"L'Enlèvement" de Marco Bellocchio révèle une pratique méconnue de l'Eglise catholique au XIXe siècle, dans un film en demi-teinte
Marco Bellocchio était en compétition au dernier Festival de Cannes avec "L'Enlèvement", qui met au jour des conversions de force au catholicisme au XIXe siècle en Italie.
Après son film à succès sur la mafia, Le Traître (en 2019), un documentaire consacré à son frère, Marx peut attendre (2021), et sa série sur l'affaire Aldo Moro, le cinéaste italien Marco Bellocchio revient avec L'Enlèvement, en salles le 1er novembre. Le film rapporte l'étrange histoire de l’enlèvement d’un jeune garçon juif par l’Eglise catholique dans les années 1850-60 à Bologne, une pratique qui s'est révélée relativement courante à l’époque en Italie.
A Bologne, en 1858, les autorités interviennent sous l’ordre du cardinal chez la famille Mortara pour prendre leur fils Edgardo, au prétexte qu’il a été baptisé encore bébé à leur insu. La loi pontificale est péremptoire : il doit être éduqué dans l’Eglise catholique. Bouleversée, la famille contre-attaque en vain face à un pape intransigeant, occupé à renforcer son pouvoir vacillant face à une opinion publique de plus en plus libérale.
Inspiré d’une histoire vraie, L'Enlèvement a le mérite de révéler auprès du plus grand nombre des pratiques ancestrales de l’Eglise catholique peu connues, encore en cours au XIXe siècle. Scandaleux et abusifs, les enlèvements d’enfants arrachés à leur famille, convertis de force, et parfois enrôlés dans le clergé, sont révoltants. Marco Bellocchio s’empare de cette histoire incroyable en y mettant toute sa "foi" citoyenne. L’affaire Edgardo Mortara prend une couleur politique, dans une Italie du milieu du siècle qui commence à s’éloigner de l’emprise pontificale.
Fin inattendue
Marco Bellocchio choisit une caméra nerveuse et baigne de ténèbres cette histoire traumatisante, en prenant le point de vue de la famille Mortara. Il privilégie toutefois un peu trop l’émotion en la surlignant avec des redondances. On ne capte également pas tout à fait l’acharnement de l’Eglise à s’emparer de cet enfant, sans envergure particulière, hormis celle d’être le cadet d’une riche famille juive. Ceci explique peut-être cela, mais la conversion à tout prix reste l'enjeu majeur. L’image du pape Pie IX, très présent dans la seconde partie, est aussi un peu diabolisée, mais il a laissé dans l'histoire le souvenir d'un souverain pontife particulièrement retors.
Le récit s'attarde majoritairement sur l'enfance d'Edgardo, pour s'accélérer jusqu'à une issue inattendue. Une fois le garçon devenu adulte, Bellocchio semble moins intéressé par son sujet, la mise en scène devient plus lâche, et le rythme s'accélère, jusqu'à la précipitation, comme s'il fallait en finir. L'Enlèvement vaut donc principalement pour son sujet, la mise en scène de ce grand réalisateur restant un peu en deçà des attentes.
La fiche
Genre : Drame historique
Réalisateur : Marco Bellocchio
Acteurs : Paolo Pierobon, Enea Sala, Leonardo Maltese, Fausto Russo Alesi, Barbara Ronchi, Fabrizio Gifuni
Pays : Italie / France / Allemagne
Durée : 2h15
Sortie : 1er novembre 2023
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de 7 ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenu par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Eglise et le pape refusent de rendre l'enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant...
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