"Quand j'entre sur scène, j'ai l'impression d'être dans mon salon avec des amis" : le questionnaire de Proust du guitariste Thibault Cauvin
Écrivains, musiciens, chorégraphes, comédiens, couturiers, cinéastes… Durant tout l'été, des artistes se livrent à ce jeu pour franceinfo Culture. Aujourd'hui, Thibault Cauvin, guitariste classique multiprimé et grand passionné de surf.
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Trente-six prix internationaux, 15 albums, plus de 1 500 représentations à travers le monde... À 41 ans (il fête son anniversaire le 16 juillet), Thibault Cauvin affiche déjà un palmarès impressionnant. Le guitariste est un vrai touche-à-tout. Il vient même de publier son premier roman aux éditions JC Lattès : Alter Ego. Guitare sur le dos, un éternel sourire aux lèvres, le héros de son livre lui ressemble beaucoup. Il souhaite "explorer la grâce de l'altérité" et nous embarque dans "ces rencontres qui changent une vie".
En 2024, le musicien a triomphé sur scène en duo avec M, alias Matthieu Chedid. Il nous annonce la sortie d'un prochain album à l'hiver 2025 et la création en cours d'un nouveau spectacle avec une date exceptionnelle à l'Opéra Garnier le 4 juin 2026. Il répond à nos questions depuis la Corse, nous offrant, en prime, "le bruit des grillons".
Franceinfo culture : Cet été, êtes-vous plutôt travail ou sieste, tournée ou vacances ?
Thibault Cauvin : Cet été, comme d'ailleurs un peu tous les étés, je suis plus travail que vacances. J'avoue que les vacances peuvent presque m'effrayer. Je suis un hyperactif enthousiaste. Cet été, je prépare un grand spectacle et une très belle tournée qui feront suite au roman que j'ai écrit, Alter Ego, sorti il y a quelques semaines. La date un peu phare sera l'Opéra Garnier, le 4 juin 2026, mais il y a d'autres rendez-vous en France, notamment Rennes, Bordeaux, Reims, Lyon, Nantes, Lille, Angers... plein de belles villes et surtout de beaux lieux dans ces belles villes. J'ai vraiment hâte de jouer ce spectacle que je vais concocter avec une passion totale.
En vacances, êtes-vous plutôt montagne ou plage ? Nord ou sud ?
Lorsque je suis en vacances, je suis clairement plus, non pas plage, mais vagues de l'océan. Un de mes grands bonheurs est le surf. J'ai grandi à Bordeaux, pas loin des vagues de l'Atlantique, et dès que je le peux, je plonge dans les vagues de Lacanau ou du Cap Ferret. C'est une grande passion. Il ne se passe pas un mois sans que je ne surfe. J'ai le bonheur de goûter presque toutes les vagues du monde et c'est un enchantement. J'invite les surfeurs à aller voir mon ami Adrien Valéro à Lacanau qui accompagne merveilleusement tous ceux qui aiment les vagues de l'Atlantique.
Parlons création : êtes-vous du matin ou du soir ?
Je suis un peu les deux par rapport à la création. Le matin, quand j'ai l'esprit clair. Je suis un peu plus discipliné, plus sérieux et actif. En revanche, je trouve que le soir a aussi une poésie inégalable et une ivresse de la nuit qui est vraiment précieuse. Je prends soin d'associer les deux, mais j'aime moins le début d'après-midi, le moment le moins propice.
Êtes-vous plutôt stylo ou clavier ?
Je suis plus clavier que stylo. Pour certaines choses cependant, je suis plus stylo : par exemple là, je suis en train de réfléchir à des décors pour le spectacle et ça vient beaucoup plus du stylo. Il y a une liberté dans le coup de crayon que je trouve puissante. J'utilise plus le clavier pour le reste des choses.
Êtes-vous plutôt studio ou live ?
Je suis de plus en plus passionné par le fait de faire des disques parce que le travail de production autour de mes albums est de plus en plus nourri. Ces découvertes m'enivrent alors qu'avant, j'avais des disques assez purs. Mais le live est ma vie, ma passion ultime. J'ai donné mes premiers concerts lorsque j'avais 12 ans, je vis vraiment sur la scène, c'est là que je me sens le plus chez moi et je crois que ce rendez-vous à l'Opéra Garnier va être l'un des plus beaux de ma vie.
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Quel est le livre, le film, l'opéra que vous n'avez toujours pas lu, vu ou écouté ?
Le livre que je n'ai pas encore lu et que j'aimerais lire, c'est Le Comte de Monte-Cristo. Je n'ai pas vu le film non plus, honte à moi !
