.
Parlons création : êtes-vous du matin ou du soir ?
J'écris la nuit, exclusivement. Journaliste le jour, romancier à la nuit tombée. L'hiver est plus propice, car le soir tombe plus vite.
Stylo ou clavier ?
Stylo pour quelques notes, des phrases, des conversations, des fulgurances volées ici ou là. Comme un jour, dans le bus 68, à Paris, une femme qui glisse à une autre : "Mon mari n'est pas un homme, c'est une défaite." Puis clavier pour l'écriture.
Quel est le livre (ou film, disque, opéra) que vous n'avez toujours pas lu, écouté ?
Je n'ai pas assez de place pour en faire une liste raisonnée.
Votre meilleur souvenir d'écrivain ?
La voix de Martine Boutang, mon éditrice, qui m'appelle au téléphone en 2005 pour m'annoncer que Le Petit Bonzi, texte que j'avais déposé à la réception des Éditions Grasset et Fasquelle l'intéressait. Après vingt ans et douze romans, je reste son auteur. Et son ami.
Votre cauchemar ?
Le temps qui s'écoule entre la sortie d'un roman et le désert qui précède l'idée du suivant.
Si vous étiez un livre, un film, un spectacle, un disque, lequel serait-il ?
Je serais le film Z de Costa-Gavras (1969).
Quelle phrase, réplique, chanson ou air d'opéra a bouleversé votre vie ?
"Notre revanche sera le rire de nos enfants", phrase écrite par Bobby Sands, patriote irlandais et soldat de l'IRA, mort dans une prison britannique le 5 mai 1981, après 66 jours de grève de la faim.
Quels sont les personnages de la littérature, de l'art, de la musique, de l'opéra que vous avez détestés ?
Les Thénardier, Barbe bleue, la marquise de Merteuil (Les Liaisons dangereuses), Milady (Les Trois Mousquetaires), Iago, Salieri (Amadeus).
Et ceux qui vous ont toujours accompagnés ?
Ulysse (roi d'Ithaque), Leopold Bloom (James Joyce), Lysistrata (Aristophane), Don Quichotte (Cervantes), Gavroche (Hugo), Phileas Fogg (Verne), Robinson (Defoe).
Quel est le lieu où vous êtes chez vous ?
Dans un pub irlandais, lorsque le violon murmure Take Me Home to Mayo.
Quel est le lieu qui vous inspire ?
Un cimetière marin.
Quelle est la question qui vous horripile ?
Aucune. Seules les réponses peuvent être horripilantes.
Et celle qu'on ne vous a jamais posée ?
"Tu comptes mourir comment ?"
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