"Vous êtes encore là ?", se demande Charlie Hebdo, quatre ans après l'attentat
Quatre ans après l'attentat contre Charlie Hebdo, "beaucoup se sont déjà lassés" des combats du journal satirique : amer, l'hebdomadaire dresse le portrait sombre d'une société française "anti-Lumières" dans un numéro commémoratif en kiosques ce samedi.
/2019/04/12/000_1bw6ah.jpg)
La couverture de ce numéro spécial de Charlie Hebdo montre sur fond noir un évêque et un imam soufflant sur la flamme d'une bougie, dont la lumière éclaire le dessin qui avait fait la une du numéro historique du 14 janvier 2015, "Tout est pardonné".
"Ce ne sont pas seulement nos histoires personnelles (qu'on oublie), c'est aussi ce qu'a signifié ce qui nous est arrivé. On a l'impression qu'on tourne le dos à ça, alors qu'à notre avis ces phénomènes de réactions rétrogrades sont toujours présents, encore plus qu'il y a 4 ou 5 ans", explique à l'AFP Riss, directeur de la rédaction et auteur du dessin de une.
"Ce n'est plus uniquement une hostilité qui vient d'extrémistes religieux mais aussi d'intellectuels", s'inquiète-t-il.
"Vous êtes encore là?", s'interroge Charlie Hebdo, 4 ans après l'attentat https://t.co/ym6bgKCoaE pic.twitter.com/6FvhjBm26K
— Le JDD (@leJDD) 5 janvier 2019
Vous êtes encore là ?
Dans un édito coup de poing, intitulé "Vous êtes encore là ?", il déplore que "depuis quatre ans, la situation à l'égard du totalitarisme islamiste n'a fait que se dégrader. Comme la créature d'Alien qui pond ses oeufs sans interruption, le blasphème a fait des petits. (...) Tout est devenu blasphématoire".Hormis l'édito, le numéro spécial fait peu mention de l'attentat du 7 janvier 2015 au cours duquel deux islamistes radicaux avaient tué 12 personnes (11 dans les locaux du journal, qui a depuis déménagé), parmi lesquelles des figures emblématiques comme les dessinateurs Cabu, Wolinksi, Honoré, Tignous, l'ex-directeur de la rédaction Charb et l'économiste Bernard Maris.
Sur la double page centrale, un dessin de Juin montre des "obscurantistes" en train de célébrer l'anniversaire de l'attentat : on y voit notamment le pape, plusieurs membres de la famille Le Pen, Dieudonné, Eric Zemmour, Donald Trump, l'animateur TV Cyril Hanouna ou encore l'écrivain Michel Houellebecq, que l'hebdo avait caricaturé en une du numéro du 7 janvier 2015.
L'enquête est close
"Que le dernier qui s'en va éteigne les Lumières en partant, même s'il n'y voit rien...", écrit le journaliste Philippe Lançon, primé cette année pour "Le Lambeau", livre dans lequel il raconte sa reconstruction après l'attentat."À Charlie, dans notre modeste petite maison francophone, les frères K. ont essayé d'éteindre les lumières, avec et sans majuscule, en entrant puis en sortant. Ils ont failli réussir, mais ils ont tout de même oublié quelques lampes", poursuit-il.
Du côté judiciaire, l'enquête est close et un procès devrait avoir lieu en 2020.
Des coûts de protection exorbitants
Le journal a salué la récente arrestation de Peter Cherif, jihadiste proche des frères Kouachi dont le nom est cité dans l'enquête mais qui n'est toutefois pas visé par un mandat d'arrêt dans le cadre de l'attentat.Si le procès est très attendu par l'équipe du journal, "on n'est même pas sûrs que, une fois ce parcours judiciaire achevé, nous retrouverons une vie normale", souligne Riss.
L'année passée, le journal avait déploré les coûts exorbitants de sa protection, de plus d'un million d'euros par an entièrement à sa charge.
Continuer à faire réfléchir les lecteurs
La situation n'a pas évolué même si entre-temps des responsables du gouvernement ont reçu l'équipe de Charlie pour tenter d'améliorer la situation, explique Riss.Si le journal se vend encore plutôt bien, avec 30.000 ventes en kiosques et 30.000 abonnements, il était déficitaire en 2017 selon des chiffres publiés par BFM Business. "On a fait en sorte de réduire les charges", indique Riss, qui cherche également à faire entrer de nouveaux actionnaires pour notamment préparer sa succession : "Il faut qu'ils soient prêts parce que la tâche n'est pas simple", prévient-il.
Son souhait pour 2019 ? "Continuer à faire réfléchir nos lecteurs, leur donner de l'espoir, les rendre combatifs, car il ne faut pas qu'on soit dans la sinistrose ou la déprime même s'il y a des choses qui nous inquiètent."
À regarder
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter