Mostra de Venise : Paolo Sorrentino en ouverture du festival dévoile "La Grazia", exploration des dilemmes d'un président

Le réalisateur italien retrouve son acteur fétiche Toni Servillo dans ce long-métrage qui sortira en Italie en janvier 2026.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Le réalisateur italien Paolo Sorrentino pose lors d'une séance photo pour "La Grazia" avant la cérémonie d'ouverture de la 82e édition du Festival international du film de Venise, en Italie, le 27 août 2025. (RICCARDO ANTIMIANI / EPA / ANSA / HK)
Le réalisateur italien Paolo Sorrentino pose lors d'une séance photo pour "La Grazia" avant la cérémonie d'ouverture de la 82e édition du Festival international du film de Venise, en Italie, le 27 août 2025. (RICCARDO ANTIMIANI / EPA / ANSA / HK)

Avec La Grazia ("La Grâce"), qui a ouvert mercredi 27 août la 82e Mostra de Venise, l'Italien Paolo Sorrentino livre l'introspection d'un président veuf en fin de mandat rattrapé par des dilemmes moraux, avec en filigrane une réflexion sur l'euthanasie.

Pour son onzième long-métrage, le cinéaste napolitain signe sa huitième collaboration avec son acteur fétiche Toni Servillo (La Grande Bellezza, Oscar du meilleur film étranger en 2014). Le comédien de 66 ans y incarne Mariano de Santis, un président de la République italienne fictif, confronté à des choix cornéliens dans ses dernières semaines au palais romain du Quirinal.

Plusieurs dilemmes moraux

Ce catholique réfléchi à l'allure austère, qui ne s'est jamais remis de la mort de son épouse, se voit exhorté par sa fille (Anna Ferzetti) de promulguer une loi légalisant l'euthanasie, dans un pays agité par un débat sur la légalisation du suicide assisté et où l'Église conserve une influence de poids.

Ce choix à l'issue impossible – apparaître comme "un meurtrier" ou "un tortionnaire" – se double d'une tâche tout aussi délicate : décider, ou non, de gracier deux prisonniers condamnés pour les meurtres de leurs conjoints. Autant de dilemmes qui vont faire vaciller les certitudes juridiques et personnelles de cet ancien juge, prompt à réclamer "un temps supplémentaire de réflexion" pour ne pas avoir à trancher.

Paolo Sorrentino, Anna Ferzetti et Toni Servillo sur le tapis rouge de la Mostra de Venise, le 27 août 2025. (ROCCO SPAZIANI / PICTURE ALLIANCE)
Paolo Sorrentino, Anna Ferzetti et Toni Servillo sur le tapis rouge de la Mostra de Venise, le 27 août 2025. (ROCCO SPAZIANI / PICTURE ALLIANCE)

"J'ai voulu dépeindre un homme politique incarnant une haute idée de la politique, comme je crois qu'elle devrait l'être, mais comme trop souvent, elle ne l'est pas", a expliqué mercredi Paolo Sorrentino en conférence de presse, à quelques heures de la cérémonie d'ouverture. "Le dilemme moral est un formidable moteur narratif, plus puissant que n'importe quel autre procédé narratif généralement utilisé au cinéma."

Malgré les avertissements habituels – "aucun lien avec des personnages réels" – difficile de ne pas voir dans le personnage principal des points communs avec l'actuel président italien, Sergio Mattarella – juriste, veuf et épaulé par sa fille avocate. Le film, qui sortira en Italie en janvier 2026, s'inspire d'ailleurs d'un fait réel : la grâce qu'il avait accordée en 2019 à un homme qui avait tué sa femme, atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Après La Main de Dieu, récompensé par le Lion d'argent en 2021, et un an après avoir présenté à Cannes son ultra-esthétisé Parthénope, Sorrentino effectue, avec cette avant-première mondiale, un retour remarqué sur le Lido.

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