Cannes 2013 : Michael Douglas kitschissime dans "Ma vie avec Liberace"
Depuis sa Palme d’or pour « Sexe, mensonges et vidéo » en 1996, c’est la 7e venue de Steven Soderbergh à Cannes, en compétition ou non. Le reste n’est que littérature. Le cinéaste a annoncé lors de la sortie de son dernier film « Effets secondaires » le mois dernier, qu’il arrêtait le cinéma, à moins que… Il serait surprenant qu’un accro de la caméra qui sort deux à trois films par an décroche.
De Steven Soderbergh (Etats-Unis), avec : Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd, Debbie Reynolds - 1h58 - Sortie : non déterminée
Synopsis : Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l'excès, sur scène et hors scène. Un jour de l'été 1977, le bel et jeune Scott Thorson pénétra dans sa loge et, malgré la différence d'âge et de milieu social, les deux hommes entamèrent une liaison secrète qui allait durer cinq ans. 'Ma Vie avec Liberace' narre les coulisses de cette relation orageuse, de leur rencontre au Las Vegas Hilton à leur douloureuse rupture publique.
« Ma vie avec Liberace », biopic sur l’extravaguant pianiste de music-hall américain Liberace, se retrouve curieusement à Cannes, puisqu’il s’agit à l’origine d’un téléfilm produit par HBO. Devant le sujet, les majors se sont en effet rétractées, obligeant Soderbergh à trouver un financement auprès du producteur télévisuel. Mais ce sont ensuite les ligues puritaines américaines qui sont montées aux créneaux, pour la démonstration éloquente de l’homosexualité du musicien. Le film s’est donc retrouvé là d’où il n’aurait jamais dû sortir, le circuit, plus restreint, de la distribution cinématographique. Soderbergh aurait préféré être hors compétition à Cannes, mais c’est Thierry Frémaux, directeur artistique, qui a insisté et obtenu de lui que le film reste en compétition.
Soderbergh n’avait pas tort, et le film aurait fait une excellente projection de clôture. Mais sans doute Frémaux voulait avoir ce cinéaste emblématique du Festival, avant qu’il, selon ses dires, se retire de la profession. Autre raison : la prestation absolument bluffante de Michaël Douglas, qui le met en lice pour le Prix d’interprétation. Toutefois, elle correspond plus aux critères des Oscars, très friands en rôles de composition spectaculaires, alors que Douglas sortait tout juste d’un cancer. Il a visiblement repris le dessus.
Inégalités
Il ne faudrait pas que cette interprétation d’une « folle » aux costumes extravagants, éclipse celle de Matt Damon, son amant. Plus sobre, donc moins voyante, elle est tout en intériorité, juste dans les sentiments, dans son amour sincère pour son mentor, dévoré par la jalousie. Les comédiens sont au rendez-vous, Soderbergh s’est toujours avéré un excellent directeur d’acteurs.
Un talent que l’on retrouve dans la direction artistique, avec l’incroyable reconstitution du décorum kitsch de Liberace, ses incroyables voitures customisées, sans parler de sa garde-robe percluse de strass et de fourrures, goût qu’il communiquera à son amant. Mais si la première partie fonctionne à merveille (sauf les premières scènes qui sentent trop la réalisation télévisuelle), avec un humour irrésistible, la suite patine quelque peu dans un huis-clos sclérosant, faute de rebondissement. Le rythme reprend sur la fin, avec la séparation des deux amants et un final flamboyant. Une présence en compétition donc peu justifiée, sauf pour remettre un Prix d’interprétation à Michael Douglas, loin d’être impossible avec le président Spielberg.
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