"Nos années... Foulquier" de Maryz Bessaguet : tout pour la chanson ou les folies douces de Jean-Louis Foulquier
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Il aura tout fait, Jean-Louis Foulquier, acteur, chanteur, peintre, voleur et même taulard (quelques jours...). Mais il fut surtout homme de radio. Une voix, une passion immodérée pour la chanson et un style, une gueule de marin ou de boxeur. Un ouvrage en hommage à celui que Claude Nougaro appelait "Le patrouilleur d'étoiles".
Le livre de Maryz Bessaguet s'appelle Nos années... Foulquier et non Les Années Foulquier. La raison est simple, l'hommage est celui de ceux qui l'ont côtoyé, aimé, ceux pour qui ses émissions de radio, son festival ont changé la vie. Ce n'est pas une biographie, c'est un hommage, un recueil d'amitié.
Un exemple parmi cent, Michel Jonasz : "J'avais sorti un disque en 1992, qui s'appelait Où est passée la source ? Cette chanson faisait 7 minutes et demie, donc j'étais persuadé que personne ne l'entendrait jamais à la radio. Et qui l'a passée, en entier ? Jean-Louis ! Il était l'un des pionniers qui ont voulu défendre la chanson française, celle des textes, de la poésie." Cette force d'oser contre vents et marées, de dénicher avant les autres ceux qui seront en haut de l'affiche et d'enfiler les gants et se battre pour les artistes, c'est l'héritage de Foulquier à lire dans Nos années... Foulquier", aux éditions La Geste.
Coûte que coûte, la chanson
C'est l'histoire d'un gamin né en pleine guerre et dans la ville de La Rochelle. Nous sommes en 1943, sa mère meurt, il a 4 ans et son père est du genre absent. Il s'ensuit une jeunesse agitée. "Adolescent, il désespère plus d'un proviseur, écume plus d'un lycée… Les règles qu'imposent l'école et les conventions bourgeoises rochelaises le hérissent", écrit l'autrice. Vient très vite son goût pour la chanson et les fugues pour aller écouter Léo Ferré.
Élevé par Germaine, secrétaire au journal Sud Ouest, elle dira de lui : "Ça l'a pris vers l'âge de 13/14 ans cette folie : vouloir être chanteur, au départ, c'était ça : être chanteur. C'est très bien mon petit bonhomme, mais d'abord, tu passes ton bac et après, on verra." C'est l'époque où "Passe ton bac d'abord" était encore un conseil. Mais il file à Montmartre, rencontre Bernard Dimey et ses universités, Foulquier ira les faire à la radio. Ses mandarins seront Brassens, Ferré et Barbara et ses amphis, les studios de France Inter.
Des hommages
Au fil des 175 pages, la playlist des témoignages s'étoffe. Entre magnifiques photos noir et blanc et récit de rencontres, nous croisons : Diam's et Jeanne Moreau, Léo Ferré et Alain Souchon, les fidèles Bernard Lavilliers et Tryo, les discrets Francis Cabrel et Jean-Jacques Goldman, les Chedid et les Higelin. Ce serait plus une bande qu'une famille, c'est une tribu. Tous ceux qui sont passés sur la scène de son festival ou devant son micro se souviennent de son tact, de ses silences et de son amour de leurs chansons.
Jean-Jacques Goldman, économe en parole dit de lui : "Bizarrement, quand il vous recevait, lui, ce "Monsieur" de la radio, détenteur du pouvoir de vous mettre en lumière ou de vous faire taire, vous, chanteur inconnu, fragile, impressionné, c'est lui qui se glissait en dessous, lui, qui vous regardait respectueusement, lui, qui devenait un petit garçon intimidé."
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Ils sont tous venus à son micro dans "Pollen", comme ils viendront, et reviendront plus tard, tous à son festival, les Francos de La Rochelle. Dans l'ouvrage, la plus belle comparaison est sûrement dans les mots de la chanteuse Juliette : "Pour moi, c'était un rêve "passer chez Foulquier"… Être reconnu par Foulquier, c'était dans la carrière d'un chanteur comme un jour faire l'Olympia". Comparer le bonhomme à la mythique salle de concert, c'est revenir aux grandes années de la chanson.
Les Francos de La Rochelle
Pour que son rôle de passeur de la chanson ne se résume pas aux studios de France Inter, il lui faut un théâtre grandeur nature. En 1984, rappelle Maryz Bessaguet, il investit la place de la Concorde, à Paris. Lavilliers est le maître de cérémonie, il convie entre autres Ivry Gitlis, Les Étoiles, Karim Kacel, Zachary Richard, des groupes africains, brésiliens. "On avait fait le pari de chanter jusqu'à ce que le jour se lève, le plus grand bal du monde sur la plus belle place du monde", disait-il. "La fête est le privilège des fous" est le joli titre du chapitre dédié au festival des Francos.
Car ensuite, c'est le retour à la ville natale et l'invention des Francofolies de La Rochelle sur une esplanade donnant sur l'océan. "Il voulait casser les murs, ouvrir les fenêtres et mettre la radio sur des scènes, dans des théâtres, en mouvement, la décloisonner et la rendre spectaculaire… et c'est ce qu'il va faire", se souvient Didier Varrot qui a participé à l'aventure "Francos".
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C'est encore Germaine, sa mère adoptive qui résume le mieux l'affaire : "Ça, c'est son rêve d'adolescent. Il disait : 'Un jour, je ferai un spectacle aux pieds des 2 tours'." De 1985 à juillet 2004, des milliers de spectateurs se précipiteront entre les deux tours du port de La Rochelle, sur le Saint Jean D'Acre, pour écouter, vibrer et chanter en communion. Jean-Louis Foulquier résumait son aventure festivalière de cette manière : "Ce que je voulais, c'est que tout le monde se retrouve pendant une semaine, se côtoie et que le public ne soit pas cantonné à un seul style… quand tu vas chez les gens et que tu regardes dans leur discothèque, l'éventail est large. J'ai reproduit ici, à La Rochelle, l'éventail d'une discothèque… avec la volonté d'abattre les barrières…"
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"Nos années... Foulquier" de Maryz Bessaguet en collaboration avec Liliane Roudière
Éditions La Geste. 178 pages, 35 euros
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