"Family Therapy" : une satire caricaturale de l'entre-soi bourgeois

Avec à son casting l'acteur franco-canadien Aliocha Schneider, le nouveau film de la réalisatrice Sonja Prosenc explore la cruauté et l'isolement d'une famille slovène ultra-aisée.

Article rédigé par Paul Ripert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Image du film "Family Therapy", en salles le 27 août 2025. (TAJINE STUDIO DISTRIBUTION)
Image du film "Family Therapy", en salles le 27 août 2025. (TAJINE STUDIO DISTRIBUTION)

Pour son troisième long-métrage, qui sort mercredi 27 août dans les salles de cinéma françaises, la réalisatrice slovène Sonja Prosenc s'est inspirée d'un souvenir d'enfance. Plus jeune, alors qu'elle était sur la route des vacances avec ses parents, la voiture a pris feu. Coincée sur le bord de la route et cherchant une aide précieuse, la famille a vu une voiture passer à côté des flammes sans s'arrêter. Longtemps, la petite fille, devenue artiste, s'est demandé qui étaient ces passagers sans cœur.

C'est en reproduisant la même scène que le film s'ouvre, avec une famille de riches slovènes qui ne s'arrêtent pas pour aider leur prochain. La famille, composée des parents Aleksander et Olivia, et de leur fille Agata, accueillent chez eux Julien, un jeune homme français dont on ne connaît pas les raisons de sa présence.

Très vite, l'arrivée de ce dernier va faire ressurgir la cruauté et la cupidité de cette famille ultra-aisée, qui vit dans une grande maison de verre entourée d'une immense forêt. Julien n'est pas là pour rien : c'est le fils caché du père. Aleksander, qui a candidaté pour avoir l'opportunité d'embarquer dans une mission spatiale, a besoin de montrer que sa famille est soudée, réunie et propre sur tous les bords. Bref, une famille parfaite. Mais cette artificialité va vite leur jouer des tours.

Family Therapy se veut être une grande critique sociale du manque d'empathie, de l'isolement et des disparités économiques. Empruntant certains thèmes communs aux cinémas de Bong Joon-ho, de Ruben Ostlund, de Yorgos Lanthimos ou encore de Pier Paolo Pasolini, la réalisatrice slovène dresse le portrait d'une famille abjecte, uniquement intéressée par son profit, et terrorisée de voir son écosystème dérangé par une présence extérieure, forcément négative ou dangereuse.

Le film s'appuie sur de nombreuses métaphores pour montrer le détachement et l'entre-soi de cette famille bourgeoise. Par exemple, la grande maison en verre dans laquelle ils vivent (qui rappelle beaucoup celle de Parasite de Bong Joon-ho) donne l'illusion d'une harmonie complète avec la forêt environnante, alors qu'il s'agit en réalité d'une forteresse, non ouverte sur l'extérieur, faisant plus penser à un vivarium. Autre astuce de cinéaste, un jeu de couleurs particulièrement réussi. Chaque plan est composé avec un ton unique, souvent perturbé par la présence d'un élément ou d'une personne intruse d'une autre couleur, venant détruire l'harmonie visuelle.

Des effets de style trop appuyés

Mais à force de tout vouloir souligner pour montrer la lutte des classes, le long-métrage perd en nuances. Certaines idées de mise en scène rendent le propos lourd et rébarbatif, comme lorsque les parents sont filmés derrière des grillages en ville, comme s'ils étaient prisonniers de leur monde, ou lorsque les parents dorment dos à dos, là où d'autres personnages plus modestes dorment serrés.

De plus, des effets de style, notamment l'utilisation du ralenti et de la musique orchestrale, viennent alourdir les séquences. Au-delà de ses envolées orchestrales, la musique est quelque peu cliché, appuyant trop fortement chaque émotion du personnage, faisant perdre liberté et spontanéité au récit.

Restent des performances d'actrices et d'acteurs maîtrisés, et une conclusion agréable, laissant entrevoir un semblant d'humanité dans cette famille dysfonctionnelle, avec des prises de conscience personnelles. Les membres de la famille peuvent enfin se connecter de manière honnête les uns aux autres. Pour qu'une nouvelle humanité s'empare du foyer. Quitte à ce que celle-ci prenne la forme d'une biche.

Affiche du film "Family Therapy", en salles le 27 août 2025. (TAJINE STUDIO DISTRIBUTION)
Affiche du film "Family Therapy", en salles le 27 août 2025. (TAJINE STUDIO DISTRIBUTION)


La fiche

Genre : Drame, Comédie
Réalisation : Sonja Prosenc
Avec : Katarina Stegnar, Marko Mandic, Aliocha Schneider, Mila Bezjac, Ana Djuric, Matija Vastl
Pays : Slovénie
Durée :
2h02
Sortie :
27 août 2025
Distributeur :
Tajine Studio Distribution
Synopsis : Dans une villa de verre au luxe froid et aseptisé, une famille slovène aisée maintient l'illusion d'une vie parfaite. Mais leur équilibre artificiel vacille dangereusement quand un jeune Français mystérieux, aux liens secrets avec le père, fait irruption dans leur quotidien.

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