Culture : "Jeanne", le septième album de Jeanne Cherhal
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Dans la chronique culture du jeudi 2 octobre, la journaliste Isabelle Layer a interviewé l'autrice, compositrice et interprète Jeanne Cherhal venue présenter son septième album intitulé "Jeanne".
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.
Isabelle Layer : Autrice, compositrice, interprète, incontournable de la chanson française. Votre septième album est sorti en avril. Vous partez en tournée avec lui, une belle tournée dans toute la France, on va en reparler. Il s'appelle Jeanne. Jeanne, c'est votre prénom. Est-ce que ça veut dire que c'est votre album le plus personnel, le plus intime ?
Jeanne Cherhal : Jusqu'à présent oui, je pense, parce que j'ai l'impression que quand on a un parcours artistique comme ça, on se rapproche peu à peu de son essentiel. On est de plus en plus à l'os. Donc oui, c'est mon autoportrait en tout cas le plus actuel.
Est-ce qu'il y avait des choses que vous aviez envie de transmettre, de partager avec votre public, que vous n'aviez pas forcément dites avant ?
Oui, des choses qui m'ont traversée ces dernières années, qui font la matière première de mes chansons, mon vécu et puis mon expérience de femme tout simplement. C'est vrai que la féminité, le fait d'être une femme au monde, ça a toujours été pour moi quelque chose de très inspirant et digne d'être raconté. Je raconte ça au fil de mes disques.
Dans la chanson 'Le Cri des loups', vous vous positionnez pour des causes féministes, vous défendez les femmes. Là, vous dites dans cette chanson-là des mots comme "celui qui forçait le passage, quand je n'en avais pas l'âge", est-ce que c'est quelque chose que vous révélez ou bien c'est pour l'histoire, pour la chanson que vous parlez de ça ?
Alors, révéler, c'est un grand terme, parce que j'en parle depuis toujours dans mes disques, une chanson, un moment qui parle de ça, effectivement. C'est une expérience malheureuse que beaucoup de femmes ont vécue et de plus en plus de femmes en parlent, effectivement, de violences sexistes et sexuelles, de viols, d'agressions.
C'est aussi pour donner de la force aux femmes et leur dire qu'elles ne sont pas seules.
J'avais très envie aussi que la chanson soit pleine de groove, de joie. En concert, à la fin, le public fait les "ouh ouh" avec moi. J'avais envie d'aborder ce sujet-là, mais avec joie et avec la puissance aussi de vivre une vie de femme et une vie heureuse, malgré ça.
Cet album, il a été composé, il a été réalisé avec Benjamin Holt. Pourquoi lui ?
Parce que c'était lui, parce que c'était moi. C'est mon chanteur préféré, c'est un réalisateur artistique exceptionnel. Et ce disque est né vraiment de son désir à lui. C'est lui qui m'a un peu secouée à une période où je n'avais pas encore remis vraiment le pied à l'étrier pour refaire des chansons. Et il m'a dit, mais qu'est-ce que tu fabriques ? Qu'est-ce que tu fais, ma vieille ? Refais des chansons, si tu les fais, je réalise ton disque. Donc il a arrangé musicalement tous les instruments. Moi, je lui ai apporté les chansons toutes nues en piano-voix. J'ai écrit à peu près pendant un an. Je lui ai envoyé régulièrement les chansons. Quand je mettais un peu trop de temps, il me relançait. Alors vas-y, envoie, envoie. Et ça a été d'une générosité absolue, ce geste de sa part. Il a été hyper présent, hyper bienveillant, toujours attentif à ce que tout me plaise, toujours hyper encourageant. Je lui dois beaucoup. Il a rallumé la flamme de l'écriture chez moi.
Et en plus, à la fin de l'enregistrement, il s'est passé quelque chose. Vous avez écrit une chanson, tous les deux. C'est l'histoire de deux ex qui ne peuvent pas s'empêcher de se revoir, mais il faut vraiment pas qu'ils se revoient. Comment est-ce arrivé ?
C'est la suite d'une chanson qu'on avait faite il y a 15 ans. Ça s'appelait Bronte Rhapsody. C'était vraiment l'histoire d'un couple en quelques petits messages déposés, laissés sur le frigo à l'époque. Et on a eu envie de les faire revivre, de faire revivre ce couple. Les années sont passées, leur fils est grand, ils n'ont plus vraiment de contraintes communes, leur crédit est remboursé. Ils ne se voient vraiment que pour le fun, que pour le côté charnel de ce qu'a été leur histoire. Il ne faut surtout pas que les autres le sachent. Et là, ça fonctionne, ça marche bien entre eux.
On sent que l'amitié, les relations avec des familles, c'est important pour vous. Vous avez invité sur le clip de la chanson, 'Jean', Vincent Dedienne. Comment ça s'est passée cette rencontre ? Pourquoi Vincent Dedienne aussi ?
Vincent Dedienne, c'était lui pour moi qui devait incarner l'homme idéal. Je trouve qu'il a une grâce, une fantaisie, une autodérision. Il sait tout faire, Vincent Dedienne. En plus, c'est un ami assez proche. Je trouve qu'il a la grâce, cet artiste. J'avais envie de partager un clip avec lui, le clip de Jean.
On a l'impression que toute cette génération, vous avez grandi ensemble, justement, Benjamin Holt, etc. Vous vous soutenez les uns les autres, vous vous appelez, vous nous avez expliqué avec Benjamin, mais est-ce que c'est plus lâche que ça et vous restez en contact ou bien juste vous vous croisez tout simplement ?
Oui, moi, je suis plutôt du genre à nourrir ces amitiés-là. On parle de Vincent Dedienne, par exemple, typiquement. C'est vrai qu'au fil de nos agendas, on ne se voit pas forcément régulièrement, parce qu'il est beaucoup en tournée, moi aussi, mais on est toujours liés. On pense l'un à l'autre, on se le dit. Je trouve qu'on est dans une époque où tout est un peu dématérialisé. Je trouve ça hyper important de continuer de se parler avec nos vraies voix, de se voir, ça reste essentiel quand même.
Vous partez en tournée, donc dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Je suis surexcitée, je suis hyper excitée. Je plane un peu cette tournée, c'est vraiment, c'est cadeau là.
Ça représente quoi pour vous de vous retrouver face à vos fans, votre public qui vous suit depuis toutes ces années ?
Pour moi, la scène, c'est un peu la récompense. J'adore le studio. Pour moi, il n'y a rien de meilleur qu'avoir écrit une chanson dans la journée. Pour moi, c'est vraiment le bonheur absolu. Mais c'est vrai que la scène, c'est un partage unique. C'est une vibration, c'est un trac aussi énorme. Je suis très tracée. Là, je me réjouis de ces dates qui arrivent.
Ça vous arrive de reconnaître dans le public des gens qui vous suivent depuis toutes ces années ? Parce que ça fait quand même 20 ans, une vingtaine d'années. Ça vous arrive de reconnaître des fans ?
Parfois, le premier rang de soir en soir est à peu près le même. Je pense à Solène en particulier, une personne... du public qui vient très souvent. J'ai noué finalement une relation avec elle. Vous avez changé avec certains de vos fans ? Bah oui. Oui, parce qu'en plus, j'ai vraiment pris l'habitude de sortir après le concert, de faire des dédicaces d'albums et tout, donc c'est une petite fatigue de plus, mais je trouve que c'est tellement riche.
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