Quel est votre meilleur souvenir de musicien ?
Il y en a plein mais parmi les plus récents, ce sont les trois concerts que j'ai donnés pour mes 40 ans, notamment aux Folies Bergères à Paris. L'année 2024 a été l'une des grandes années de ma vie. On a fait une tournée avec M, en duo. Lui avec sa guitare électrique – il ne chantait pas – et moi avec ma guitare classique. C'était extraordinaire à tous points de vue. Une année entière de souvenirs inoubliables. Ça s'appelait L'Heure miroir.
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Et quel est votre pire cauchemar ?
J'ai cette faculté psychologiquement bizarre d'oublier les mauvais souvenirs ou de les transformer en bons souvenirs donc difficile de répondre. J'ai quand même une idée... Adolescent, je passais beaucoup de concours de guitare aux quatre coins du monde, j'adorais cela. Il y avait un concours en Autriche où j'ai été trois fois deuxième prix et ça a été affreux. J'ai des souvenirs d'être rentré en larmes dans ma chambre d'hôtel à 16-17 ans. Être éliminé plus tôt, ça me faisait mal, mais finir deuxième, je crois que c'est le pire. Finir deuxième à trois reprises, c'est un cauchemar assez fort !
Si vous étiez un disque ou un concert, quel serait-il ?
Si j'étais un disque, je serais Kind of Blue de Miles Davis qui est un de mes disques préférés. Et si j'étais un concert, je pense que je serais un concert légendaire de Prince.
Quelle musique, mélodie ou chanson a bouleversé votre vie ?
Il y a quelques années, j'ai enregistré un disque consacré à Jean-Sébastien Bach. L'un de ses plus grands chefs-d'œuvre s'appelle La Chaconne et jouer cette musique qui dure un quart d'heure est complètement bouleversant. On a l'impression de devenir fou. Il faut même se protéger pour ne pas entrer dans une folie totale en jouant ces notes et en l'écoutant. C'est une œuvre complètement extraordinaire. Il n'y a même pas de mots pour la décrire. J'ai enregistré cette pièce dans une petite chapelle en Dordogne. Ça a été une expérience inoubliable.
Quelles sont les personnes dans le domaine de la musique que vous avez détestées ?
Quand j'étais plus jeune, Jean-Sébastien Bach m'effrayait beaucoup et il m'a valu bien des tourments. J'avais des trous de mémoire en jouant ses partitions et je me souviens l'avoir détesté pendant de nombreuses années. C'était sans doute un problème d'ego. Aujourd'hui, je l'adore.
Et qui sont les musiciens qui vous ont toujours accompagné ?
On a cette chance, nous les guitaristes, d'avoir ces guitar heroes. Jimmy Hendrix m'a toujours accompagné et Paco de Lucia, Django Reinhart... Ces personnalités extraordinaires qui m'ont inspiré et m'inspirent encore aujourd'hui énormément.
Quel est le lieu où vous vous sentez chez vous ?
Le lieu où je me sens chez moi, c'est définitivement la scène. C'est paradoxal, mais même quand il s'agit de scènes du bout du monde, quand j'entre, j'ai l'impression d'être dans mon salon avec des amis et c'est un bonheur total.
Quel est le lieu qui vous inspire ?
Tous les lieux m'inspirent. Surtout les lieux que je ne connais pas et que je découvre. J'aime aussi retourner dans certains endroits. L'ailleurs a été très important dans ma vie. Pendant presque vingt ans, j'ai vécu sans maison, sans appartement. J'ai joué dans plus de 130 pays et j'ai cultivé cela. Cet émerveillement au quotidien, les rencontres, la poésie de l'ailleurs... Aujourd'hui encore, dès que je le peux, je pars. Parfois, c'est juste dans les rues parisiennes où j'aime m'aventurer, me perdre et être ouvert aux autres.
Quelle est la question qui vous horripile ?
Difficile parce que j'avoue que j'aime toutes les questions. C'est plutôt quand on me dit qu'une chose est impossible que j'ai du mal à l'entendre. Ce qui me déplaît le plus, c'est l'impossibilité.
Et quelle est la question que l'on ne vous a jamais posée ?
"Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?" Une question que j'entends beaucoup pour les autres et que je n'ai jamais entendue pour moi. Je ne sais pas si j'en suis heureux ou malheureux. Peut-être heureux parce que la guitare s'est imposée à moi, j'ai donné des concerts depuis tout petit, j'avais cette passion comme un guide... Et en même temps, cela peut être effrayant, comme si c'était écrit avant que je naisse.
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