Les créateurs de mode noirs au centre d'un symposium et d'une exposition à New York
Y a-t-il une mode "noire" ? Pourquoi les créateurs et mannequins noirs sont-ils si peu nombreux ? Et doivent-ils utiliser leur talent pour marquer leur différence ? Ce sont les questions posées lors d'un symposium organisé à l'ouverture de la Semaine de la mode de New York, alimenté par une grande rétrospective sur la création noire organisée par le prestigieux Fashion Institute of Technology.
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Car au XXIe siècle, les créateurs de mode noirs célèbres restent rarissimes, représentant à peine 1% des créateurs suivis par VogueRunway.com, principal site dédié aux Semaines de la mode à travers le monde, explique Ariele Elia, co-commissaire de l'exposition du Fashion Institute of Technology de New York.
En 2011, la nomination du Français Olivier Rousteing, 26 ans, au poste de directeur artistique de Balmain avait fait sensation. Mais il reste encore aujourd'hui "l'exception qui confirme la règle", souligne Ariele Elia.
Michelle Obama a pourtant beaucoup contribué à faire connaître des créatrices noires, comme Cushnie et Ochs ou Laura Smalls. Si la publicité faite par l'ex-Première dame a permis à Cushnie et Ochs de trouver ses premiers investisseurs, explique Carly Cushnie, co-créatrice de la marque, les créatrices noires n'en continuent pas moins à briller par leur absence. Même si elle a "bon espoir que ça change" car "on n'a jamais autant parlé de ce problème".
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Ann Lowe, la première créatrice noire à percer, est morte dans l'oubli
Pourtant, aussi méconnus soient-ils, les créateurs et créatrices noirs ne manquent pas dans l'histoire américaine. C'est Ann Lowe, créatrice de plusieurs tenues pour Jackie Kennedy, dont sa robe de mariage en 1953, qui fut la première à percer aux Etats-Unis. Elle avait étudié la mode à New York mais, seule étudiante noire à l'époque, avait eu à subir le mépris de ses camarades. Obligée de facturer moins cher que ses concurrents, elle est morte dans l'oubli et la misère à 82 ans.Dès 1860, une autre Première dame, Mary Lincoln, faisait dessiner ses vêtements par une Noire : sa créatrice était une esclave, Elizabeth Keckly, qui était aussi sa confidente. Les créations d'Elizabeth Keckly étaient si appréciées par la haute société de Washington que ses riches clientes ont même fini par payer le prix de son affranchissement.
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Une création très hétérogène
Aujourd'hui, la création "noire" est très hétérogène : certains designers préfèrent ne pas évoquer une notion de "race" et créent des pièces inspirées de la haute couture française ou des tailleurs anglais, tandis que d'autres se plongent dans les racines du Sud américain ou des tribus africaines.D'autres encore font de leur travail une action militante, comme Kerby Jean-Raymond, designer new-yorkais pour la marque Pyer Moss. Le jeune homme a créé des vêtements qui s'inspirent de l'histoire d'Ota Benga, un Congolais exhibé dans une cage au zoo du Bronx en 1800, ou du mouvement Black Lives Matter, qui dénonce les violences policières contre les Noirs.
Le commerce en ligne devrait aider les petits créateurs
L'Américain Patrick Kelly, mort du sida en 1990, après avoir connu le succès à Paris dans les années 1980, avait embrassé le thème du racisme avec un humour aux parfums de polémique. Il offrait par exemple à ses clientes de la grande bourgeoisie des broches représentant des bébés noirs. Ou avait pris pour logo un "golliwog", poupée noire tirée de livres d'enfants du XIXe siècle et devenue symbole d'un racisme insidieux.Pour Alphonso McClendon, professeur de design et auteur d'un livre sur "La Mode et le jazz", la présence noire dans la création est néanmoins bien plus forte aujourd'hui qu'il n'y paraît, si "on tient compte de tous les Noirs qui travaillent dans la mode, pas seulement ceux qui ont leur propre maison". Et elle devrait encore se renforcer avec la montée du commerce en ligne, qui permettra de percer à de petits créateurs, même dépourvus de réseaux et dédaignés par les influents critiques de mode.
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