L'écrivain américain et pionnier de la littérature LGBT+ Edmund White est mort à l'âge de 85 ans

L'auteur a notamment reçu le National Book Critics Circle Award en 1994 pour sa biographie de Jean Genet et le prix littéraire Michel d’Ornano à Deauville en 2000 pour l'ensemble de son œuvre.

France Télévisions - Rédaction Culture
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L'écrivain américain Edmund White pose pour une photo le 3 septembre 2000 à Deauville, en France, (FRED TANNEAU / AFP)
L'écrivain américain Edmund White pose pour une photo le 3 septembre 2000 à Deauville, en France, (FRED TANNEAU / AFP)

Le romancier américain Edmund White, figure de proue de la littérature LGBT+, est mort le 3 juin 2025 à l'âge de 85 ans, a annoncé mercredi son agent. "Malheureusement, je peux confirmer qu'Ed (Edmund White) est mort la nuit dernière dans sa maison de New York de causes naturelles", a déclaré son agent Bill Clegg dans un courriel à l’AFP.

Né le 13 janvier 1940 à Cincinnati (Ohio), Edmund White laisse derrière lui une œuvre monumentale : des dizaines de romans, des nouvelles, des essais, des articles et des biographies. Dès ses premiers livres et jusqu'à son dernier mémoire paru en janvier aux Etats-Unis, The Loves of My Life, il raconte les années 1950 où être homosexuel est une maladie mentale jusqu'aux années Sida qui déciment toute une génération.

Un pionnier de la littérature queer

Adoubé dès son premier roman, Oublier Elena (Forgetting Elena, 1973), il impose une voix singulière. Suivront notamment Nocturnes pour le roi de Naples (1978), L’Homme marié (2000) et l’incontournable The Joy of Gay Sex (1977), coécrit avec Charles Silverstein, un ouvrage explicite, illustré, devenu une référence de la culture LGBT+ outre-Atlantique.

Installé à Paris durant près de quinze ans dans les années 1980-1990, White s’illustre aussi comme biographe avec des livres consacrés à Jean Genet (une œuvre de référence qui lui vaudra un prix), Marcel Proust et Arthur Rimbaud. Ses succès littéraires lui ouvrent les portes d’universités prestigieuses comme Princeton, où il enseigne l’écriture créative et la littérature homosexuelle.

Le témoin d'une époque

Mais c’est sans doute sa trilogie autobiographique (Un jeune Américain (1982), La Tendresse sur la peau (1988) et La Symphonie des adieux (1997) ) qui cristallise son rôle de pionnier de la littérature queer. Il y explore l’éveil au désir, la construction de l’identité, et la perte liée à l’épidémie du sida, avec une intensité mêlant lucidité historique, sensualité et mélancolie.

Fasciné par la thématique de l'aveu - il confesse des milliers de partenaires - il se montre à l'inverse pudique dans la vie : "Autant j'aime écrire avec la plus grande crudité et la plus grande franchise", déclare-t-il en 2006 au Monde, "autant je déteste afficher mon intimité en public".

Diagnostiqué séropositif en 1985, White n’a jamais cessé d’écrire ni de témoigner. En 1981, il participe à la fondation du Gay Men’s Health Crisis, l’une des premières organisations américaines de lutte contre le VIH. Malgré deux AVC et une crise cardiaque dans les années 2010, il poursuit son œuvre. Il était marié depuis 2013 à l’écrivain Michael Carroll.

Son dernier livre, The Loves of My Life: A Sex Memoir, publié à l’âge de 85 ans, revient avec tendresse, humour et honnêteté sur ses amours et sa vie sexuelle, dessinant aussi une fresque vibrante de la culture gay de l’Amérique des années 1950 à aujourd’hui.

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La nouvelle de sa disparition a suscité une vague d’hommages. L’écrivaine américaine Joyce Carol Oates a salué "une polyvalence étonnante dans le style, des sujets audacieux et novateurs, un humour noir, un ami pour tant de personnes depuis des décennies." De son côté, le romancier français Édouard Louis a écrit sur Instagram : "C’est une bien triste nouvelle. Un ami incroyable. Loyal, généreux, beau, attentionné. Il a toujours soutenu et encouragé comme personne les jeunes écrivains."

Pour saluer son héritage, le prix littéraire LGBT américain porte désormais son nom : le Edmund White Award. Grâce à lui, une génération entière d’écrivains queer, de Garth Greenwell à Ocean Vuong, a trouvé une langue, une voie, un espoir.

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