Premier roman, premier salon : Edouard Louis aurait "préféré sans les caméras"
Tout le monde a entendu parler d'Edouard Louis. Ce jeune écrivain de 21 ans a publié en janvier aux éditions du Seuil "En finir avec Eddy Bellegueule", le récit du martyre d'un enfant dans un milieu qui le rejette parce qu'il est homosexuel. Roman autobiographique qui a rencontré un grand succès public et qui a créé, aussi, une certaine agitation dans la presse.
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Du monde ce dimanche après-midi autour d'Edouard Louis, en dédicaces au Salon du Livre avec son premier roman "En finir avec Eddy Bellegueule". Pas l'émeute, comme on aurait pu s'y attendre, mais des caméras et des journalistes, et surtout de nombreux lecteurs pressés de rencontrer l'auteur de ce livre qui les a bouleversés, disent-ils.
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"Je vous ai vu à la Grande Librairie et ça m'a donné envie de lire votre livre", continue la lectrice. "J'avais un trac fou pourtant", répond Edouard Louis, en rédigeant sa dédicace. "J'espère que vous continuerez à écrire des romans. Un peu moins autobiographiques peut-être !" conclut la jeune femme, qui demande si elle peut faire une petite photo avec le romancier. Il se livre à l'exercice même s'il murmure qu'il n'aime pas tellement ça, "Quand même, j'aime mieux avec vous qu'avec les journalistes!", lance-t-il avant de poser avec la jeune femme devant l'objectif de l'appareil photo confié au gardien chargé de veiller au bon déroulement de la dédicace.
Les caméras rôdent, les micros écoutent
Une journaliste de télé s'agace "Il ne veut pas répondre aux interviews. Il exagère quand même ! Il est marrant lui, il a écrit un bouquin. Il a du succès. Il pourrait répondre aux questions. C'est le jeu après tout ! ". Edouard Louis en parle avec ses lecteurs, de tous ces articles qui l'ont blessé. "Des mauvais articles, de mauvais journalistes, des journalistes qui ne s'intéressent pas à la littérature mais qui veulent faire du scandale", dit-il.
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Alors il ne parle plus aux caméras, qui restent à distance, pendant que les fans se succèdent. Tous ont adoré le livre. "Je lui ai dit qu'il m'avait offert ma plus belle matinée depuis plusieurs années!", déclare Jacqueline, qui vient de faire dédicacer son exemplaire. "Et pourtant je passe mon temps à lire. C'est un livre formidable, qui m'a touchée parce qu'il combat toutes les formes de discrimination, pas seulement l'homophobie. Il aurait pu rester dans son rôle de prolo contre les bourgeois, ou au contraire de petit bourgeois contre les prolos, ou homos conre hétéros, mais il unifie tout ça. Avec son livre il dénonce toutes les formes de mise à l'écart", ajoute Jacqueline.
Un peu plus tard, un homme s'approche, "En finir avec Eddy Bellegueule, c'est quoi?", lance-t-il. "C'est un appel à la révolte. Un pavé", répond Edouard Louis. Hélène, une étudiante de 21 ans, arrive avec sa pile de livres. "Je fais dédicacer pour les autres…", dit-elle. A Edouard Louis elle confie avoir été très touchée. Originaire de Picardie, comme lui, elle reconnait ce qu'il décrit. "C'est pas du tout exagéré, et c'est bien de l'écrire, parce qu'on nous bassine avec les droits des uns et des autres mais dans la vie, ils sont bafoués sans arrêt, sans qu'on le voit. Et je trouve que c'est bien d'avoir écrit un roman pour parler de ça. Si ça avait été un essai, je l'aurais lu moins facilement. Ca aurait pas touché le même public."
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Derrière elle Edouard Louis continue à signer. Devant lui une assiette. "Un petit Mars?" propose-t-il au jeune homme silencieux qui attend sa dédicace. L'ambiance est festive sur le stand du Seuil. On propose du champagne au jeune écrivain. "Non merci, je préfère l'eau", répond poliment le jeune écrivain.
Une jeune fille s'approche. "Je voulais vous demander, c'est vraiment autobiographique?" Edouard Louis sourit. "Mais par exemple la scène du molard, c'est vraiment arrivé?", insiste la jeune fille. "Oui". Edouard Louis continue à sourire. Un sourire triste. Il y a du "Hélas" dans son regard. Il y a de l'embarras aussi dans le geste qu'il fait avec ses longs bras. Comme s'il s'excusait d'avoir jeté à ses lecteurs toute cette violence. Il se reprend, se cache derrière les autres : "Claude Simon disait qu'il n'avait aucune imagination, et que donc il écrivait sur lui-même. Je me reconnais dans cette citation", dit-il.
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