"La Bohème" de Claus Guth à l'Opéra Bastille : un voyage sidéral nommé mélancolie
Les huées de 2017 sont à des années-lumière de l'accueil triomphal réservé aux artistes qui ont eu droit à de longues minutes d'applaudissements. Crépusculaire.
Le temps a fait son œuvre, La Bohème de Claus Guth n'est plus conspuée par une partie du public. La version intergalactique et crépusculaire du metteur en scène allemand est devenue un classique, acceptée par le grand nombre. En transposant, il y a huit ans, l'œuvre de Giacomo Puccini dans l'espace et hors du temps, Claus Guth a désarçonné certains puristes par son imagination transgressive. Le quartier latin est situé, cette fois-ci, non dans le Paris du XIXe siècle, mais dans une navette spatiale en situation de détresse. À l'Opéra Bastille jusqu'au 14 octobre.
Le temps est le point central de cette œuvre. Le passé refuse de se décomposer, l'avenir de mourir. Entre les deux, ici et maintenant, le présent vacille. La vieillesse, qui envie et brime la jeunesse, est-elle un long naufrage ? Claus Guth fait coexister une double temporalité : l'une située dans un avenir indéterminé et agonisant, et l'autre représentant le vieux monde, matérialisé par des redingotes et hauts de forme, qui refuse de mourir. Sur scène, les deux temporalités se côtoient et s'ignorent. Et dédoublant les personnages, il crée l'illusion de la vie et de la mort occupant le même espace.
Il se dégage une grande mélancolie de cet opéra, avec peu d'action, formé de quatre tableaux sans liens apparents entre eux. La Bohème narre une classe sociale, celles de jeunes artistes parisiens désargentés, se moquant des conventions et jouisseurs sans entraves de la vie. Qui est bohème ? "Tout homme qui entre dans les arts sans autre moyen d'existence que l'art lui-même."
Avant de devenir un opéra, La Bohème était un roman de l'écrivain Henry Murger publié en 1851 sous le titre Scènes de la vie de bohème.
Les quatre amis (Rodolfo, Marcello, Schaunard et Colline) illustrent sur scène ces artistes maudits sans le sou. Rodolfo, personnage principal qui serait l'alter ego de Henry Murger, tombe amoureux de sa voisine, Mimi, incarnée magistralement une nouvelle fois par Nicole Car. En effet, la soprano australienne était déjà, en 2017, Mimi/Lucie, la couturière éprise de son voisin de poète interprété par un Charles Castronovo inspiré. Le duo est ovationné à de nombreuses reprises tout au long des deux heures du spectacle.
Grâce à la baguette inspirée et légère, présente et discrète, de Domingo Hindoyan, La Bohème version Claus Guth demeure un voyage intersidéral incontournable, une expérience visuelle extraordinaire, mais un peu déserté par l'émotion. Le romantisme a cédé le pas devant la présence de la mort.
Les huées de 2017 sont un souvenir lointain. Elles sont à des années-lumière de l'accueil triomphal réservé aux artistes qui ont eu droit à de longues minutes d'applaudissements à la fin du spectacle. La Bohème, périple crépusculaire, nostalgique.
La fiche
Titre : La Bohème, opéra en quatre tableaux (1896)
D'après Henry Murger, Scènes de la vie de bohème
Musique : Giacomo Puccini
Livret : Giuseppe Giacosa et Luigi Illica
Direction musicale : Domingo Hindoyan
Mise en scène : Claus Guth
Décoration : Étienne Pluss
Lumière : Fabrice Kebour
Costumes : Eva Dessecker
Distribution : Nicole Car, Yaritza Véliz, Charles Castronovo, Joshua Guerrero, Andrea Carroll, Étienne Dupuis, Xiaomeng Zhang et Alexandros Stavrakakis
Durée : 2h30 avec un entracte
Lieu : Opéra Bastille, place de la Bastille, 75012 Paris
Dates : jusqu'au 14 octobre 2025
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