Festival de Cannes 2025 : pour Robert De Niro, regarder un film dans une salle de cinéma est "une tradition" qui reste "spéciale"

Animé par le photographe et documentariste français JR, qui s'est trop focalisé sur son projet documentaire avec le comédien, la conversation avec Robert De Niro organisée par le Festival de Cannes s'est réduite à peu de choses en ce qui concerne sa fantastique carrière. Morceaux choisis.

Falila Gbadamassi

France Télévisions - Rédaction Culture

Publié le 15/05/2025 20:04

Temps de lecture : 4min

L'acteur américain Robert De Niro se pliant à l'exercice du "Rendez-vous avec" lors de la 78e édition du Festival de Cannes, le 14 mai 2025. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Il aura à peine eu le temps de dire que le cinéma se vivait mieux dans une salle et offrir un conseil à un jeune comédien, le "Rendez-vous avec" Robert De Niro au Festival de Cannes, le mercredi 14 mai, se sera limité à cela, et restera longtemps, pour beaucoup, comme un très mauvais souvenir. La leçon de cinéma espérée n'aura pas eu lieu. Il n'a quasiment pas été question de son impressionnante carrière, mais d'un projet documentaire en cours de réalisation avec le photographe et documentariste JR. En lançant l'entretien, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, avait indiqué qu'il serait mené par quelqu'un qui connaissait bien la Palme d'or d'honneur de la 78e édition.

Après une longue ovation, qui semble durer trop longtemps au goût de Robert De Niro, JR lance l'entretien et explique longuement comment il a rencontré la star de 81 ans, il y a quinze ans, à New York où il vit. Il évoque ensuite leur collaboration née après la visite du studio du père du comédien, le célèbre peintre Robert De Niro. Son fils l'a maintenu intact depuis sa disparition il y a plus de trente ans.

"Pour la postérité"

En boucle sur sa collaboration avec la star qui est devenue son ami, JR a réduit la leçon de cinéma du comédien américain à sa plus simple expression, en lui posant notamment une question sur le fait de préserver les objets liés à ses rôles. "Je veux conserver ces choses", explique Robert De Niro, pour éviter leur dispersion. "Je garde donc ma garde-robe (...), des copies du scénario, etc. pour la postérité."

La postérité fut le véritable sujet de ce rendez-vous. Et si finalement, la leçon était là, dans ce raté qui a conduit ce locataire de nos imaginaires à parler de ce qui lui importait vraiment aujourd'hui, transmettre par exemple le souvenir de son père aux plus jeunes de ses enfants ? Évoquant très peu le cinéma de Robert De Niro, JR s'est appesanti sur le travail de mémoire entamé avec l'acteur qui l'envisage au long cours.

Précieux conseil

L'audience, qui voulait davantage une leçon de cinéma, a posé des questions dans ce sens. Ainsi un jeune acteur a demandé à De Niro quelle était la marche à suivre pour ne pas être coincé dans la première impression que l'on avait d'un personnage. "Parfois, l'a rassuré le vétéran de la comédie, la première intuition est la meilleure et c'est elle qu'il faut suivre : faites-lui confiance." Et De Niro de citer le personnage de Joe Pesci dans The Irishman de Martin Scorsese : "Quand vous êtes dans le doute, n'ayez pas de doute. Suivez votre instinct et tout ira bien". "Le réalisateur", a continué le héros de Taxi Driver et de Falling in Love, "peut venir en renfort pour permettre d'explorer les facettes d'un personnage".

Eu égard à sa longue carrière, quelle réflexion lui inspirait le cinéma en général, lui a-t-on encore demandé. "Tout ce que je sais, a répondu Robert De Niro, c'est qu'il est important de raconter des histoires visuellement, de faire des films, peu importe ce que c'est (...) J'ai toujours voulu qu'il y ait des salles de cinéma comme celle-ci [la salle Debussy] afin que les gens aillent voir des films." Si cela ne pose aucun problème de regarder un film seul ou en famille, l'acteur souligne néanmoins que "la tradition" d'être dans une salle de cinéma, "de partager l'expérience de voir quelque chose ensemble est spécial" et par conséquent irremplaçable. Une question portait aussi sur le quotidien de De Niro. Réponse : l'homme est un lève-tôt.