Rock en Seine 2023 : Billie Eilish, espiègle et incandescente, embrase la première soirée du festival
"Are you ready to have some fun ?", lance Billie Eilish aux 40 000 fans venus l'applaudir sur la pelouse de Saint-Cloud. Foulard de pirate, baskets et mitaines, la chanteuse aux sept Grammys a donné un show étourdissant en ouverture de Rock en Seine mercredi. Reportage.
Des jeunes filles dormant enroulées dans des sacs de couchage depuis la veille devant les grilles pour être sûres d’être au premier rang du concert de leur idole : le festival Rock en Seine, qui fête ses 20 ans, n’avait jamais connu pareille ferveur. Le pari d’une programmation cent pour cent féminine mercredi 23 août, pour sa soirée d'ouverture, a payé au-delà des espérances pour la manifestation qui se déroule sur la pelouse de Saint-Cloud jusqu’à dimanche (avec relâche ce jeudi 24 août).
Dès 18h la foule est dense devant la grande scène, malgré une chaleur accablante. Lucie Antunes, Tove Lo et Girl in Red, qui la précédent, vont tout donner, mais la reine incontestable de la soirée est Billie Eilish. La programmation a été articulée autour de la jeune américaine âgée de 21 ans, que les fans attendent de pied ferme. En juin 2022, la chanteuse avait offert un show magique à Bercy et son dernier passage à Paris le 23 juin, lors du concert pour la planète de Global Citizen au pied de la Tour Eiffel, avait été bien trop court, trois chansons en mode acoustique avec son frère, complice et producteur Finneas.
Une bête de scène en pleine forme
Foulard de pirate, collants à motifs, short de gym et maillot de football américain, baskets et mitaines, Billie bondit sur la scène telle une diablesse hors de sa boîte sur Bury a friend, alors que Finneas (basse, guitare et claviers) et le batteur Andrew Marshall, les seuls musiciens qui l’accompagnent, donnent le "la" en mode tambour battant. Ultra souriante, belle et fraîche comme une rose, la chanteuse aux sept Grammys est dans une forme éblouissante alors qu’elle est sur la route depuis plus d’un an et demi et sillonne la planète pour défendre son second album Happier Than Ever.
"Are you ready to have some fun ?", demande-t-elle avec une moue gourmande sous les hurlements de la foule de 40 000 personnes. Durant une heure trente d’un show puissant, bien réglé et bien dosé, où défilent les tubes, elle ne va pas s’économiser, et engager le public à faire de même, à sauter, à danser et à perdre la tête ("lose your fucking mind").
Comment des chansons aussi majestueuses sur disque, languissantes, mélancoliques et parfois juste sussurées, peuvent-elles donner lieu à une telle furia scénique de la part de leur autrice ? C’est l’un des pouvoirs magiques de Billie que de se muer en bête de scène quand tant d’autres chanteuses à la sensibilité exacerbée resteraient gentiment clouées, tétanisées, autour de leur micro. Un pouvoir auquel Finneas, arrangeur en chef, n’est pas étranger, tant il sait construire un show, dynamiser la setlist et l’adapter aux exigences du live.
Un public en fusion avec son idole
Comme à l’Accor Arena un an plus tôt, la voix de cette icône générationnelle est régulièrement couverte par celles des fans qui connaissent chaque mot de chaque chanson par cœur - y compris de sa toute dernière, la bouleversante What Was I Made For ? écrite pour la B.O. du film Barbie - et crient parfois plus qu’ils ne chantent, au bord des larmes, comme si leur vie en dépendait. On a vu s’égosiller de très jeunes filles, souvent accompagnées d’un parent, mais aussi de grands baraqués aux bras et dos tatoués, captivés par l’elfe aux couettes enfantines. Car si les tourments qui hantent ses chansons ne nous font pas regretter nos quinze ans, Billie Eilish parvient comme peu d’autres à nous rendre à nos émotions adolescentes. Intenses.
La ferveur et la chaleur sont telles qu’elles donnent lieu à quelques évanouissements et Billie demande plusieurs fois à la sécurité d’intervenir et d’offrir de l’eau aux festivaliers, se désolant de ne pas parler français, avant de lâcher un "Je t’aime". Elle fait aussi une allusion voilée de mystère à un album en préparation qui ne serait pas encore très avancé – "ne soyez pas trop excités" - et un bref appel à agir contre le réchauffement climatique à l’issue d’un Good Girls Go To Hell écourté, conclu par un panneau proclamant "pas de musique sur une planète morte".
Comme à Bercy, elle s’enroule dans un drapeau arc-en-ciel LGBT sous les acclamations (après Billie bossa nova) et se mue en coach de vie, exigeant de respirer profondément et de prendre dans ses bras ceux qui nous entourent. Et comme à l’Accor Arena, une séquence acoustique plus calme où elle s’asseoit avec Finneas sur trois titres – I Love You, Your Power et TV, une sublime chanson de rupture sur laquelle elle pousse sa voix et se laisse gagner par l’émotion – ponctue le show.
Bain de foule et feu d'artifice
Mais le festival en plein air n’est pas Bercy. Le décor est moins féérique, on est debout, il fait une chaleur à crever et il faut constamment jouer des coudes pour conserver un périmètre de quelques centimètres et un champ de vision pour apercevoir autre chose qu’un écran. Elle a beau faire de son mieux, courir de droite à gauche et emprunter l'avancée de scène, elle ne peut cette fois s’approcher au plus près des fans, suspendue comme elle l’avait fait à l'Accor Arena à bord d’une nacelle. "J’aimerais pouvoir faire un big hug à chacun d’entre vous et passer la journée avec tous individuellement", assure-t-elle. A la toute fin du show, elle se rattrapera en descendant au contact des premiers rangs, se livrant sans retenue à l’adoration de la foule, enlacée, caressée, sous bonne garde des gros bras de la sécurité sur les dents.
Le concert se referme sur les trépidants Bad Guy et Happier Than Ever, et un feu d’artifice, lui aussi inédit à Rock en Seine, vient illuminer le ciel, et souligner la colère homérique contre son ex de cette chanson catharsis. La puissance du girl power en plein effet.
Le festival Rock en Seine se poursuit vendredi et jusqu'à dimanche avec notamment The Chemical Brothers, Placebo, Flavien Berger, Cypress Hill, L'Impératrice, Christine and the Queens , Foals et The Strokes.
À regarder
-
Cookie, burger : le croissant à toutes les sauces
-
Sauvetage spectaculaire : hélitreuillé depuis l'Arc de triomphe
-
Retour de S. Lecornu : peut-il tenir ?
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ours : ils attaquent même dans les villes
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter