: Reportage Le réalisateur québécois Yan England bouleverse le public du Festival d'Angoulême avec "Fanny", un film sur l'exhumation douloureuse d'un secret de famille
Seul film québécois en compétition, "Fanny" de Yan England a été accueilli avec enthousiasme et émotion par le public du Festival du film francophone d'Angoulême.
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Dans l'auditorium du NIL, siège des anciennes papeteries du même nom situé sur les bords de la Charente, la salle est comble pour découvrir ce troisième long-métrage de Yan England, Fanny, l'un des dix films en compétition, présenté mardi 25 août au Festival du film francophone d'Angoulême.
Au premier rang, un fan un peu spécial. "J'ai déjà vu ses deux précédents films, et je connais sa mère", chuchote le chanteur Robert Charlebois, un habitué du festival. "Yan England est venu présenter son film dans le petit cinéma en bois de Saint-Adèle, un village près de chez moi. Il est très sympathique, et surtout, j'ai beaucoup aimé ses deux premiers films. Je suis curieux de découvrir celui-là", ajoute-t-il, avant que la lumière s'éteigne.
Fanny est le deuxième film du réalisateur québécois présenté au Festival d'Angoulême. En 2016, le réalisateur avait reçu le Prix du jury étudiant pour 1:54, son premier film. Adapté de la série de romans jeunesse de Stéphanie Lapointe (Fanny Cloutier), Fanny raconte l'histoire d'une adolescente confrontée au passé de sa famille.
La jeune fille vit avec son père, et l'ambiance entre eux est électrique. Hubert ne s'est jamais remis de la mort de sa femme, Marianne, douze ans plus tôt. Fanny avait alors 4 ans. Hubert a repris les recherches de son épouse sur les méduses immortelles, "Turritopsis dohrnii", capables de restaurer ses cellules et de revenir en son état de début de vie.
À la veille du départ de son père pour un voyage d'étude au Japon, Fanny découvre un portrait de sa mère avec elle petite fille. Quand elle apprend que ce dessin lui a été envoyé par sa tante, dont elle ignorait l'existence, Fanny se lance sur les traces du passé, pour découvrir la vérité sur le mystère qui entoure la mort de sa mère.
"Pour découvrir des choses fascinantes, il faut oser descendre là où il fait noir", disait sa mère. Fanny ose entamer ce voyage, une véritable aventure, qui permettra à tous les protagonistes d'un drame mal digéré de reprendre le cours de leur vie, avec plus de légèreté.
"Je m'excuse. Point"
"C'est un film sur le pardon", explique Yan England à la fin de la projection, dans une séance de questions réponses avec le public, quand un spectateur fait remarquer que dans son film, "on s'excuse beaucoup".
"C'est une histoire où il y a des vérités qui sont cachées, et dire 'Je m'excuse', sans un 'mais' juste derrière, dire 'Je m'excuse. Point', c'est rare dans la vie. Ça arrive quand les personnages acceptent leur vérité, acceptent d'être dans l'authenticité. À ce moment-là, tous les personnages sont dans la vérité", explique le réalisateur.
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"J'aime vraiment travailler sur l'adolescence, parce que c'est, si on s'en souvient une fois devenu adulte, l'âge de la spontanéité, l'âge des coups de tête, l'âge où on fonce, et on réfléchit après", poursuit le réalisateur. "Quand Fanny arrive à Sainte-Lorette, elle ne sait pas ce qu'elle va faire après avoir retrouvé sa tante, elle n'y a pas réfléchi. Je trouve ça beau, cette énergie, cette vitesse, cette spontanéité", confie le réalisateur.
"Pas besoin de sous-titres !"
"Moi, je n'ai pas tout compris, et je voulais savoir si vous aviez l'intention, si le film sort en France, de le sous-titrer", interroge une spectatrice. À cette "question qui fâche", le réalisateur explique que ce sera la distribution qui fera ce choix, si le film sort en France.
"Je sais que je ne rajeunis pas, mais moi non plus, je n'ai pas tout bien entendu, et bien compris", ajoute Robert Charlebois, en riant. "Il y a comme partout une évolution de la langue. Au Québec, comme ailleurs, les jeunes ont leur manière de s'exprimer", explique le réalisateur, qui ajoute avoir précisément voulu que cette langue de la jeunesse québécoise soit présente dans le film.
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"Il y a aussi différentes manières de parler, et différents accents. Ce sont des petites subtilités, mais on ne parle pas dans la région du Saint-Laurent, où se déroule l'action, comme à Montréal", explique Milya Corbeil-Gauvreau, l'actrice qui incarne Fanny à l'écran. "Mais quand on montre le film là-bas, ils sont contents de reconnaître leur langue !", ajoute l'actrice.
"Alors, il faudrait deux sous-titrages, un pour le Québec, et un pour la France !", s'amuse Robert Charlebois. "Mais l'émotion, tout le monde la comprend, pas besoin de sous-titres !", conclut le chanteur, mettant tout le monde d'accord.
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À la sortie, un quatuor de spectatrices, des habituées du festival, ne tarissent pas d'éloges sur le film qu'elles viennent de voir. "J'ai adoré", déclare Catherine. "J'ai beaucoup aimé cette notion de pardon. Je me suis reconnue dans ces situations de famille", poursuit Catherine. "C'est à l'image des Québécois, c'est cash, c'est simple", ajoute Marie-Ange.
"Moi, je suis une fan du cinéma québécois. Il a un petit truc en plus. J'adore Xavier Dolan. J'étais trop contente de voir que le Québec était le pays à l'honneur cette année", s'exclame Cathie. "J'espère que ce film sortira en France, parce que souvent, on voit d'excellents films québécois à Angoulême, on a envie de les recommander, mais ils ne sortent pas toujours dans les salles en France !", regrette Magalie, déjà le nez dans le programme pour leur prochaine séance.
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Festival du film francophone d'Angoulême, du 25 au 30 août 2025
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