Une nuit avec le Boss : le premier concert de Bruce Springsteen à Lille sonne la révolte contre Donald Trump
L'Américain et ses musiciens du célèbre E Street Band sont de retour en France. Deux dates à Lille, le 24 et le 27 mai, une autre à Marseille, le 31 mai. Nous avons eu le privilège d'assister à leur premier concert placé sous le signe de la résistance. Récit.
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Samedi 24 mai, sur les coups de midi. Dans les rues de Lille, deux grandes tribus se rassemblent. Celle des fans inconditionnels de Bruce Springsteen vêtus de T-shirts à l'effigie de leur idole, venus assister au concert du soir, et celle des participants à la marche des fiertés, la "Lille Pride" qui s'apprêtent à défiler dans le centre-ville dans des tenues colorées et sexy. Peu importe la pluie, l'humeur est à la fête et la joie, communicative.
Dans un restaurant, deux hommes, la cinquantaine, échangent des souvenirs de concerts. L'un d'eux a déjà vu Springsteen, surnommé "le Boss", sept fois sur scène. Il nous assure que "rien ne vaut Barcelone. C'est là qu'il est le meilleur". Les voisins belges déferlent en masse : on les reconnaît à leur accent et à leurs plaques d'immatriculation rouges.
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Sur le parvis du stade Pierre-Mauroy, à Villeneuve-d'Ascq, se forment d'interminables files d'attente. Côté cheveux, le poivre et sel domine, mais il y a aussi de nombreux jeunes, sans doute convertis par leurs parents à la religion du Boss. Les vendeurs de T-shirts font fortune : 50 euros la pièce. Nous sommes très bien placés, dans la tribune qui se trouve à gauche de la grande scène. Malgré les pannes sur deux lignes de métro, le stade du Losc est plein comme un œuf. À l'heure où le Festival de Cannes s'apprête à livrer sa Palme d'or, le noir se fait. Il est un peu plus de 19 heures 30. Bruce Springsteen, ses fidèles le savent, démarre toujours à l'heure.
Les retardataires vont manquer son discours, qu'il a pris soin de faire sous-titrer en français sur les écrans : "L'Amérique que j'aime, l'Amérique sur laquelle j'ai écrit, qui a été un pays d'espoir et de liberté depuis 250 ans, est actuellement entre les mains d'un homme corrompu et incompétent", martèle-t-il, le doigt pointé. "Ce soir, nous demandons à tous ceux qui croient en la démocratie (...) de se lever avec nous. Faites-vous entendre, joignez-vous à nous contre l'autoritarisme et faisons sonner la liberté." Après cet appel, le Boss compte comme toujours, jusqu'à quatre, et lance son hymne à la résistance : "No retreat, no surrender". Pas de repli, pas de reddition. Il parlera plus tard d'un "Président illégitime et d'un gouvernement dévoyé", en détaillant plusieurs décisions récentes de l'administration Trump et en insistant sur ces mots : "Cela se passe maintenant en Amérique". Comme s'il avait encore du mal à y croire.
Les 60 000 spectateurs du stade, dont le toit est fermé pour l'occasion, approuvent bruyamment. Le rocker avait tenu le même discours, pratiquement au mot près, lors de son concert à Manchester, la semaine dernière. Ce qui lui avait valu de se faire traiter de "Pruneau desséché" et de "Connard" par le locataire de la Maison Blanche. Message reçu 5 sur 5 par le E Street Band et ses musiciens légendaires qui vont pouvoir montrer qu'ils ont du répondant, notamment Stevie Van Zandt, le guitariste, Max Weinberg, le batteur et Jake Clemons, toujours très applaudi, le neveu du saxophoniste Clarence Clemons, décédé en 2011.
Gilet noir boutonné sur une chemise blanche, Bruce Springsteen porte beau ses 75 ans. Et si sa voix rocailleuse semble, par moments, plus fragile qu'autrefois, l'énergie et la générosité sont toujours au top. Il offre à son public ce qu'il est venu chercher : une grande fête du rock'n'roll que l'on célèbre ensemble. En famille.
Quand le Boss reprend quelques-uns de ses plus grands standards, la planète Springsteen chavire : Badlands, The Promised Land, Rainmaker, Born to Run, Death to my Hometown, The River, Born in the USA, Bobby Jean, Dancing in the Dark... Certains morceaux s'étirent à l'envi, entrecoupés de solos de guitare ou de batteries époustouflants. Le Boss balance les bras de la droite vers la gauche et la foule le suit comme un seul homme.
Il s'approche de son public, reconnaît ses fans de la première heure, salue ces enfants sur les épaules de leurs parents, observe les cartons avec le titre d'une chanson qu'ils lui tendent et serre des mains, encore et encore, visiblement heureux. Sans jamais lâcher son discours offensif : l'Amérique de Trump n'est pas l'Amérique.
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