Interview : Maxime Pascal, le chef qui monte est au "Balcon"
Au pupitre, il a le geste ample et l'énergie communicative. A 28 ans, Maxime Pascal a déjà remporté le prix de direction de Salzbourg et roulé cinq ans avec sa formation sonorisée Le Balcon. Avec le même élan, ensemble, ils s'attaquent à Brahms comme au contemporain Morton Feldman. Dernier pari, réussi : monter le loufoque "Balcon" de Genet qui les a inspirés, mis en musique par Eötvös. Rencontre.
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Maxime Pascal : Je suis un chef sans baguette… (rires). En réalité, je ne me considère pas vraiment comme un chef d'orchestre. Je dis souvent que je me contente de danser sur la musique et, même si ça paraît un peu fleur bleue, je voudrais inviter le public à cette danse, avec l'orchestre et le plateau.
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C'était il y a un peu plus de cinq ans, avec une bande d'amis du Conservatoire. Parmi eux, il y avait un pianiste chef de chant et un ingénieur du son. Dès le départ l'ensemble a exprimé d'un côté un lien très fort avec le théâtre lyrique et de l'autre, l'utopie d'un orchestre sonorisé. Enfin, Le Balcon a été conçu pour être un orchestre à géométrie variable, incluant instrumentistes, chanteurs, metteur en scène, danseurs, mais changeant en fonction des productions. C'est comme une troupe, où l'on puise tout ce dont une production a besoin artistiquement.
Y a-t-il une philosophie particulière du Balcon ?
Il y a des axes : l'un d'eux consiste à se donner les moyens de la grande liberté dont jouit Le Balcon : ainsi, je me suis paramétré pour être producteur de tous mes spectacles. Un autre axe est la dimension intuitive et immédiate. C'est par instinct que nous avons choisi de sonoriser l'orchestre. A cet égard, je me sens proche du mouvement punk des années 1970 ou du premier rap français, qui ont simplement répondu à la nécessité de faire œuvre, sans explication ni justification. Cela dit, avec le recul, je peux donner une explication "raisonnée" à la sonorisation.
Quelle est-elle ?
Il y a plusieurs raisons qui correspondent à un cheminement personnel : je voulais d'abord retrouver la sensation d'immersion totale dans l'œuvre que j'ai eue lors de mon premier choc artistique, enfant, dans une salle de cinéma. Ensuite, quand j'étais étudiant, j'étais désespéré par la distance acoustique entre les interprètes et la salle. Je découvrais en même temps l'expérience de Bayreuth, où l'orchestre était enfoui sous la scène de manière à rapprocher le public du plateau. Enfin, j'ai ressenti fortement l'influence du compositeur Karlheinz Stockhausen qui, dans un souci de geste spectaculaire, à partir des années 1970, a sonorisé systématiquement tout ce qu'il écrivait. Au total, je me suis rendu compte que la sonorisation pouvait augmenter mon geste d'interprète. La sonorisation de l'orchestre constitue-t-elle une révolution ?
C'est une nouvelle étape dans l'évolution de l'orchestre symphonique. Mais, contrairement à l'Ensemble Inter-contemporain, Le Balcon conserve une hiérarchie acoustique académique quand on joue un répertoire ancien. D'ailleurs, au moment de notre création, on s'est entourés de musiciens qui brillaient dans le répertoire de Brahms ou de Tchaïkovski. C'est ce qui nous permet aujourd'hui de jouer "Arianne à Naxos" de Richard Strauss. Et c'est avec cette approche-là que j'ai envie de jouer la musique nouvelle. Vous avez appelé votre ensemble Le Balcon en référence à la pièce de Jean Genet : comment cet auteur vous a-t-il inspiré ?
Dans le choix du nom, la référence littéraire me paraissait indispensable. Genet était là, dans ma bibliothèque. C'est quelqu'un de très proche, qui représente pour moi la liberté de ton, dans ce qu'il a pu être et écrire. Genet avait une foi totale en ce qu'il faisait, une rage. Il m'a touché.
Le Balcon de Peter Eötvös, d'après Jean Genet
Du 20 au 24 mai 2014
Théâtre de l'Athénée
7 rue Boudreau, Paris IXe
01 53 05 19 19
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