Robert Redford, légende du cinéma américain, est mort à l'âge de 89 ans

Il était le soleil du cinéma américain. Robert Redford, acteur de légende, réalisateur oscarisé et artiste engagé s’est éteint mardi 16 septembre chez lui, dans l'Utah.

Article rédigé par Emilie Béraud
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Robert Redford dans L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux (1998)  (WILDWOOD ENTERPRISES)
Robert Redford dans L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux (1998)  (WILDWOOD ENTERPRISES)

C'était un ange blond. Reconnaissable entre tous, l'immense acteur Robert Redford s'est éteint mardi 16 septembre, dans son sommeil, selon son agente, Cindi Berger, de Rogers & Cowan PMK. Son jeu audacieux et son sourire généreux ont marqué l'histoire du cinéma américain.

Il a prêté sa beauté solaire à des personnages mythiques du grand écran, incarnant tantôt un malfrat attachant aux côtés de Paul Newman dans L'Arnaque (George Roy Hill, 1973), tantôt un journaliste-enquêteur dans Les Hommes du président (Alan J. Pakula, 1976) ou encore un aventurier éperdument amoureux dans Out of Africa (Sydney Pollack, 1986).

Un périple formateur en Europe

Né en 1936 à Santa Monica (Californie), Robert Redford grandit dans une famille relativement modeste à l'ombre des grands studios hollywoodiens. A l'époque il ne se rêve pas acteur, mais peintre. Ce désir le pousse à entreprendre un long périple de l'autre côté de l'Atlantique. France, Italie, Allemagne... La vingtaine passée, le jeune Robert fait le tour de l'Europe et passe plusieurs mois à vagabonder, avant de rentrer au pays. Toujours attiré par le monde de l'art, il s'inscrit finalement à des cours de comédie à l'American Academy of Dramatic Arts.

C'est une révélation. Le comédien brille au cours des auditions. Il est rapidement repéré par des agents à la recherche de talents et fait ses premiers pas à la télévision. Dans les années 1960, il apparaît dans huit séries télévisées à succès dont Alfred Hitchcock raconte et Les Incorruptibles.

Acteur phare des années 1970

La décennie 1970, l'une des plus riches du cinéma américain, métamorphose le comédien prometteur en monument national. Il crève l'écran dans Votez Mc Kay (The Candidate) de Michael Ritchie (1972) puis dans un grand film d'apprentissage : Jeremiah Johnson de Sydney Pollack (1972). Sa rencontre avec le réalisateur est déterminante.

Redford demeure fidèle à Pollack tout au long de sa carrière, jouant le playboy apolitique aux côtés de Barbra Streisand dans Nos plus belles années (1973) ou bien l'agent secret dans Les Trois Jours du Condor (1975). Autre film marquant de ces années 70 : Les Hommes du président (Alan J. Pakula, 1976), sur ces deux journalistes qui ont révelé le scandale du Watergate et provoqué la démission de Nixon. 

Dans Le Cavalier électrique (Sydney Pollack, 1979), western modernisé, Redford partage l'affiche avec Jane Fonda son binôme de toujours. En 1966, le duo se retrouve d'abord dans La Poursuite Impitoyable (Arthur Penn), incarnant deux amoureux victimes de la haine. Ils sont beaux, libres et sensuels.

Tout comme dans Pieds nus dans le Parc (Gene Saks,1967) et cinquante ans plus tard, Nos Âmes dans la nuit (Ritesh Batra 2017). Une histoire d'amour entre deux séniors qui cristallise leurs dernières retrouvailles au cinéma.

A l'écran, Redford forme un duo légendaire avec un autre acolyte : Paul Newman. Les deux acteurs jouent d'abord les malfrats charismatiques et gouailleurs dans Butch Cassidy et le Kid (George Roy Hill, 1969).

Quatre ans plus tard, ils sont de nouveau associés dans L'Arnaque (George Roy Hill,1973), l'histoire de deux escrocs dans le Chicago des années 1930. Redford incarne remarquablement bien le rôle de Johnny Hooker, qui lui vaut la seule nomination de sa carrière pour l'Oscar du meilleur acteur. 

Le réalisateur

Volontiers solitaire, plutôt timide et peu démonstratif, Robert Redford a toujours voulu garder ses distances avec Hollywood. La quarantaine venue, il décide de moins apparaître devant la caméra et passe à la réalisation.

Le succès ne se fait pas attendre. Son premier film Des Gens comme les autres (1980) lui vaut l'Oscar du meilleur réalisateur. En tout, il réalise neuf long-métrages dont le splendide Et au milieu coule une rivière (1992), qui offre son premier grand rôle à un autre blond au large sourire : Brad Pitt. A l'époque, la ressemblance entre les deux hommes fascine. Dans ce film d'une poésie rare, sur fond de pêche à la mouche, le réalisateur évoque ses deux principales préoccupations : la famille et l'environnement.

Car Robert Redford est avant tout un citoyen engagé. Il décide même de mettre sa carrière d'artiste entre parenthèses pour se consacrer à d'autres missions. Si certains l'attendent en politique, il choisit plutôt de s'investir auprès d'associations de protection de l'environnement. Également très attaché au cinéma indépendant, il concrétise en 1981 son plus grand projet, le Sundance Institute.

L'aventure Sundance

Créé pour former des réalisateurs, ce laboratoire est "une sorte d'antichambre pour jeunes talents", disait Redford. A ses débuts, le lieu accueille d'illustres inconnus, devenus des grands du cinéma d'aujourd'hui. En 1991, Quentin Tarentino y prépare par exemple Réservoir Dogs. Pour faire connaître ces talents, Robert Redford lance par la suite le Sundance Festival, un événement devenu le moteur du cinéma indépendant américain. En 2019 il décidera de s'effacer peu à peu de la direction du festival.

L'année précédente, en 2018, à 81 ans, Robert Redford annonçait la fin de sa carrière de comédien, débutée à l'âge de 21 ans. "Je pense qu'il est temps de passer à autre chose", disait-il lors d'un entretien à la chaîne britannique BBC1. "Très peu de gens que je connais ont été capables de raccrocher au bon moment et de passer à autre chose." Son œuvre, son charme et son engagement sont à jamais inscrits dans l'histoire du cinéma.  

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