Cannes 2017 : "Le Jour d’après" épuré du coréen Hong Sang-soo
Avec "Le Jour d'après" en compétition officielle, et "La Caméra de Claire" projeté en séance spéciale, le sud-coréen Hong Sang-soo est doublement présent au Festival de Cannes. Lauréat du Prix Un certain regard pour “Ha Ha Ha” en 2010, le réalisateur évoque souvent des histoires d’amour contrariés, avec sensibilité et humour, toutefois sans complaisance, ce qui se vérifie dans "Le Jour d'après..."
Une histoire simple
La vague du cinéma coréen surfe tous azimuts, du film de zombies au drame intimiste. Pas moins de cinq films en sélection officielle, un en séances spéciales, deux en séances de minuit (films de genre, dans lequel la Corée est passée maître). Et ce "Jour d’après", intimiste en diable, à l’épure achevée, dont la désuétude, soulignée par une musique que l’on croirait sortie d’un vieux crincrin des familles, exalte une histoire simple aux prolongements psychologiques et philosophiques sophistiquées.Bongwan trompe sa femme avec son unique employée d’une petite maison d’édition. Quand cette dernière le quitte, il prend une nouvelle salariée qui subit les foudres de l’épouse croyant que c’est la maîtresse de son mari. Le quiproquo pourrait être l’argument larvaire d’un Feydeau. Mais c’est l’étude psychologique, à travers Bongwan, qui intéresse Hong Sang-soo.
Un homme complexe
La sincérité de l’amour de l’éditeur ne fait aucun doute. Il n’en demeure pas moins un fieffé menteur envers sa femme. De cette situation naît la confusion chez lui entre sa réalité sentimentale et l’illusion qu’il prodigue à sa légitime. Un conflit qui va se résoudre grâce à la nouvelle employée qui payera les pots cassés.
Ce petit théâtre des sentiments se joue dans la plus stricte économie de moyens, volontairement ascétique pour devenir esthétique : noir et blanc, longs plan fixes, zoom se substituant au travelling, abondance des dialogues au détriment de l’action… Il faudra accepter cette ascèse pour passer le cap du "Jour d’après". En revenant à des fondamentaux, Hong Sang-soo n’en évite pas moins la répétition, comme s’il ne parvenait pas à élaguer ce qui est déjà minimaliste. L’interprétation reste, elle, remarquable, et la beauté de Kim Min-Hee ("Mademoiselle") intacte.
LA FICHE
Réalisateurs : Hong Sang-soo
Pays : Corée du Sud
Acteurs : Kim Min-Hee, Hae-hyo Kwon, Kim Saeybuk, Cho Yunhee
Durée : 1h32
Synopsis : Areum s’apprête à vivre son premier jour de travail dans une petite maison d’édition. Bongwan, son patron, a eu une relation amoureuse avec la femme qu’Areum remplace. Leur liaison vient de se terminer.
Ce jour-là, comme tous les jours, Bongwan quitte le domicile conjugal bien avant l’aube pour partir au travail. Il n’arrête pas de penser à la femme qui est partie. Ce même jour, la femme de Bongwan trouve une lettre d’amour. Elle arrive au bureau sans prévenir et prend Areum pour la femme qui est partie...
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