De "Princesse Mononoké" au "Voyage de Chihiro", cinq choses à savoir sur le Studio Ghibli qui célèbre ses 40 ans d'animation
Les Japonais Hayao Miyazaki et Isao Akahata ont créé un studio en 1985 pour produire en toute indépendance des films d'animation qui ont conquis la planète avec un trait doux mais engagé, tourné notamment vers l'écologie.
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Le studio d'animation japonais Ghibli célèbre en juin ses 40 ans d'existence, fort de trois Oscars et de plusieurs générations de fans fidèles, conquis par ces récits et son univers visuel uniques, entièrement dessiné à la main. Découvrez cinq choses sur l'une des références mondiales de l'animation.
1 Un duo pour un studio
Le Studio Ghibli a été fondé en 1985 par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, décédé en 2018. Il est devenu un phénomène culturel mondial grâce à des chefs-d’œuvre comme Mon Voisin Totoro (1988) et Le Voyage de Chihiro (2001) ou encore récemment Le Garçon et le Héron, qui a valu son deuxième Oscar à Miyazaki.
"Le succès de Nausicaä de la Vallée du Vent d’Hayao Miyazaki en 1984 lui permet de créer le Studio Ghibli avec IsaoTakahata en 1985. Ils réalisent ce qui relève de l’impossible : produire en toute indépendance de purs chefs-d’œuvre et conquérir le grand public. Le producteur Toshio Suzuki, membre clé du studio dès le début et rapidement investi d’un rôle à plein temps, en assumera la gestion avec une redoutable efficacité, instaurant une parfaite complémentarité entre les projets de Miyazaki et Takahata, tour à tour producteurs et réalisateurs", rappelait le Festival de Cannes en 2024. Ce dernier a décerné au géant de l'animation une Palme d'or d'honneur lors de la 77e Festival de Cannes, une première pour un studio puisque la distinction est remise d'ordinaire à un acteur ou un réalisateur.
En 2001, le Musée Ghibli a ouvert ses portes à Tokyo. Deux décennies plus tard, en 2022, Ghibli Park, parc à thème dédié à l’univers du Studio Ghibli, s'est installé dans la préfecture d’Aichi (centre du Japon). Goro Miyazaki, le fils d'Hayao Miyazaki, en est le directeur. La valeur patrimoniale du trait des artistes japonais ne fait plus aucun doute. Le style nostalgique du studio nippon est si reconnaissable que les réseaux sociaux ont récemment été inondés d'images "à la Ghibli", générées par le dernier outil d'intelligence artificielle (AI) d'OpenAI, relançant le débat sur le droit d'auteur.
2Des succès, trois Oscars et une Palme d'or d'honneur
Le film post-apocalyptique Nausicaä de la vallée du vent (1984) est considéré comme le premier film Ghibli. Sorti un an avant la création officielle du Studio Ghibli, son intrigue est centrée sur une princesse indépendante fascinée par des insectes géants.
Inspiré d'un manga écrit par Hayao Miyazaki pour un magazine d'animation, l'histoire se déroule dans une vallée protégée de l'air toxique émis par des forêts empoisonnées, mille ans après une guerre ayant quasiment détruit la civilisation humaine. Le film, qui suit Nausicaä confrontée à des conflits entre nations autour d'une arme destructrice, a révélé Miyazaki au grand public.
Mon voisin Totoro (1988) est, lui aussi, devenu un classique apprécié par toutes les générations. Il se déroule dans le Japon rural des années 1950, où deux sœurs venues s'installer à la campagne pour se rapprocher de leur mère malade rencontrent Totoro, un esprit de la forêt à la fois attendrissant et énigmatique. Totoro et le Chat-Bus, un énorme chat à douze pattes servant de moyen de transport, sont devenus les mascottes emblématiques du studio d'animation.
L'histoire a été adaptée pour la première fois au théâtre en 2022 par la Royal Shakespeare Company. Autre œuvre d'envergure : Princesse Mononoké (1997), récit épique d'une jeune fille élevée par une déesse-louve dans une forêt menacée par les humains. Il a été un immense succès au Japon et a aussi largement contribué à faire connaître Miyazaki à l'international.
