"Week-end of a champion" : quand Polanski suivait Jackie Stewart, champion de F1
En 1971, Roman Polanski a suivi son ami, le champion du monde de Formule 1 Jackie Stewart, pendant les quatre jours de sa présence à Monaco pour le Grand Prix qu'il devait remporter. Lors du dernier Festival de Cannes, nous les avons rencontrés dans la même suite d'hôtel que quarante ans plus tôt. Ils se penchent ensemble sur cette aventure dont Stewart reste l'un des rares survivants.
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Dans les années 60 et 70, les pilotes de Formule 1 n'avaient qu'une chance sur trois de vivre les cinq années suivantes. A partir de ce constat, le spectacle offert par les pilotes qui tournaient sur les circuits avait quelque chose des jeux du cirque.
Champion du monde
En 1971, l'année du deuxième de ses trois titres de champion du monde, Jackie Stewart invite son ami Roman Polanski. Le cinéaste produit alors un documentaire en couleurs réalisé par Frank Simon autour de la participation du pilote écossais au Grand Prix de Monaco. De l'arrivée dans la principauté le jeudi à la fête au palais princier le dimanche soir, le spectateur découvre la vie quotidienne de ces milliardaires qui risquaient leur vie tous les quinze jours sur les circuits du monde entier.
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A quarante ans de distance, c'est un tout autre monde que nous offre ce document. Que l'on s'y connaisse ou pas en sports mécaniques, la qualité du documentaire accroche le regard et retient l'attention. Un dénommé Fangio arpente encore les abords des stands, Grace et Rainier de Monaco dans la force de l'âge régnent sur le Rocher. François Cevert, le prince français de la Formule 1, brille de toutes les promesses que, deux ans et demie plus tard, la mort l'empêchera de tenir. Les pilotes d'alors s'appellent Jackie Ickx, Jo Siffert, Clay Regazzoni, Ronnie Peterson, Emerson Fittipaldi, ou encore Graham Hill. Ils pilotent des Brabham, des JPS, des Lotus, des March ou des Tyrell.
Une plongée dans la vie d'un pilote
C'est dans l'écurie de Ken Tyrell que pilotaient Stewart et Cevert. Le film n'évoque que peu la relation de grand à petit frère qui unissait les deux hommes. Le film se concentre sur Stewart, sa préparation, son énervement inhabituel, quelques échanges avec sa femme, des conseils à François, une explication avec des mécaniciens. La confiance qui unit le pilote et le cinéaste ouvre des portes. En reconnaissance sur le circuit urbain de Monaco, Jackie Stewart explique comment il négocie un virage, à quel moment il prendra une seconde pour reposer son cou sur l'appui-tête. A son ami cinéaste, il donne des conseils de pilotage en commentant le passage de ses confrères à l'entrainement. Le film présente aussi les premières images de caméra embarquée, bien plus impressionnantes que les vidéos d'aujourd'hui : elles sont accompagnées du bruit qui entoure le pilote.
La sécurité
Très peu vu au début des années 70, le film ressort agrémenté d'un échange entre les deux hommes devenus septuagénaires. Ils évoquent cette époque où les pilotes de Formule 1 étaient des gladiateurs et l'on mesure l'importance du combat mené alors par le triple champion du monde pour la sécurité. Un accident à l'issue duquel un pilote d'aujourd'hui sortirait complètement indemne lui aurait coûté presque systématiquement la vie il y a 40 ans. Alors qu'il ne se passait pas alors une année sans qu'au moins un pilote meurt en course, le dernier à se tuer au volant à ce jour est Ayrton Senna. C'était le 1er mai 1994, presque deux décennies.
François Cevert
On le voit dans le film, élève attentif de son maître Jackie Stewart. Si la mort ne l'avait pas attendu dans une droite du circuit de Watkins Glenn lors des essais pour le Grand Prix des Etats-Unis le 6 octobre 1973, François Cevert aurait très certainement été la relève de l'Ecossais. Alors que l'on apprend que Claude Lelouch préparerait un documentaire consacré à sa courte vie, il est mort à 29 ans, et qu'un producteur américain travaillerait sur un film qui raconterait sa carrière de pilote, Polanski et Stewart se souveinnent de lui dans la dernière scène du documentaire, tournée récemment. Le cinéaste déclare que son amour inconditionnel pour la F1 a disparu ce triste jour d'il y aura bientôt 40 ans. Voici ce qu'ils en disaient le soir de la présentation du film à Cannes.
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Ce film est aussi l'illustration d'une amitié entre deux hommes que l'on n'imaginait pas aussi proches. L'Ecossais des circuits et le Polonais des studios, le pilote de Monaco ou de Monza et l'auteur de Rosemary's baby et du Pianiste. Ils se sont retrouvés sur cette pellicule comme disent les Italiens, ce film documentaire qui raconte autant un week end de course qu'une fin de semaine partagée par deux amis.
"Week-end of a champion" de Roman Polanski et Franck Simon (1h30) sort en salles mercredi 18 décembre
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