"Grande dame, grande âme, grande actrice, une reine" : le monde du cinéma pleure la disparition d'Émilie Dequenne

Révélée à 17 ans pour son premier rôle dans "Rosetta", l'actrice belge multirécompensée Émilie Dequenne est morte dimanche, en région parisienne, à 43 ans.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Les réalisateurs Jean-Pierre (à gauche) et Luc (à droite) Dardenne entourent l'actrice Émilie Dequenne le 22 mai 1999, à Cannes, lors d'un photo call après la présentation de leur film "Rosetta". (MICHEL GANGNE / AFP)
Les réalisateurs Jean-Pierre (à gauche) et Luc (à droite) Dardenne entourent l'actrice Émilie Dequenne le 22 mai 1999, à Cannes, lors d'un photo call après la présentation de leur film "Rosetta". (MICHEL GANGNE / AFP)

L'actrice belge Émilie Dequenne, inoubliable Rosetta dans le film des frères Dardenne qui l'a révélée en 1999, est morte dimanche 16 mars en début de soirée en région parisienne, des suites d'un cancer rare. "Quelle lutte acharnée ! Et qu'on ne choisit pas...", avait posté l'actrice sur Instagram le 4 février, à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer. Elle avait 43 ans.

La nouvelle de sa disparition a suscité de nombreux hommages notamment dans le monde du cinéma. "Elle a insufflé une vitalité folle à un film qui filait déjà à 100 à l'heure", a salué Gilles Jacob, ancien président du festival, évoquant le film Rosetta qui lui avait valu le Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes en 1999. "On sentait chez elle la douceur intrépide de ceux qui savent leurs jours comptés", a-t-il ajouté.

"Je n'ai pas les mots, que de la tristesse"

"C'est terrible, c'est dégueulasse la vie parfois", a réagi lundi 17 mars sur franceinfo Luc Dardenne. "C'est vraiment trop jeune, elle avait encore tellement de choses à faire", a-t-il ajouté. "C'était une très grande actrice, subtile, généreuse et inventive", a salué l'ancien agent de stars et producteur Dominique Besnehard, la comparant à Annie Girardot. "Pas de mots. Je pense à toi, à ta famille", a écrit de son côté sur Instagram l'acteur Jean Dujardin.

Sous la dernière photo postée par Émilie Dequenne sur Instagram, Juliette Binoche la remercie d'avoir partagé ce qu'elle traversait "avec tant d'ardeur et de générosité". Leïla Bekhti voit en elle une "grande dame, grande âme, grande actrice, une reine".

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Tahar Rahim et Vincent Macaigne, deux acteurs avec qui elle avait partagé l'affiche (À perdre la raison en 2012 avec le premier, Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait en 2020 avec le second), ont également publié une photo de l'actrice accompagnée d'un cœur sur le réseau social.

Pour Alex Lutz, "son talent et sa gentillesse" manqueront. "Je n'ai pas les mots, que de la tristesse", a assuré Alexandra Lamy. "Tout ce que tu étais, comme actrice et comme femme, inspirait l'admiration et l'amour. Je suis heureuse d'avoir pu te rencontrer dans cette vie", confie l'actrice Virginie Efira. "Le cinéma francophone perd, trop tôt, une actrice de talent qui avait encore tant à lui offrir", a regretté sur X la ministre de la Culture française, Rachida Dati. Pierre Lescure, président du Festival de Cannes de 2014 à 2022, lui a aussi rendu hommage sur le réseau social : "Elle s'est battue, la maladie est revenue, elle se savait vaincue… elle l'avait dit, avec toute sa belle dignité, sa peine et son courage bouleversant. Nous la pleurons…".

La carrière d'Émilie Dequenne est riche de près de 50 films, dont La fille du RER d'André Téchiné (2009), À perdre la raison (2012) de Joachim Lafosse, qui lui a valu un autre Prix d'interprétation à Cannes dans la section Un certain regard, Pas son genre (2014) ou Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait d'Emmanuel Mouret pour lequel elle a reçu un César du meilleur second rôle en 2021.

La comédienne était apparue sur le tapis rouge à Cannes au bras de son mari, l'acteur Michel Ferracci, en mai 2024, souriante, les cheveux courts à cause de son traitement, pour les vingt-cinq ans de Rosetta et pour présenter son dernier film au titre symbolique, Survivre.

Quelques semaines plus tard, au micro de France Inter, elle avait assuré qu'"on peut vivre des moments beaux, forts, magiques, en dépit de la maladie, c'est possible". Elle rendait public son combat car "le cancer, c'est pas une maladie honteuse". L'actrice ressentait ainsi le "besoin de faire savoir aux personnes malades qu'elles ne sont pas seules". Elle laisse derrière elle sa fille, Milla, née en 2002.

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