Bob Dylan au Grand Rex : son ancien guitariste évoque l'artiste sur scène
Bob Dylan donne trois concerts au Grand Rex, à Paris, à partir du jeudi 11 avril. A cette occasion, le guitariste français Freddy Koella, musicien attitré de Willy DeVille, proche collaborateur de Francis Cabrel, et accompagnateur de Bob Dylan en 2003 et 2004, raconte son expérience sur scène avec l’artiste.
Le Prix Nobel de Littérature fait étape pour trois soirs au Grand Rex à Paris, où il s'est déjà produit en 1990 et 2013. Et, comme à chaque fois, depuis 31 ans qu'il promène son "Neverending Tour", très peu de mots voire aucun seront adressés au public en guise de politesse ou d'anecdote. Pas même pour présenter ses musiciens.
Freddy Koella fut l’un d’eux, et ses souvenirs ne sont pas toujours heureux. "Chaque concert était différent, tout dépendait de son humeur... Parfois c'était difficile, il fallait s'adapter. Mais le truc pour que ça se passe bien, c'était essayer de le faire sourire", a-t-il confié à l’AFP.
Le hasard d’une rencontre
"Notre rencontre relève d'un concours de circonstances". "Un jour j'étais chez un ami luthier de Los Angeles, James Trussart. James connaît tout le monde là-bas. Tony Garnier, le bassiste de Dylan, était également présent. Dans la discussion, il a lâché que Bob cherchait un guitariste. Une fois parti, James l'a rappelé et lui a dit : ‘vous devriez essayer Freddy’." Trois jours après, Koella se retrouve dans un studio de répétition de Santa Monica face à la légende.Intimidé ? "Pas vraiment. Jouer avec DeVille a été une bonne école pour ce qui est de s'endurcir dans le rapport avec quelqu'un de très différent de soi. Je suis parvenu à l'appréhender comme une personne, pas comme une légende. D'autant que je n'ai jamais été un fan hardcore", sourit Koella. Lors de ce premier contact, Bob Dylan se fend d'une seule consigne: "Freddy, n'apprend pas mes morceaux".
"Cette phrase m'est restée. Il savait évidemment que je ne connaissais pas parfaitement son répertoire. Mais sa musique m'était quand même familière et j'ai improvisé sur ses chansons. J'ai alors compris que j'abordais naturellement la musique comme lui l'aborde. C'est ce qu'il voulait : que ma maîtrise de mon instrument soit au service de sa musique", raconte le guitariste de 61 ans.
Dernières minutes
Koella se rappelle d'un Bob Dylan parfois expansif en studio - "mais pas des tonnes non plus, hein ! C'est Bob, quoi !" - et souvent sujet à des sautes d'humeur, imprévisibles, qui ont rendu plus d'un concert difficile.Et si Koella misait sur sa capacité à le faire sourire - "mon métier, c'est rendre l'artiste pour lequel je joue heureux", dit-il -, une autre difficulté de taille devait être surmontée : il recevait seulement vingt minutes avant de monter sur scène une setlist (liste des morceaux prévus), parfois modifiée avec des titres non répétés voire inconnus.
"Heureusement dans le bus j'avais un classeur avec pas mal de compositions écrites. Quand j'avais un doute, j'y allais et je regardais la structure. Quant aux morceaux que je ne connaissais pas... Alors là, faut s'accrocher, c'est un vrai challenge. Faut tirer son épingle du jeu. De toute façon, Bob aime le risque et veut qu'on en prenne", témoigne Koella.
Les bons soirs
Dylan, lui-même, s'est toujours appliqué à tordre le schéma classique de ses chansons sur scène. Quitte à décevoir une partie de son public. "C'est vrai, les gens adorent ou détestent. Mais il faut comprendre qu'il n'arrête pas de jouer, il ne peut pas être au top chaque soir. Et c'est à nous de le suivre", abonde Freddy Koella."Dans les bons soirs, quand il se donnait vraiment, c'était quelque chose de pouvoir l'observer", souligne-t-il. Après les concerts, Bob Dylan s'éclipse toujours. "Il n'y a pas de moments partagés, ni d'échanges. Il remonte dans son bus et les musiciens dans le leur", dit Koella que le sort a frappé au bout d'un an de tournée. Obligé d'observer plusieurs mois de repos pour maladie, il n'a pas été rappelé par Dylan une fois guéri.
"J'ai fini par tourner la page, mais la manière dont ça s'est terminé m'a traumatisé. J'ai revu Bob en 2012, c'était dans l'air que je revienne, mais ça ne s'est pas fait. J'avais juste perdu le job."
À regarder
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter