Anne Pingeot explique pourquoi elle a accepté de publier les lettres de François Mitterrand
Tout a commencé à cause d'un jour de pluie. Pour la première fois, Anne Pingeot, la compagne clandestine de François Mitterrand durant 33 ans, s'exprime alors que vient de paraître la correspondance que l'ancien président a entretenue avec elle.
/2019/04/12/maxpeopleworld323345.jpg)
"Je n'avais que quatorze ans. Cela m'a laissé une impression... ineffaçable"
Un jour de pluie des années 1950, le père d'Anne invite des amis dans leur maison de villégiature. Il s'agit d'André Rousselet et François Mitterrand. Anne Pingeot a seulement 14 ans. François Mitterrand en a 41. Le père d'Anne a un an de plus que François Mitterrand, mais qu'importe. "Je n'avais que quatorze ans. Cela m'a laissé une impression... ineffaçable."Anne Pingeot se souvient et chavire. "C'est trop... de se souvenir de ce visage..." Une passion était née, qui se concrétisera cinq ans plus tard, toujours à Hossegor. La première lettre de François Mitterrand, encore amoureux timide, date d'octobre 1962. "Je ne sais pas si j'ai bien fait" de laisser publier les lettres d'amour de François Mitterrand et son Journal, confie Anne Pingeot, qui dit s'être finalement laissé convaincre par Jean-Noël Jeanneney lui-même.
"A la fois une épreuve et une façon assez étonnante de revivre toute ma vie"
Pour l'historien (membre de l'Institut François-Mitterrand), la publication de cette correspondance si intime et du "Journal pour Anne" s'imposait car elle apporte "une meilleure compréhension d'un des personnages majeurs de notre histoire nationale au XXe siècle". Anne Pingeot a rouvert "une correspondance qui a commencé il y a plus d'un demi-siècle". "Et puis je l'ai transcrite, ce qui était à la fois une épreuve et une façon assez étonnante de revivre toute ma vie.""Les "Lettres à Anne, 1962-1995" (Gallimard) rassemblent les plus de 1.200 lettres adressées par l'ancien chef de l'État à Anne Pingeot de 1962 jusqu'à quasiment la mort de François Mitterrand (la dernière lettre est datée du 22 septembre 1995).
Après avoir longtemps hésité, elle avoue aussi qu'elle tenait à que ces lettres soient publiées de son vivant. "J'ai 73 ans, je mets en ordre", dit-elle. "C'est la crainte que ça ne soit pas fait correctement. Donc, ça, c'était aussi un motif de publication. Les lettres ont été publiées avec l'accord des héritiers. Les deux fils de François Mitterrand ainsi que Mazarine Pingeot ont signé avec Gallimard un contrat "autorisant la publication" des lettres. Les trois enfants se partageront les droits, précise le JDD.
"Ce côté de soumission a fait que j'ai accepté au fond l'inacceptable"
Comment avoir supporté de rester dans l'ombre tant d'années ? Descendante d'un des six maréchaux de France de la Grande Guerre, Anne Pingeot rappelle le poids des traditions dans les familles de la grande bourgeoisie française. "C'était la province, très réactionnaire, de droite, pas évoluée et j'ai eu une formation dans ce sens", raconte-t-elle. "Je crois que ça a compté beaucoup parce que, on comprenait très bien cette trame de devoir..."Rappelant les rares discussions autorisées à table avec sa famille quand elle était jeune fille, elle souligne: "Que n'ai-je entendu, par exemple, sur la vision de la femme... la femme est quelqu'un qui doit être soumis, qui ne doit avoir aucune vie intellectuelle."
"Ce côté de soumission a fait que j'ai accepté au fond l'inacceptable", souligne-t-elle François Mitterrand était marié et père de famille au moment de leur rencontre. Jamais il n'envisagera le divorce d'avec Danielle Gouze pour s'installer avec Anne Pingeot.
Ce n'est qu'en novembre 1994 que les Français découvrent la liaison entre François Mitterrand et Anne Pingeot lorsque Paris Match publie des photos du président avec leur fille Mazarine, née en 1974. La très discrète Anne Pingeot apparaîtra quant à elle pour la première fois en public le jour des obsèques de François Mitterrand (en janvier 1996) au côté de la veuve officielle, décédée en 2011.
À regarder
-
Le Royaume-Uni veut créer une carte d'identité numérique
-
Drones, navires fantômes : l’avertissement de V.Poutine
-
Où en sont les tests salivaires pour détecter l'endométriose ?
-
"On ne peut pas être Premier ministre lorsque les conditions ne sont pas remplies", assure Sébastien Lecornu
-
En Namibie, le célèbre parc d'Etosha dévasté par les flammes
-
Une "Punk à sein" pour Octobre rose
-
La pilule face aux tendances TikTok de la "contraception naturelle"
-
Nouveau gouvernement : des reconductions et des retours
-
Qui sont "les guetteuses", ces femmes en première ligne lors de l'attaque du 7 octobre ?
-
Des satellites pour protéger les hérissons, en voie d'extinction
-
Animaux de compagnie : des crèches pour chiens
-
Toilettes : toujours plus innovantes
-
Tempête Amy : deux morts dans les intempéries
-
Guerre à Gaza : le Hamas se dit prêt à libérer les otages
-
Le premier distributeur de frites belges
-
Boucheries, la nouvelle cible des voleurs
-
Deux morts dans une fusillade à Nice
-
Apnée du sommeil : quels risques pour la santé
-
Nouveau gouvernement : le coup de poker de S. Lecornu
-
"Food express", l'expo sur les wagons-bar
-
Ce lycée a un cours unique en France
-
Plus de 49.3, ça veut dire quoi ?
-
Dorothée : le retour gagnant de l'idole des jeunes
-
Mairie de Paris : la guerre des notes de frais
-
Conflit Israël-Palestine : "Une confédération permettra de parvenir à une solution à deux Etats"
-
Des règles plus strictes pour les virements bancaires
-
Le plastique a-t-il vraiment disparu des cantines ?
-
Loto : il oublie de réclamer ses 15 millions d'euros
-
La police de l’immigration au Superbowl de Bad Bunny ?
-
Pizza au matcha : tu valides ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter