Festival d'Avignon 2024 : 34 degrés à l'ombre, la fraîcheur des théâtres permet de trouver l'ivresse
Quelque 1 700 pièces en trois semaines, c'est la liesse, une offre théâtrale mondiale concentrée dans la Cité des papes, le paradis des dramaturges et des amateurs.
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Fondé par Jean Vilar en 1948 sur la suggestion des marchands d'art Yvonne et Christian Zervos, le Festival d'Avignon est le plus ancien et le plus célèbre festival de France, avec Cannes (1939). Et d'ailleurs, les deux sont des marathons dans leur domaine, avec une renommée mondiale unique.
La création au milieu des années 1960 du festival Off d'Avignon n'a fait qu'accroître l'offre et l'enthousiasme pour le théâtre – cette année, 1 683 spectacles à l'affiche du Off, proposés par plus de 1 316 compagnies – qui s'est irrigué partout dans la vieille ville comme dans sa proche périphérie, en tout sur plus de 141 lieux.
In et Off confondus, la magie est-elle toujours présente ? Les Cassandre et les Amphitryon se partagent le terrain. Et en 2024 ?
Ville organique
La ville est magique. Avec ses remparts du XIIIe siècle, presque intacts, la cité protège ses secrets bien gardés. Un plan urbanistique médiéval "organique" est constitué d'un enchevêtrement de ruelles et d'axes vitaux : la place Pie, la rue de la République, la rue et la place Carnot… Un parcours sans faute où se croisent et s'entrecroisent des amoureux de théâtre, de danse, de musique, d'art vivant sur trois semaines.
Les places et les rues sont bondées, remplies d'un brouhaha qui commente, ce soir, la dernière de Sea of Silence du In, après avoir commenté la première semaine Dämon. El funeral de Bergman d'Angélica Liddell, Absalon, Absalon ! de Séverine Chavrier et Lacrima de Caroline Guiela Nguyen, et en attendant Les Chèvres de Corrèze du Off demain. Les terrasses sont pleines, même s'il y a moins de monde cette année, aux dires de tous les festivaliers. Les vieux de la vieille boudent sans doute leur plaisir quand les découvreurs s'enthousiasment d'une pépite anodine.
Théâtre en résistance
Avignon a été en première ligne dans l'expression de la crainte de voir l'extrême droite accéder au pouvoir. Dès les premiers jours du festival, entre les deux tours des législatives, une manifestation de l'intersyndicale avait lieu place de l'Horloge devant des touristes parfois interloqués et des intermittents déterminés.
Quelques jours plus tard, le Festival d'Avignon n'a pas dormi de la nuit : durant une "nuit d'Avignon", JoeyStarr, Andréa Bescond ou la Comédie-Française ont investi le Palais des papes devant une foule émue et déterminée pour lutter contre l'extrême droite. Aujourd'hui, après les résultats du second tour qui ont écarté l'éventualité d'une arrivée au pouvoir du RN à court terme, l'inquiétude a, à nouveau, laissé la place à la liesse du Off dans les places ensoleillées.
Nulle part ailleurs
Hormis ces trois semaines de juillet, les Avignonnais le reconnaissent, la ville est "morte". On imagine l'hiver. Ils lèvent les yeux au ciel rien qu'à l'évoquer. Mais quelle beauté. Toute d'ocre vêtue, on se perd comme nulle part ailleurs à Avignon, même Google Maps s'emmêle ou presque. À moins que cela soit nous, avec ces noms venus d'ailleurs : avenue de la Folie, rue du Four de la Terre, rue des Fourbisseurs, rue du Grand Gigognan…
Logé rue de La Masse, près de la rue Artaud et du théâtre du Roi René, le lieu est stratégique, à côté des Halles. Tout se fait à pied, sauf pour aller voir une pièce à Vedène ou aux alentours, ce qui n'est pas simple, mais toujours magnifique. Avignon, c'est un autre temps. Celui du théâtre à vivre, dans lequel on baigne, comme à Cannes avec le cinéma. "Ce n'est plus ce que c'était" et le cinéma est mort en 1915 disent les Cassandre. C'est bien mépriser les créateurs que dire cela, et ne pas croire en eux. Avignon en capte le pouls, l'instant présent.
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