"Aujourd’hui, on a l’impression de revenir sur les termes d’un contrat" : pourquoi le télétravail est un point de crispation chez Ubisoft

Une journée de concertation est organisée mercredi par la direction du géant français du jeu vidéo, afin de s'accorder avec les syndicats sur l'agenda social 2025, après plusieurs journées de grève.

Article rédigé par franceinfo
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Le siège d'Ubisoft à Montpellier, février 2024. (PASCAL GUYOT / AFP)
Le siège d'Ubisoft à Montpellier, février 2024. (PASCAL GUYOT / AFP)

Revendication unanime des syndicats : que la direction d'Ubisoft n'oblige pas les salariés à revenir au moins trois jours par semaine en présentiel, d'autant que le télétravail était en quelque sorte devenu la règle depuis la crise sanitaire.

Après plusieurs grèves, le géant du jeu vidéo français tient une "concertation sociale", mercredi 22 janvier et veut "apaiser" les tensions en réunissant syndicats et représentants du personnel. L'éditeur français souhaite "établir (son) plan de travail 2025 sur les questions sociales" et "permettre à l'entreprise de retrouver sa sérénité", a-t-il indiqué au moment de l'annonce de cette rencontre en décembre. 

"Des gens recrutés explicitement en télétravail"

Des réunions avec des représentants du personnel auront lieu dans ses différents studios français, notamment à Paris, Montpellier et Annecy, tandis que les délégués syndicaux seront reçus au siège d'Ubisoft, en banlieue parisienne. En 2024, Ubisoft a fait face à plusieurs mouvements de grève, notamment en février et en octobre, portant sur les conditions de rémunération et de télétravail.  "J'ai l'exemple d’un camarade à qui le service RH a dit, 'avec ton salaire, c’est mieux de vivre loin de Paris et de ne revenir que quelques jours par mois'", explique Pierre-Étienne Marx, délégué du Syndicat National des Travailleurs du jeu vidéo (STJV).

"Ce sont des gens qui ont fait ça en confiance, poursuit le syndicaliste. On a des gens qu’on a recruté explicitement en télétravail. Aujourd’hui, on a l’impression de revenir sur les termes d’un contrat", dénonce Pierre-Étienne Marx. Au point, selon le syndicat, que 200 des 800 salariés du studio parisien d'Ubisoft se disent prêts à quitter l'entreprise en cas de retour imposé au présentiel.

Une vente à la découpe serait "tragique"

Dans la tourmente sur les marchés financiers après plusieurs jeux aux ventes décevantes et le report du nouvel épisode de son jeu phare Assassin's Creed, Ubisoft a indiqué début janvier réfléchir à plusieurs options "stratégiques et capitalistiques" pour son avenir, alors que des rumeurs de rachat par le groupe chinois Tencent et de sortie de Bourse se font de plus en plus insistantes.

"On peut dire que ça a dépassé le stade de la rumeur aujourd’hui, affirme Pierre-Étienne Marx. S’il s’agit d’une forme de vente à la découpe plus ou moins déguisée, ce serait absolument tragique”. Le groupe, qui comptait fin septembre 18 666 salariés dans le monde, a lancé il y a près de deux ans un plan d'économies au niveau mondial menant au départ de près de 2 000 salariés, via des départs non remplacés et des licenciements. 

Le sujet ne devrait pas toutefois être abordé mercredi, la direction expliquant vouloir initier un travail en commun avec les syndicats sur les modalités du dialogue social pour "permettre à l'entreprise de retrouver sa sérénité", a-t-elle indiqué au moment de l'annonce de cette rencontre en décembre. Des réunions avec des représentants du personnel auront lieu dans ses différents studios français, notamment à Paris, Montpellier et Annecy, tandis que les délégués syndicaux seront reçus au siège d'Ubisoft, en banlieue parisienne. 

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