Enquête sur des clips "antisémites" de Freeze Corleone : "Sous couvert de l'art, on ne peut pas tout dire", estime Frédéric Potier
"La liberté d'expression n'est pas absolue", argumente le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT qui en appelle à la responsabilité de l'artiste et des maisons de disques. Il espère un "règlement européen" pour homogénéiser les dispositions.
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Le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête pour "provocation à la haine raciale" et "injure à caractère raciste", visant plusieurs clips et chansons de Freeze Corleone, une figure montante du rap français. "Sous couvert de l'art, on ne peut pas tout dire", a commenté vendredi 18 septembre sur franceinfo Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).
franceinfo : Les textes de ce rappeur peuvent-ils être attaqués ?
Frédéric Potier : C'est notre analyse. On a consulté ses paroles, on y a trouvé un cocktail d'antisémitisme, d'apologie du nazisme et de complotisme. Ces paroles on les découvre, hélas, en plein procès Charlie Hebdo, le jour même du nouvel an juif.
Il ne faut pas que l'art soit le refuge de la haine.
Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBTà franceinfo
D'où le signalement que j'ai fait au procureur de la République hier et cette enquête qui a été engagée.
Où s'arrête la liberté artistique ?
La liberté artistique est très grande. L'art c'est la beauté, c'est l'imagination, mais sous couvert de l'art, on ne peut pas tout dire. Il y a des lois qui s'appliquent quel que soit le succès, quel que soit le talent de l'intéressé. Il y a un lien très fort entre des discours de haine et des actes de haine et donc il ne faut pas laisser passer ce genre de propos, il ne faut pas les banaliser. Il faut réagir et c'est ce que le gouvernement a fait.
L'avocat de Freeze Corleone explique qu'il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre et que cela peut être une question d'interprétation. Qu'en pensez-vous ?
Je ne vois pas où est l'interprétation quand on se compare à Adolf [Hitler], quand on invite à violenter les Rothschild. Je pense qu'on est sur des préjugés antisémites très nets, on est sur l'apologie du nazisme qui là aussi est très claire. Quand on parle de rentiers juifs, de SS, quand on fait l'apologie du mollah Omar je crois qu'hélas les paroles sont explicites. On a repéré à la Dilcrah neuf extraits particulièrement antisémites et tombant sous le coup de la loi que nous avons signalé au procureur de la République.
Quels sont les fautifs, les maisons de disques ?
D'abord il y a la responsabilité de l'artiste surtout quand on est un artiste de grand talent, qu'on est très écouté déjà. Je crois qu'on a une forme de responsabilité, on ne peut pas tout dire, on ne peut pas faire confiance à une interprétation aux deuxième ou au troisième degré. Je pense que beaucoup de gens écouteront ces paroles et les comprendront avec une lecture et une interprétation au premier degré. Donc, il y a là une responsabilité directe de l'artiste, de son entourage, de sa maison de disque. Je suis très surpris d'entendre ces paroles-là.
Que peut-on faire ?
Il y a un travail de sensibilisation.
J'espère aussi que la procédure permettra de faire comprendre aux maisons de disque que faire du buzz, assurer la promotion publicitaire d'un album ne justifie pas qu'on laisse passer des propos pareils.
Frédéric Potier
On est dans un état de droit, qui respecte la liberté d'expression mais elle n'est pas absolue, donc on s'en remet à la décision de la justice. Mais il n'y a pas de titre qui serait blacklisté, de liste de titres censurés. Il y a un équilibre à trouver. Une discussion s'est engagée avec la Commission européenne et nous espérons qu'un règlement européen puisse rendre homogènes ces dispositions.
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