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Fashion Week : comment crée-t-on une mode ?

Peclers, Nelly Rodi, Carlin International
 Ces noms ne vous Ă©voquent peut-ĂȘtre rien. Ils sont pourtant Ă  l'origine de la mode d'aujourd'hui. Depuis les annĂ©es 1950, les bureaux de style vous Ă©tudient et chassent les tendances de demain. 

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Défilé de la maison Schiaparelli lors de la Fashion Week à Paris, le 6 juillet 2015. (HENDRIK BALLHAUSEN / DPA / AFP)
Défilé de la maison Schiaparelli lors de la Fashion Week à Paris, le 6 juillet 2015. (HENDRIK BALLHAUSEN / DPA / AFP)

Alors que les mannequins de la Fashion Week déambulent dans les rues de Paris depuis le 5 juillet, les bureaux de style préparent déjà les défilés de l'hiver 2017. Ils sont à l'origine des couleurs tendance, des matiÚres en vogue et des coupes qui envahissent les vitrines. Et conseillent les plus grandes marques, de Zara à Prada.

Bien avant les bobines de fil et les aiguilles, quelles sont les étapes de la création d'une mode ? Francetv info résume le processus en trois temps. 

1La chasse aux tendances

PremiĂšre Ă©tape : la recherche. Dans ces agences, des dĂ©partements sont consacrĂ©s à la prospective. "Une tendance ne naĂźt pas par hasard. C'est un processus d'expĂ©rience qui s'appuie sur des Ă©tudes sociologiques, des enquĂȘtes marketing et une inspiration crĂ©ative", explique GĂ©raldine Bouchot, directrice Ă©ditoriale des tendances et prospectives pour l'agence de conseil Carlin International.

DĂ©tecter les modes Ă©mergentes, filtrer les styles dans la rue
 Le travail de ces agences ne s'arrĂȘte pas aux frontiĂšres. Chez Peclers, un autre bureau de style, on va dĂ©nicher les goĂ»ts des consommateurs Ă  l'autre bout du monde. "On a une Ă©quipe qui revient tout juste de CorĂ©e. C'est un pays trĂšs en avance dans le secteur de la beautĂ©. Ils ont ramenĂ© des choses intĂ©ressantes", explique Elodie Jolivet, responsable marketing. Ces explorateurs de la mode puisent leur inspiration de multiples secteurs. Expositions, films, phĂ©nomĂšnes qui ont marquĂ© la sociĂ©tĂ© ou comportements vestimentaires des cĂ©lĂ©britĂ©s : face Ă  toutes ces influences, "il faut avoir l'intuition et l'esprit d'observation, savoir capter les Ă©mergences et les dĂ©velopper", selon Anna Arena, styliste de prĂȘt-Ă -porter fĂ©minin chez Carlin International. 

2Les cahiers d'inspiration

Pour exposer leurs trouvailles, les agences publient des cahiers de tendances. Ces "dictionnaires de la mode du futur" rassemblent des gammes de couleurs, des dessins de produits et diverses idĂ©es pour le court ou le long terme, ainsi que des portraits types de clients cibles. "On dĂ©finit par exemple des portraits de femmes, des cibles aspirationnelles comme la diva, la warrior, l'amazone
" dĂ©crypte Elodie Jolivet. DerriĂšre ces centaines de pages d'analyse dĂ©livrĂ©es aux marques plusieurs fois par an, stylistes, experts de la matiĂšre, photographes, designers textile, iconographes ou encore coloristes harmonisent leurs imaginations. Et les entreprises sont prĂȘtes Ă  mettre le prix. Les cahiers de l'agence Peclers valent entre 2 000 et 5 500 euros. 

Ces cahiers sont publiĂ©s gĂ©nĂ©ralement entre 18 et 24 mois Ă  l'avance, temps nĂ©cessaire pour la fabrication des produits. "Le souci, c'est que l'industrie de la mode a beaucoup changĂ©. Il y avait une collection par an, puis quatre, et bientĂŽt douze. Et les saisons ne sont pas les mĂȘmes partout dans le monde. Il faut donc s'adapter aux marchĂ©s", explique GĂ©raldine Bouchot. Autre difficultĂ© pour les bureaux de tendances : le phĂ©nomĂšne de la fast fashion. "Des clients comme Zara produisent trĂšs rapidement. En trois semaines, ils peuvent sortir une collection", observe Elodie Jolivet. Les bureaux doivent donc suivre le rythme et rĂ©actualiser bien plus souvent leurs propositions. 

3Des dessins aux défilés

Une fois le cahier entre les mains des marques, celles-ci laissent libre cours Ă  l'imagination de leurs stylistes. On retrouvera pourtant le mĂȘme imprimĂ©, la mĂȘme matiĂšre ou une couleur dominante dans diverses vitrines. "Dans les cahiers d'il y a presque deux ans, on avait mis le orange en avant. L'Ă©tĂ© dernier, ça a beaucoup marchĂ©. Cette annĂ©e, c'est le bleu indigo", raconte Anna Arena. La tendance Bisounours, dite "twee", Ă©tait Ă©galement conseillĂ©e dans les cahiers et a sĂ©duit de nombreux secteurs. On la retrouve dans les maillots ornĂ©s de cupcakes, dans les imprimĂ©s de petits chats ou encore dans les couleurs pastel des derniĂšres collections. Un exemple de pari rĂ©ussi. "On peut parler d'une tendance quand elle touche plusieurs zones gĂ©ographiques et plusieurs secteurs. Alors, ça valide un scĂ©nario que l'on avait dĂ©crit plus tĂŽt", raconte GĂ©raldine Bouchot. 

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