"Young adult", "Dark romance", "New adult" : littérature ou marketing ? Enquête au salon Livre Paris
"Young adult", "Dark romance", "New adult"… Nouvelles collections, nouveaux rayons dans les librairies. Quelle littérature se cache derrière ces nouveaux concepts, à qui ces livres s'adressent-ils ? S'agit –il vraiment de littérature ou de marketing ? Enquête sur ces nouveaux genres en littérature au salon Livre Paris.
/2021/12/14/61b8b9930f056_laurence-houot.png)
/2019/04/12/img_6106.jpg)
Sur la grande et prestigieuse "Scène littéraire", qui accueille traditionnellement les plus grands noms de la littérature contemporaine au Salon Livre Paris, on parle cette fois de la "Young littérature", ce genre, apparu au début des années 2000 dans le sillage de la saga "Harry Potter" signée J.K. Rowlings, qui ensorcela des centaines de milliers d'adolescents à la fin des années 90.
Les adolescents se mettent à lire massivement, et compulsivement. Il faut alors assouvir leurs appétits de lecture avec des ouvrages de la même veine, concoctés avec les mêmes ingrédients : suspense, fantastique, amours, rebondissements, épisodes … Viennent alors "Twilight", "Hunger Games" et d'autres, pour finalement donner naissance à un nouveau rayon dans les librairies, d'abord anglo-saxonnes, puis françaises. Au début des années 2010, des auteurs français viennent aussi rejoindre les rayons de cette littérature baptisée "Young adult", qui s'adresse donc, comme son nom l'indique, à un lectorat jeune, entre 13 et 16 ans.
/2019/04/12/img_6097.jpg)
Littérature de passage
Dans le public ce samedi au salon du livre, des jeunes adultes (surtout des filles d'ailleurs), mais aussi des curieux. Sur la scène, trois auteurs classés "young" : Victor Dixen "Phobos" (Robert Laffont), Stéphane Michaka "Cité 19" (Pocket Jeunesse) et Marie-Lorna Vaconsin "Le projet Starpoint" (La Belle Colère). Les trois auteurs tentent de définir le genre. "Les personnages ont l'âge des lecteurs", souligne Marie-Lorna Vaconsin, "C'est à cet âge que se produit le basculement vers un autre monde, qui est le monde adulte. Je ne choisis pas des personnages de cet âge pour plaire aux lecteurs", explique la jeune romancière, "mais parce que c'est un sujet qui m'intéresse depuis toujours. J'ai toujours rêvé de passer de l'autre côté du miroir", ajoute-t-elle./2019/04/12/img_6107.jpg)
"Une drogue"
Dans le public, Émilie et Mélanie, venues de Franche-Comté pour le Salon du Livre. "J'adore !", s'exclame Mélanie. "C'est une littérature qui ne se cantonne pas à un seul genre, on y trouve du fantastique, du réalisme, de la romance, et même des 'dystopies' … Et ce mélange des genres que j'aime bien !", explique-t-elle. "On est fans de "Phobos", le roman de Victor Dixen. Du coup on est aussi venues pour le voir, l'approcher, et aussi pour peut-être récolter quelques informations sur le prochain tome !", s'enflamme-t-elle."C'est un livre tellement addictif !", ajoute Mélanie. "Un suspense de malades ! Là, ce qu'il nous a fait à la fin du tome trois, c'est pas possible !", s'exclame-t-elle. Elles lisent d'autres genres, des biographies, confie Émilie, "mais c'est vrai que quand on a commencé à goûter à la 'Young Adult', ensuite, avec le reste, on a tendance à s'ennuyer. On cherche à retrouver l'état dans lequel ces livres nous ont plongées. C'est vrai, ça ressemble un peu à une drogue", conclut Mélanie.
/2019/04/12/img_6088.jpg)
Littérature ou marketing ?
Un peu plus loin, sur le stand Harper & Collins France et Harlequin, qui publient depuis longtemps ce genre de littérature , une longue file de lectrices attendent pour une dédicace. Ici, on connait bien son sujet. "Avec la 'Young adult', on va être plus sur quelque chose de 'soft', de 'sweat'", explique Sophie Lagriffol, éditrice. "Sur la 'New adult', on est sur un cahier des charges différent, avec des sujets plus ancrés dans le réel, avec des histoires d'amour plus intenses, plus engagées. L'action va se situer dans le monde professionnel ou à l'université. Et la grosse différence, c'est le sexe, qui va être beaucoup plus présent", souligne l'éditrice./2019/04/12/img_6092.jpg)
/2019/04/12/img_6093.jpg)
"Des livres qui peuvent faire réfléchir"
Sur le stand de Robert Laffont, qui a lancé en 2012 sa collection R, Magdalena, 26 ans, blogueuse, défend la littérature "Young adult". "Cela correspond à une niche, qui exprime une forte demande", souligne la jeune femme, "mais aujourd'hui on trouve vraiment de tout, des livres de pur divertissement, mais aussi des romans qui abordent des questions de société, et qui peuvent faire réfléchir. Par exemple, "A la place du cœur" (Robert Laffont, collection R) d'Arnaud Cathrine, est un roman qui raconte la naissance d'un premier amour à la veille de l'attentat à Charlie Hebdo. Mais il y en a plein d'autres, dans lesquels sont abordés toutes sortes de thématiques comme la maladie mentale, ou le harcèlement scolaire… Des thèmes qui peuvent accompagner les adolescents dans leur construction", insiste Magdalena./2019/04/12/img_6102.jpg)
"Rendre commercial ce qui ne l'est pas"
"Par exemple, Stéphane Michaka qui écrivait pour les adultes a eu envie d'écrire pour la jeunesse. Il a fallu convaincre les libraires pour qu'ils défendent ce roman pour la jeunesse, qui se déroule dans le Paris haussmannien du XIXe, et qui ne transige pas sur la langue, sur l'écriture. C'est aussi l'avantage de publier des livres en français, c'est de ne pas transiger sur la langue. Et nous, notre objectif, c'est de rendre commercial ce qui ne l'est pas. D'ailleurs Stéphane Michaka répète que son but est aussi de donner envie aux ados de lire les grands auteurs du XIXe siècle !"./2019/04/12/img_6114.jpg)
À regarder
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ours : ils attaquent même dans les villes
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
-
Accord Hamas-Israël, la joie et l’espoir
-
"Qu’on rende universelle l'abolition de la peine de mort !"
-
Guerre à Gaza : Donald Trump annonce qu'Israël et le Hamas ont accepté la première phase de son plan
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter