L'incitation à la violence ne fera plus rire Facebook
Si le réseau social censurait systématiquement la nudité, il était très tolérant envers les contenus haineux et sexistes. Mais une campagne lancée par des associations féministes a changé la donne.
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Les seins nus, c’est mal. Une femme brutalisée, ce n'est pas si grave. Jusqu'ici, quand on évoquait la question du sexisme et de la violence dans les contenus publiés sur Facebook, le réseau social faisait l'autruche. Mardi 28 mai, un communiqué de Marne Levine, la vice-présidente chargée de la politique publique du réseau, a promis le changement. Facebook devrait ainsi agir "plus efficacement contre les groupes, pages et images qui encouragent le viol ou la violence contre les femmes". Cette décision est l'aboutissement d'une semaine de mobilisation menée par des associations de défense des droits des femmes et de nombreux internautes.
Francetv info revient sur cette campagne qui devrait changer la politique de modération de Facebook.
Pourquoi cette mobilisation contre Facebook ?
Avez-vous déjà vu la photo d'une femme sans vie gisant sur le sol en bas d'un escalier avec la légende "La prochaine fois, ne tombe pas enceinte" ? Des photos de femmes battues, ensanglantées, couvertes de bleus, droguées ou ligotées, accompagnées de légendes violentes, sont légion sur Facebook.
D'après les standards de sa communauté, Facebook ne permet pas "l’attaque d’individus ou de groupes sur la base de leur race, ethnicité, origine nationale, religion, sexe, orientation sexuelle, handicap ou état de santé". De même, le site "n’accepte pas les discours incitant à la haine, mais distingue cependant le sérieux de l’humour".
Les mêmes termes et conditions permettent à l'internaute de signaler les contenus inappropriés aux modérateurs. Cependant, si les photos de seins nus - même dans une campagne pour le dépistage du cancer ou dans des représentations artistiques - sont régulièrement censurées par Facebook en tant que "produits pornographiques", il n'en est pas de même pour les images de violences infligées aux femmes.
Quand l'association Ending Violence a voulu faire supprimer la photo d'une femme bâillonnée accompagnée de la légende "Ne mets pas de préservatif, mais bâillonne-la et viole-la", sa demande a été refusée par Facebook au prétexte "qu’elle ne viol[ait] pas les standards de la communauté sur le discours incitant à la haine".
According to @facebook "Tape her and rape her" doesn't violate their Community Standards. #fbrape #vaw twitter.com/EndingViolence…
— BWSS (@EndingViolence) 26 mai 2013
Qui s'est mobilisé ?
La semaine dernière, des associations de défense des droits des femmes - The Everyday Sexism Project, Women, Action & The Media et l’activiste Soraya Chemaly - sont montées au créneau, multipliant leurs actions à l'égard de la modération de Facebook.
Une pétition, adressée à la numéro 2 de Facebook, Sheryl Sandberg, a été lancée sur le site Change.org, alors que l'association Women, Action & The Media a publié une lettre ouverte à Facebook.
La lettre, signée par nombre d'autres associations et individus, réclame que Facebook "reconnaisse comme un discours incitant à la haine les propos qui banalisent ou célèbrent la violence infligée aux filles et aux femmes”, qu'il forme "le personnel de modération à reconnaître et à retirer les discours incitant à la haine sexiste" et qu'il sensibilise ses salariés "au fait que le harcèlement en ligne affecte différemment les femmes et les hommes, en partie en raison de la pandémie de violence infligée aux femmes dans le monde réel".
Les associations ont également lancé un appel au boycott des marques présentes en marge des pages exposant des femmes à la violence. Des entreprises comme British Airways, Pringles ou Dove (en anglais) ont vite été épinglées par les internautes avec le mot-dièse #fbrape.
Quel est le résultat de cette campagne ?
Une dizaine de sociétés, dont Nissan, Finnair et American Express, ont réagi favorablement à la campagne. Certaines, comme Nissan, ont même annoncé le retrait de leurs annonces sur Facebook (lien en anglais).
Si le réseau social a tenu pendant une semaine face à la pression directe des internautes (5 000 courriels ont été envoyés à Facebook et plus de 60 000 messages postés sur Twitter), le retrait des annonceurs a vite provoqué sa réaction.
Facebook s'est excusé dans un communiqué officiel : "Dans certains cas, le contenu n'est pas retiré aussi rapidement que nous le souhaitons. Dans d'autres cas, le contenu qui aurait dû être retiré ne l'a pas été ou a été évalué selon des critères obsolètes." Le réseau social assure également qu'il "complétera son analyse et actualisera ses lignes directrices" sur les propos haineux, en s’appuyant sur les conseils d'experts juridiques et d'organisations de défense des droits des femmes. Les modérateurs devraient être prochainement formés à la détection des contenus à caractère misogyne.
Le groupe a également annoncé, jeudi 30 mai, l'obligation d'afficher l'administrateur sur les pages publiant des propos ou des blagues sexistes ou offensants. Sheryl Sandberg a expliqué que, en ce qui concerne le type d'humour très cru visant les femmes ou tout autre groupe, Facebook "ne laissera plus de telles pages anonymes", rapporte L'Express.
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