"Rembrandt" : l'éveil à la conscience de Camille Cottin dans la peau d'une ingénieure nucléaire

Le réalisateur de L'Exercice de l'État (2011), d'Un peuple et son roi (2018) et plus récemment de la série Dans l'ombre, creuse son cinéma engagé avec ce nouveau long-métrage, Rembrandt, un thriller sur les secrets bien gardés du nucléaire, en salles mercredi 24 septembre.

Claire et Yves forment un couple heureux et harmonieux. Tous les deux physiciens, ils occupent des postes clé dans le secteur sensible de l'énergie nucléaire. Leurs amis travaillent, eux aussi, dans le nucléaire, et évitent de se poser trop de questions sur ce qu'ils considèrent comme la seule alternative satisfaisante aux énergies fossiles.

En voyage à Londres avec leur fille pour fêter son anniversaire, Camille et Yves visitent en famille la National Gallery. Là, dans une salle du musée, Claire éprouve soudainement un choc émotionnel devant trois œuvres de Rembrandt. Dès lors, sa vie prend une nouvelle tournure.

"Cygne noir" et vagues scélérates

Dans ce nouveau long-métrage, Pierre Schoeller s'attaque au monde intouchable en France : le nucléaire. Dans un scénario inattendu, l'éveil à la conscience arrive comme une révélation, qui traverse le personnage de Claire, jusque-là droite dans ses bottes quant à la légitimité de son travail. C'est devant l'expression de la souffrance des personnages saisis par Rembrandt que cette physicienne, par nature rationnelle, comme tous ceux qui l'entourent, prend conscience des enjeux du nucléaire.

Que se passera-t-il en cas de vague scélérate, des vagues soudaines et très hautes aux abords d'une centrale nucléaire ? Claire se penche sur ces événements appelés "Cygnes noirs", qui ont une très faible probabilité de se produire, mais qui, s'ils se réalisent, ont des conséquences impensables. Elle engage une climatologue pour démontrer à son entourage professionnel que la production d'énergie nucléaire a toutes les chances, dans le futur, de conduire à la catastrophe. Se heurtant à la surdité de son mari, à celle de ses collègues et amis, à l'hostilité de ses supérieurs, elle quitte sa vie, s'isole et perd peu à peu le contact avec la réalité.

Camille Cottin campe magistralement cette femme en pleine crise de conscience, poussée jusqu'au seuil de la folie. Elle est entourée par un casting prestigieux, de Romain Duris dans le rôle du mari dépassé par les événements, à Bruno Podalydès, incarnant le seul personnage prêt à ouvrir les yeux, en passant par Denis Podalydès dans la peau d'une figure emblématique du vieux monde, spécimen parfaitement incarné de cette génération adepte de la politique de l'autruche, arc-boutée sur des positions dogmatiques, incapable de sortir la tête du sable pour accepter de voir la réalité en face. "Ça va peut-être vous surprendre, mais vivre à Fukushima, c'est plus sûr que de vivre à Roubaix", affirme-t-il sur un ton badin au cours d'un dîner amical, entre la poire et le fromage.

Le sujet est minutieusement documenté, chiffres et courbes à l'appui et on sort de la salle obscure la tête un peu en surchauffe, mais très convaincu. Dommage que le film, à trop vouloir démontrer, s'enlise dans une dramaturgie fictionnelle artificielle, voire poussive, plaquée sur un discours. Résultat, le film laisse une impression quasi contraire à la promesse évoquée en ouverture de cette histoire, à savoir, sous l'égide de Rembrandt, la puissance évocatrice de l'art pour éveiller les consciences.

La fiche

Genre : Drame, Thriller
Réalisation : Pierre Schoeller
Avec : Camille Cottin, Romain Duris, Céleste Brunnquell
Pays : France, Belgique
Durée : 1h47
Sortie : 24 septembre 2025
Distributeur : Zinc Film
Synopsis : Claire et Yves, physiciens de formation, travaillent dans le nucléaire depuis toujours. Lors d'une visite à la National Gallery, Claire va être bouleversée par trois toiles de Rembrandt. Cette rencontre avec ces trois œuvres magistrales va les changer à jamais.