"L'homme qui rétrécit" : Jean Dujardin cherche un sens à la vie dans un remake ambitieux

Pour leur troisième collaboration au cinéma, Jan Kounen et Jean Dujardin adaptent le film culte de série B de 1957, lui-même adapté d'une nouvelle de Richard Matheson.

Article rédigé par Lison Chambe
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Jean Dujardin est Paul dans "L'homme qui rétrécit" de Jan Kounen. (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)
Jean Dujardin est Paul dans "L'homme qui rétrécit" de Jan Kounen. (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)

Un titre ne saurait être plus explicite : en salle mercredi 22 octobre, L'homme qui rétrécit de Jan Kounen raconte l'histoire d'un homme qui rapetisse et fond jusqu'à devenir minuscule. Mais cesse-t-il d'exister pour autant ?

C'est la question métaphysique à laquelle s'attaque le réalisateur aux films singuliers comme 99 francs (2007) et Dobermann (1997), à la suite d'une demande de Jean Dujardin lui-même, qui produit donc le film en plus d'y être presque seul à l'écran.

Le personnage de Paul, dans sa propre maison devenue trop grande pour lui. (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)
Le personnage de Paul, dans sa propre maison devenue trop grande pour lui. (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)

Exposé à un étrange phénomène météorologique en mer, Paul (Jean Dujardin), un homme "tout à fait normal", se met progressivement à rétrécir, jour après jour. Sans explication médicale aucune, cette étrange et terrifiante anomalie ébranle sa vie, pourtant calme et aimante, auprès de sa femme Élise (Marie-Pierre Crozé) et de sa fille (Daphné Richard).

Vulnérable au moindre bruit et contraint de vivre dans une maison de poupée à qui il emprunte ses habits, Jean tente de s'adapter sous les yeux mi-dévastés, mi-effrayés de sa famille, témoins de cette étrange condition. Un jour, seul dans la maison devenue gargantuesque, Paul est pris en chasse par son chat et se retrouve coincé au sous-sol, où il va devoir survivre, entouré d'araignées et autres dangers.

Ce serait en tombant à la Fnac sur un DVD du film étasunien original, L'homme qui rétrécit, réalisé en 1957 par Jack Arnold, que serait venue à Jean Dujardin l'idée d'en faire un remake. À travers un homme qui perd sa taille jusqu'à presque disparaître, il voit les thèmes de l'impermanence, la réaction au changement, le rapport à la mort et au corps. Des thèmes à l'épreuve du temps : soixante-dix années se sont écoulées depuis la sortie du premier film dont le scénario est repris très fidèlement.

Ainsi, notre personnage perd le contrôle de son corps, s'éloigne de sa famille, devient un étranger dans sa propre maison. Métaphore à peine voilée de la vieillesse – les réflexions de Paul sont toutes explicitées dans une voix off parfois un peu trop présente – Jan Kounen fait de la condition physique de son personnage une perte de soi, pour se retrouver tant bien que de mal dans les tréfonds d'une cave.

Survivalisme lilliputien

Car c'est sans doute dans la seconde partie du film que le concept d'un homme qui devient minuscule peut développer tout son potentiel. Enfermé dans sa cave, Jean Dujardin doit survivre du haut de ses quelques centimètres – bientôt millimètres. Un simple carton devient impénétrable, une chaudière qui fuit une douche, une araignée une menace imminente.

On sent qu'il y a eu de l'amusement à imaginer ces situations de survivalisme de lilliputien, les mettre en scène. Superproduction française de l'année, ses scènes ont été tournées dans un plateau de près de 2 000 m2 de fond vert. Jan Kounen s'est appuyé sur du motion control, une technologie qui permet de reproduire à l'identique des mouvements de caméra – et donc de placer un acteur filmé à taille réelle dans un décor immense.

Jean Dujardin du haut de ces trois centimètres dans "L'homme qui rétrécit". (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)
Jean Dujardin du haut de ces trois centimètres dans "L'homme qui rétrécit". (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)

Porté par l'ambition double de livrer un message philosophique et d'offrir une performance d'acteur, Jean Dujardin s'est enfermé dans une proposition ultra-technique. Comme perdu dans un immense fond vert, il ne parvient pas à transmettre la subtilité de jeu qu'on lui connaît. Sans parler de la voix off, omniprésente – même si elle est une référence directe à l'original – qui se fait trop didactique, jusqu'à dicter la pensée du spectateur. Elle ne lui laisse guère le temps d'apprécier ce spectacle, pourtant du jamais-vu jusque-là dans le cinéma français.

Affiche de "L'homme qui rétrécit" de Jan Kounen. (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)
Affiche de "L'homme qui rétrécit" de Jan Kounen. (UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL FRANCE)

La fiche

Genre : Aventure, Fantastique
Durée : 1h40
Réalisation : Jan Kounen
Avec : Jean Dujardin, Marie-Josée Croze, Daphné Richard
Pays
 : France, Belgique
Date de sortie : 22 octobre 2025
Distributeur : Universal Pictures International France
Synopsis : L'homme qui rétrécit, nouvelle adaptation du roman culte de Richard Matheson, nous entraîne dans le sillage de Paul, un homme ordinaire, qui partage sa vie entre son entreprise de construction navale, sa femme Élise et leur fille Mia. Lors d'une sortie en mer, Paul se retrouve confronté à un étrange phénomène météorologique inexpliqué. Dès lors, Paul rétrécit inexorablement, sans que la science puisse lui expliquer pourquoi ni lui être d'aucun secours. Quand, par accident, il se retrouve prisonnier dans sa propre cave, et alors qu'il ne mesure plus que quelques centimètres, il va devoir se battre pour survivre dans cet environnement banal devenu périlleux. Lors de cette expérience, Paul va se retrouver confronté à lui-même, à son humanité, et tentera de répondre aux grandes interrogations de l'existence.

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