"Don Carlos" de Verdi à l’Opéra Bastille : le pouvoir, l’amour et la mort
"Don Carlos" revient à l’Opéra Bastille après sept ans d’absence. La mise en scène de Krzysztof Warlikowski continue de susciter des réactions. Positives, cette fois-ci.
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Les huées de 2017 ne sont qu’un lointain souvenir. Créé en 2017 Don Carlos version Krzysztof Warlikowski fait son retour à l’Opéra Bastille depuis le 29 mars, après une reprise dans sa version italienne en 2019. La mise en scène du prodige polonais, somme toute assez classique, a-t-elle fini par convaincre le public ? A l’applaudimètre, la réponse est unanimement positive. Immersion pendant près de cinq heures dans la cour d’Espagne du XVIe siècle, au cœur du pouvoir, mais aussi de l’amour, la mort et la solitude.
Dans cette fresque dramatique submergée d’émotion, la religion occupe une centralité prégnante. Elle est représentée ici par le Grand inquisiteur, un personnage cruel, toujours aux côtés des puissants. Verdi s’attaque frontalement à la place des religieux, au fanatisme, dans une démonstration d’une grande audace pour l’époque. Mais l’œuvre questionne essentiellement le pouvoir. Krzysztof Warlikowski explore aussi l’intime et les dilemmes moraux.
Un peu d’histoire avec Don Carlos, une œuvre commandée par l’Opéra de Paris à Verdi où elle a été créée le 11 mars 1867. Le compositeur italien avait beaucoup hésité avant d’accepter ce "grand opéra à la française", soit un drame historique en cinq actes, un ballet et d’importants effectifs choraux.
Ses librettistes Joseph Méry et Camille du Locle s’étaient inspirés du drame de Friedrich Schiller. Ils ont néanmoins pris des libertés avec l’Histoire. Ainsi, le véritable Don Carlos, qui souffrait de troubles psychologiques et d’anomalies corporelles dues à la consanguinité, était jugé inapte à gouverner.
Dieu, le roi et la musique
Nous sommes en 1556, plongés dans les rouages du royaume d’Espagne à travers l’Infant Don Carlos qui, pour raison d’Etat, doit épouser Elisabeth de Valois (Élisabeth de France), la fille du roi de France Henri II. Ce qui n’est qu’un arrangement diplomatique se transforme en un grand amour avant d’être réduit à néant pour des prétextes politiques.
Tout le monde doit se plier à la volonté du roi, qui décide de faire d’Elisabeth son épouse. Dès lors, le palais bruit d’intrigues politiques, d’antagonismes religieux et d'amours impossibles.
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Dans cet opéra-monde, prennent place cinq personnages principaux, ce qui est assez exceptionnel chez Verdi : le roi Philippe II (Christian Van Horn), son fils Don Carlos (Charles Catronovo), son épouse Elizabeth de Valois (Marina Rebeka), le fidèle ami du prince, Don Rodrigue (Andrzej Filończyk) et la princesse Eboli (Ekaterina Gubanova).
Cette nouvelle distribution (par rapport à celle de 2017), équilibrée, recueille les faveurs du public qui a réservé aux artistes, individuellement et collectivement, de longues et généreuses ovations lors de la représentation.
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Simone Young a aussi été très applaudie grâce à sa direction musicale subtile et généreuse. La cheffe d'orchestre australienne a su rendre l’intensité et les émotions contenues dans le chef-d’œuvre du compositeur italien. Sur le plan esthétique, l’intronisation de Philippe II est tout simplement époustouflante. Lumières, couleurs, costumes, tout est mûrement réfléchi, pensé, pour produire un tableau éblouissant. Don Carlos, une fresque intense.
Fiche
Titre : Don Carlos Opéra en cinq actes (1867)
Musique : Giuseppe Verdi
Livret : Joseph Méry et Camille du Locle
D'après Friedrich von Schiller
Durée : 4h35 avec 2 entractes
Langue : français
Surtitrage : français et anglais
Direction musicale : Simone Young
Mise en scène : Krzysztof Warlikowski
Décors et costumes : Małgorzata Szczęśniak
Lumières : Felice
Dramaturgie : Christian Longchamp
Cheffe des Chœurs : Ching-Lien Wu
Orchestre et Chœurs : de l’Opéra national de Paris
Distribution : Christian Van Horn, Charles Catronovo, Andrzej Filończyk, Alexander Tsymbalyuk, Sava Vemić, Marina Rebeka, Ekaterina Gubanova, Marine Chagnon, Teona Todua, Manase Latu, Hyun-Jong Roh, Christian Rodrigue Moungoungou, Amin Ahangaran, Niall Anderson, Alejandro Baliñas Vieites, Vartan Gabrielian, Florent Mbia et Milan Perišić
Dates : jusqu’au 25 avril
Lieu : Opéra Bastille, Place de la Bastille, 75012
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