Mostra de Venise : l'amitié entre la reine Victoria et son serviteur indien vue par le réalisateur Stephen Frears
Le réalisateur britannique Stephen Frears conte l'histoire de l'amitié méconnue et indéfectible entre un Indien, roturier et musulman, et la reine Victoria dans "Victoria & Abdul" (en VF, "Confident royal"), un film à la fois drôle et sensible présenté dimanche 3 septembre à la Mostra de Venise.
C'est une histoire méconnue du grand public que le réalisateur britannique Stephen Frears a choisi de porter à l'écran : celle de l'amitié entre la célèbre reine Victoria et Abdul, son serviteur indien, dans le film "Victoria & Abdul" ("Confident royal" en français).
Le dernier opus du réalisateur de "The Queen" (2006) et de "Liaisons dangereuses" (1988) est présenté à Venise en première mondiale, hors compétition. L'histoire "tirée de faits réels... pour l'essentiel" débute en 1887 au château de Windsor lors des célébrations des 50 ans de règne de Victoria (alors âgée de 68 ans) interprétée par une magistrale Judi Dench.
Une relation complexe
A la manière candide des "Lettres Persanes" de Montesquieu, Abdul et son acolyte Mohammed s'adonnent à des commentaires cocasses sur les moeurs "tout à fait barbares" du pouvoir colonial qui "exploite un quart du genre humain". Victoria, veuve depuis peu, isolée par le pouvoir, entourée de courtisans qui l'ennuient, est aussitôt séduite par la beauté et l'exotisme du jeune homme, et décide d'en faire son "munchi", professeur de langue ourdou.Leur relation était-elle de l'amour ? "L'attitude de la reine Victoria est complexe. Il ne s'agit pas juste d'un sentiment amoureux qu'elle éprouve, mais du bonheur de se sentir détendue avec quelqu'un, d'apprendre auprès de lui", a déclaré dimanche à la presse Judi Dench. "C'est un besoin qu'elle a éprouvé une grande partie de sa vie. Après Albert (son défunt mari), John Brown (l'homme qui lui a redonné goût à la vie) puis Abdul ont été là pour lui procurer ce sentiment", a ajouté l'actrice de 82 ans.
Pour les besoins du rôle, elle a dû porter des robes immenses semblables à celles que portait la souveraine, devenue une obèse pendant les dernières années de son règne. "Victoria faisait 115 de tour de taille, elle n'arrêtait pas de manger après la mort d'Albert. Les vêtements que vous portez conditionnent la façon dont vous jouez", a-t-elle souligné.
Une intimité qui dure jusqu'à la mort de la reine
"Je ne connaissais pas l'histoire de la reine Victoria et d'Abdul, ni l'affection qu'elle portait à son serviteur indien", a pour sa part déclaré Stephen Frears. "J'ai dit que je n'aurais réalisé ce film qu'avec Judi Dench et, par chance, elle a accepté", a ajouté le cinéaste de 76 ans. A la stupéfaction générale, Abdul partage peu à peu avec la souveraine une intimité exceptionnelle qui durera jusqu'à son décès en 1901. Abdul la rassure et la fait rêver en lui parlant de ses Indes lointaines dont est elle est l'impératrice.Adapté et scénarisé par Lee Hall ("Billy Elliot") d'après "Victoria & Abdul", le récit de Shrabani Absu, journaliste et historienne britannique, a été publié en 2010 en Angleterre. "Je connaissais l'existence d'Abdul Karim depuis la lecture d'un livre sur l'histoire du curry en Grande-Bretagne", a déclaré Shrabani Basu dans un entretien récent à l'AFP. "Je savais que la reine Victoria adorait la cuisine au curry et qu'elle était entourée de serviteurs indiens".
Un film adapté d'un livre datant de 2010
Mais en 2001, en visitant Osborne House, la propriété de vacances de Victoria sur l'île de Wight, elle est attirée par "un portrait d'Abdul Karim dans le couloir indien". "Il ne ressemblait pas du tout à un serviteur", poursuit-elle. Et puis, elle remarque sa photographie dans le vestiaire de la reine. "J'ai alors compris que c'était quelqu'un de spécial".En 2006, elle entame des recherches intensives sur le mystérieux personnage et, dans les archives de Victoria, en particulier dans les carnets de la souveraine. "Ces carnets m'ont renseignée sur la nature de leur relation", précise l'auteure, invitée à Venise. Elle s'est rendue en Inde, à Agra la ville d'Abdul et à Karachi, au Pakistan, où elle a retrouvé ses journaux intimes.
A travers cette histoire de la fin du XIXe siècle, Stephen Frears évoque des sujets tels que le multiculturalisme, les classes sociales et le racisme qui résonnent encore aujourd'hui.
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