Le Voyage de Chihiro (2001) permet à Hayao Miyazaki de remporter son premier Oscar. Le film culte, imprégné de traditions et croyances japonaises, suit une fillette qui se perd dans un monde mystique et tente de sauver ses parents transformés en cochons. Le Garçon et le Héron (2023) est le deuxième long métrage de Miyazaki couronné par un Oscar – et ce qu'il évoque comme étant son dernier film – raconte l'histoire d'un garçon qui a perdu sa mère, dans les bombardements dévastateurs de Tokyo pendant la Seconde Guerre mondiale. Tout bascule lorsqu'il rencontre un étrange héron, qui l'emmène dans un monde parallèle où cohabitent vivants et morts. Dans un documentaire, Hayao Miyazaki a confié que le personnage du "grand-oncle" a été inspiré par Takahata, son cofondateur disparu en 2018, avec qui il entretenait une relation d'"amour-haine".
Moteur des exportations culturelles japonaises dans le monde, le studio a été récompensé en mai 2024 par une Palme d'or d'honneur. De même, Hayao Miyazaki a reçu un Oscar d'honneur pour l'ensemble de son œuvre en 2014.
3 Un univers sombre sous une douceur apparente
Issus "de la génération qui a connu la guerre", Takahata et Miyazaki ont intégré des éléments sombres à leur récit, a expliqué Goro Miyazaki dans un entretien récent avec l'AFP. "Il n'y a pas que de la douceur, mais aussi de l'amertume et d'autres choses qui s'entrelacent magnifiquement dans l'œuvre", ajoutait-il, décrivant une "odeur de mort" qui imprègne ces films.
Pour les jeunes qui ont grandi en temps de paix,"il est impossible de créer quelque chose avec le même sens, la même approche et la même attitude que la génération de mon père", affirmait Goro Miyazaki.
Même Mon voisin Totoro, avec ses esprits de la forêt, est un film "effrayant" à certains égards, qui explore la peur de perdre un être proche. Susan Napier, universitaire dans le Massachusetts et autrice du livre Le Monde de Miyazaki, partage cette lecture.
"Chez Ghibli, il y a une certaine ambiguïté, de la complexité, et une acceptation du fait que l'ombre et la lumière coexistent souvent", explique-t-elle, contrairement aux dessins animés américains qui séparent nettement le bien et le mal.
4 Une patte "écologique et animiste"
Les films de Ghibli dessinent aussi un univers où les humains entretiennent un lien profond avec la nature et le monde des esprits, comme dans Princesse Mononoké (1997). Cette fable, où une jeune fille élevée par une déesse-louve tente de défendre sa forêt menacée par les humains, est "un film sérieux, sombre et violent", estime Susan Napier. Les œuvres du studio nippon ont "une dimension écologiste et animiste, très pertinente dans le contexte actuel du changement climatique", ajoute-t-elle, précisant que les deux hommes étaient aussi "très engagés politiquement".
5 Une influence française
Si Hayao Miyazaki et Isao Takahata ont pu créer des mondes si originaux, c'est grâce à leur ouverture à d'autres cultures, souligne Miyuki Yonemura, universitaire à Tokyo et spécialiste de la culture de l'animation. Parmi leurs influences figurent l'écrivain Antoine de Saint-Exupéry, le réalisateur Paul Grimault ou encore l'artiste canadien Frédéric Back, oscarisé pour L'Homme qui plantait des arbres (1987).
Isao Takahata avait notamment étudié la littérature française. "Tous deux lisaient énormément, c'est ce qui explique aussi leur talent pour l'écriture et la narration". Pour Nausicaä, Hayao Miyazaki s'est d'ailleurs inspiré de la mythologie grecque et de nombreux ouvrages, dont La dame qui aimait les insectes, un conte japonais du XIIe siècle. Selon la professeure, "le studio Ghibli ne sera plus jamais le même après l'arrêt de Miyazaki, à moins que des talents comparables n'émergent".
L'univers du studio est à retrouver dès le samedi 14 juin sur France 4, Okoo et sur france.tv à partir du 14 juin à travers plusieurs œuvres destinées aux plus jeunes : Souvenirs de Marnie (2014) de Hiromasa Yonebayashi, La Colline aux coquelicots (2011) de Gorō Miyazaki, Le Royaume des chats (2002) de Hiroyuki Morita, Mes voisins les Yamada (2000) de Isao Takahata et Si tu tends l'oreille (1995) de Yoshifumi Kondo.
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