Salon du livre jeunesse de Montreuil : cinq choses à savoir sur l'édition 2025

La 41e édition du Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ) de Montreuil ouvre ses portes le 26 novembre. La manifestation s'envisage cette année sous le signe de l'altérite, de l'empathie et de la rencontre avec une "invitation à conjuguer l'art de l'autre", a annoncé Sylvie Vassallo, la directrice du salon, mardi 14 octobre. Deux mille "auteurs et autrices" sont attendus et 400 maisons d'édition participeront au salon. Avec 13,4% du marché du livre en 2024, la littérature jeunesse est le troisième secteur éditorial derrière la littérature générale et la bande dessinée/mangas. À quoi ressemblera cette nouvelle édition marquée par une forte présence internationale ? Voici cinq indices.

1 Une édition pour explorer "L'art de l'autre"

L'édition 2025 battra au rythme de l'altérité, comme l'indique sa thématique. "Cette idée de l'art de l'autre, explique la directrice du salon Sylvie Vassallo, est une façon de dire que l'on n'est pas seul. Et peut-être que l'autre, qui est à côté de nous, qui est différent, est quelqu'un avec qui l'on peut cheminer. En tout cas, c'est une promesse de rencontre qui est intéressante". "La littérature de jeunesse, poursuit-elle, n'est pas un monde à part, c'est une façon de parler avec les enfants du monde dans lequel ils vivent et de créer des imaginaires qui leur permettent de le comprendre", rappelle la directrice du SLPJ. "En ce moment, on est dans une société gonflée d'angoisses, d'inquiétudes, de guerres. On vit dans un monde difficilement soutenable". Pour faire écho à cette thématique, le SLPJ s'est tourné vers l'Institut national des jeunes aveugles-Louis Braille (INJA), dont les locaux ont accueilli la conférence de presse de l'événement. "Cela fait des années qu'e l'on travaille sur la question de l'accessibilité. Nous travaillons ainsi avec des structures qui permettent de rendre la littérature accessible aux enfants. Il se trouve que le braille a 200 ans. Pour nous, c'était comme une évidence", résume Sylvie Vassallo.

2 Une ouverture au monde

Le salon prend plus que jamais les couleurs d'une tour de Babel de la littérature jeunesse. Cette année, il sera "un véritable carrefour des cinq continents" avec "une grosse présence internationale d'auteurs, d'éditeurs", a souligné Sylvie Vassallo. "L'art de l'autre, ça nous porte vers l'autre, en dehors de nos frontières. On pourrait même dire qu'elles sont abolies", ajoute-t-elle. Six artistes sud-coréens participeront au SLPJ dans le cadre de l'anniversaire des 140 ans des relations diplomatiques entre la France et la Corée du Sud. À savoir : Min-Seok Ha, Hye-Eun Kim, Soyung Lee, Seoha Lim, Gee-eun Lee et Minu Kim (qui répondent à l'invitation de la section coréenne de l'Union internationale pour les livres de jeunesse, IBBY). L'autrice de webtoons, Whale, publiée par Kotoon, sera également présente sur le salon.

Par ailleurs, "pour la première fois", le SLPJ accueillera un stand collectif d'éditeurs venus du continent africain, à savoir du Bénin, du Cameroun, de la Côte d'Ivoire et de la Guinée (Akoma Mba Éditions, Bénin BD, Classiques Ivoiriens, Éburnie et Gandall Éditions). De même, le projet Images voyageuses, autour de la Méditerranée, mené en partenariat avec l'Institut français dans le cadre du programme Livres des deux rives (2024-2026) réunit dix artistes d'Algérie, d'Égypte, du Liban, du Maroc et de la Tunisie. Ils travailleront sur une exposition collective qui sera dévoilée au printemps 2026. Des délégations de professionnels, d'auteurs et d'éditeurs, originaires de plus d'une vingtaine de pays, seront présentes à Montreuil. Le SLPJ est associé à l'appel du monde du livre qui se mobilise pour les enfants de Gaza "où ils n'ont plus une vie d'enfants, beaucoup sont morts et d'autres vivent sans avenir". Le salon participera à cette action de solidarité "à travers des lectures et des présentations d'ouvrages".

3 Une agora pour les professionnels

La journée professionnelle du salon se tiendra le 1er décembre. Elle sera rythmée par une vingtaine de rencontres, débats et tables rondes. Le SLPJ est le lieu où les professionnels viennent "se ressourcer pour toute l'activité qu'ils mènent durant l'année", rappelle Sylvie Vassallo. Les premières conclusions des états généraux de la lecture lancés par les ministères de la Culture et de l'Éducation nationale seront dévoilées au salon. L'initiative a été lancée "pour identifier les freins à la lecture et repenser les dispositifs publics". On évoquera aussi à Montreuil le plan national de formation des inspecteurs de l'Éducation nationale. Des webinaires gratuits, sur inscription sur le site du salon, seront proposés en amont, notamment le 20 novembre : 45 rendez-vous en visioconférence sont organisés "pour mieux se repérer dans les nouveautés de l'édition jeunesse et bande dessinée". Le SLPJ accueille aussi le 27 novembre "Shoot the Book! Jeunesse", le marché d'adaptations littéraires qui réunira "une quarantaine d'éditeurs et une soixantaine de producteurs". En outre, la Société des grands projets s'est associée au SLPJ pour illustrer les quais des nouvelles gares du Grand Paris Express. Les 30 premières illustrations seront présentées le 28 novembre et un nouvel appel à candidatures pour les 32 nouvelles commandes sera lancé.

4 Un salon gratuit, ouvert à tous

"On a une attention à la pluralité des publics depuis toujours", souligne la responsable du salon de Montreuil. Elle est confortée par la gratuité instaurée pour célébrer la 40e édition. "On a constaté l'année dernière un bond de fréquentation lié à cette invitation à venir au salon gratuitement", indique Sylvie Vassallo. L'accessibilité, elle, se décline en plusieurs volets. Un guide en français simplifié (FALC) est disponible en ligne pour préparer sa visite et, sur place, des kits sensoriels, des fauteuils roulants et des flâneuses peuvent être empruntés. "Des boucles magnétiques, des lectures en LSF [langue des signes française] et des visites en audiodescription assurent également à tous les enfants et à leurs familles de profiter du programme". Depuis l'an dernier, le SLPJ accueille La Bulle, un espace qui propose "des livres adaptés (DYS, tactiles, audios, braille, LSF, gros caractères) et des animations". En 2025, la "mobibulle" débarque à Montreuil. Le mobilier nomade fait "venir la lecture au plus près des jeunes en situation de handicap, grâce à un espace de médiation mobile et multisensoriel (voix, image, toucher, écoute)". En matière de solidarité, le salon continue de s'employer à faciliter l'accès "à des enfants qui ne viendraient pas ou à des familles qui sont accompagnées par des acteurs de la solidarité" et leur offre la possibilité de s'offrir des livres grâce aux chèques Lire.

5 De nouvelles pépites et une Grande Ourse 2025

Les lauréats des Pépites du salon, le meilleur de la création jeunesse en 20 titres, seront annoncés le 26 novembre et fêtés le 30 novembre. "Un jury 100% enfants et ados (8-18 ans) désigne les lauréats dans chaque catégorie, tandis qu'un jury de critiques littéraires remet la prestigieuse Pépite d'or". Le nom de l'écrivain ou l'écrivaine qui succédera à Susie Morgenstern, Grande Ourse 2024, sera révélé le 6 novembre.