"Les Tourmentés" : Niels Schneider gibier d'une chasse à l'homme dans le dernier film noir de Lucas Belvaux

Cinq ans après Des hommes, un film sur des anciens combattants de la Guerre d'Algérie, Lucas Belvaux revient avec un thriller adapté de son premier roman paru en 2022 aux éditions Alma. Les Tourmentés, un thriller porté par Niels Schneider et Ramsy Bedia, sort en salles le 17 septembre.

Ancien légionnaire traumatisé par ses guerres, Skender (Niels Schneider) peine à reconstruire sa vie. De sa misérable existence solitaire et marginale, il observe de loin sa femme (la lumineuse Déborah François) et ses deux fils, tentant sans succès des rapprochements.

Alors quand Max (Ramzy Bedia), son ancien compagnon de combat, débarque dans sa vie pour lui proposer un marché qui assurerait sa sécurité financière et celle de sa famille pour toujours, il accepte. En échange d'une rémunération colossale, Skender devra jouer le gibier dans une chasse à l'homme organisée par Max pour "Madame" (Linh-Dan Pham), sa patronne. La chasse doit durer un mois. Quelle que soit l'issue, l'argent sera versé. À lui, s'il échappe à la chasseuse. Sinon, à sa famille.

"Une épiphanie"

Skender sortira-t-il vivant de cette expérience extrême ? Comme dans Les chasses du comte Zaroff d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel (1932), cette chasse à l'homme, un genre cinématographique en soi, soutient la tension dramatique de l'adaptation cinématographique du roman de Lucas Belvaux. Mais comme dans son texte, une autre question, plus métaphysique traverse le film, celle du prix de la vie. Que Skender gagnera-t-il vraiment s'il s'en sort, au-delà des millions promis ?

Car à travers cette chasse à l'homme, Lucas Belvaux nous raconte surtout le destin de trois êtres tourmentés. Dans ce jeu mortifère, Skender, mais aussi Max et "Madame" tentent inconsciemment de soigner leurs plaies. Cette expérience ultime de la violence devient paradoxalement le moyen pour eux de la mettre à distance, de s'en débarrasser, et de trouver le chemin de leur humanité. "C'est l'histoire d’une épiphanie, en fait", précise Lucas Belvaux dans la présentation de son film.

Le livre était construit de monologues intérieurs. Niels Schneider et Ramzy Bedia, qui confirme ici sa capacité à sortir des rôles comiques, prennent le relais pour exprimer à l'écran les conflits intérieurs des personnages. La mise en scène joue habilement des contrastes entre la froideur et le minimalisme feutré de la maison de "Madame", ou la douceur de l'appartement de Manon, puis de leur maison dans la lumière du sud de la France, et le cadre sauvage de la forêt des Carpates où se déroule cette chasse à l'homme, à l'écart du monde civilisé, et de ses règles.

Lucas Belvaux creuse avec ce nouveau long-métrage des thèmes universels, déjà explorés dans sa riche filmographie, comme la guerre, la violence, la solitude, ou encore l'amour. Mais cette fois, malgré l'interprétation remarquable des comédiens, la qualité de la photo, et l'efficacité de la mise en scène, les dialogues, qui sonnent souvent de manière un peu artificielle, et des séquences inutiles, pèsent sur le rythme du film, lui ôtant un peu de son souffle. Un symptôme, peut-être, des limites de cet exercice périlleux qu'est l'adaptation, par un auteur, de son propre texte.

La Fiche

Genre : Drame
Réalisation : Lucas Belvaux
Avec : Niels Schneider, Ramzy Bedia, Linh-Dan Pham
Pays : Belgique, France
Durée :  1h 53min
Sortie : 17 septembre 2025
Distributeur : UGC distribution
Synopsis : Ça vaut quoi la vie d’un homme ? D’un homme comme lui. Un homme sans rien. Skender, ancien légionnaire, le découvrira bien assez tôt. "Madame", veuve fortunée et passionnée de chasse, s’ennuie. Elle charge alors son majordome de lui trouver un candidat pour une chasse à l’homme, moyennant un très juteux salaire. Skender est le gibier idéal. Mais rien ne se passera comme prévu...