Mort de Jane Birkin : Jack Lang évoque une femme qui "savait être à la fois drôle et sensible, tragique et insouciante, émouvante et séductrice"
La chanteuse et actrice franco-britannique Jane Birkin est morte, ce dimanche, à l'âge de 76 ans. "Elle est devenue une sorte d'icône : quand elle parlait de liberté, elle nous touchait, elle ébranlait notre sensibilité, elle était capable de nous emmener loin", salue l'ancien ministre de la Culture, Jack Lang.
L'ancien ministre de la Culture Jack Lang salue dimanche 16 juillet sur franceinfo la mémoire d'une femme "fidèle à elle-même, authentique, simple, directe et sans chichi", alors que Jane Birkin est morte à l'âge de 76 ans. Il évoque une personnalité qui "savait être à la fois drôle et sensible, tragique et insouciante, émouvante et séductrice".
franceinfo : Jane Birkin avait une proximité particulière avec son public, comme si elle faisait partie de notre famille ?
Jack Lang : Elle appartenait pleinement - elle appartient je dirais, car je ne peux pas imaginer qu'elle a disparu - à notre paysage culturel, intellectuel, sentimental, presque quotidien. Quand on l'entendait, quand on la rencontrait, quand on évoquait avec elle un sujet ou un autre, elle était toujours fidèle à elle-même, authentique, simple, directe, sans chichi.
Jane Birkin a eu mille vies, que retenez-vous d'elle ?
J'aurais envie de parler de ce dont on ne parle pas beaucoup, le fait qu'elle a eu une vie avant la France. Elle a été en Angleterre une actrice, elle a été la muse du dramaturge anglais très célèbre en son temps, Noël Coward. Ensuite, elle a traversé la Manche et elle est devenue française, tout en restant délicieusement anglaise, avec cette manière de parler, cette voix délicate, cet accent doux, irrésistible, qui résonne en permanence encore aujourd'hui, par la musique et les paroles. Il y a sa vie théâtrale, que j'ai davantage suivie pour des raisons personnelles : elle a joué sous la direction de Patrice Chéreau à Nanterre, avec Josiane Balasko, ou bien encore dans "Les Troyennes" d'Euripide. Déjà là, elle était une et multiple.
De même au cinéma : elle était rieuse avec Pierre Richard, sensuelle et provocante avec Brigitte Bardot, audacieuse et lumineuse devant la caméra d'Agnès Varda. Elle savait être à la fois drôle et sensible, tragique et insouciante, émouvante et séductrice. Quels qu'aient été ses rôles ou ses engagements, elle était si douce, si modeste, si humaine. Chacun retiendra sa présence à la vie, à la société : quand on frappait à sa porte, elle répondait toujours présent. A quelqu'un dans la souffrance, un pays victime de l'injustice... C'est aussi lié à une raison familiale : son père était un grand résistant, il organisait depuis l'Angleterre le passage des combattants de la France Libre, de l'Angleterre vers la France et réciproquement. François Mitterrand lui disait qu'il lui avait sauvé la vie, comme il a sauvé la vie d'autres personnes.
Dans son livre "Munkey Diaries", son journal intime, elle évoque avoir été souvent prise de trac. Cela vous surprend-t-il ?
Elle était quand même profondément timide. Franchir un théâtre, être sur un plateau, c'est quand même une épreuve. Elle devait être morte de trac, mais elle n'est pas la seule. Ce n'est pas la célébrité qui vous protège du trac. C'est ce qui faisait aussi sa grâce, son étonnante et brillante intelligence, qui n'est pas liée à la prétention et au sentiment de supériorité. Elle est devenue une sorte d'icône : quand elle parlait de liberté, elle nous touchait, elle ébranlait notre sensibilité, elle était capable de nous emmener loin. C'était une femme unique par son talent, par sa voix délicate aux accents doux irrésistibles, une personne rare.
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