Fresque controversée : le maire de Grenoble invoque la liberté d'expression
Le maire de Grenoble Éric Piolle a invoqué lundi la liberté d'expression après la polémique suscitée par une oeuvre d'art urbain jugée "anti-police" réalisée dans le cadre du "Grenoble Street Art Fest", un festival subventionné par la municipalité. Cette fresque est due à l'artiste Goin.
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"On comprend bien sûr l'émoi de la police. Mais comprendre cet émoi ne veut pas dire s'asseoir sur les textes fondateurs de la République", a souligné M. Piolle. "La liberté d'expression fait partie des bases fondamentales de la République. C'est ce que nous défendons tous et ce que la police a défendu après les attentats contre Charlie Hebdo", a-t-il ajouté.
Les syndicats de police veulent des poursuites
Les syndicats de la police grenobloise réclament des poursuites judiciaires pour "outrage" contre cette oeuvre d'art urbain jugée "anti-police", qui a été recouverte de tags durant la nuit, a-t-on appris mardi. "On aimerait qu'il y ait un dépôt de plainte car il y a un outrage évident", a déclaré Valérie Mourier, secrétaire départementale d'Alliance, qui a précisé que cette éventuelle action se ferait au niveau des instances nationales de son syndicat. "On a demandé au ministre de l'Intérieur de porter plainte pour outrage", a indiqué pour sa part Yannick Biancheri, du syndicat Unité SGP Police FO, en parlant d'une "image scandaleuse et honteuse". Les syndicalistes ont indiqué qu'ils devaient être reçus mercredi par le procureur de Grenoble. "Mais au début de l'affaire, il nous a clairement dit qu'il n'y avait pas d'infraction", a reconnu Mme Mourier.Due à l'artiste Goin, cette fresque représente une femme à terre, tenant un drapeau bleu-blanc-rouge effiloché, frappée par deux policiers en tenue anti-émeute, dont l'un tient un bouclier sur lequel est écrit "49-3".
De vives réactions politiques
Elle a suscité des condamnations de parlementaires de droite comme de gauche, l'ancienne ministre (PS) Geneviève Fioraso en demandant même le retrait. "Plein soutien aux policiers qui protègent chaque jour les Grenoblois", a réagi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve dans un tweet, en estimant que les policiers attendaient du maire "qu'il leur dise ses regrets"."Il faut que le ministre de l'Intérieur fasse la liste des oeuvres autorisées ou non", a ironisé M. Piolle, en disant regretter que les élus réclament un "droit de censure 18 mois après Charlie". Le préfet de l'Isère Lionel Beffre a demandé au maire "l'effacement de cette fresque dans les plus brefs délais", dans un courrier consulté par l'AFP. "Les circonstances nationales font qu'à l'heure actuelle, il ne m'est pas possible de tolérer une telle atteinte aux symboles de la République que sont les forces de l'ordre", écrit le représentant de l'État. "Le caractère délictuel de cette fresque n'a pas à ce jour été établi et il ne revient pas à l'exécutif de se prononcer à ce sujet", rétorque Éric Piolle par courrier, qui affirme qu'il appliquera "naturellement toute décision de la justice" si elle se prononçait sur la question.
L'oeuvre, réalisée dans le cadre du "Grenoble Street Art Fest", qui a rassemblée 45 artistes pendant trois semaines, doit être détruite "la semaine prochaine" dans le cadre de travaux de réaménagement de la gare prévus de longue date, selon Éric Piolle. Une vingtaine de fresques de ce type ont été peintes dans le cadre de ce festival subventionné à hauteur de 25.000 euros par la mairie. "Ce n'est pas une commande publique de la mairie", a précisé le maire, en parlant d'un "festival indépendant" sur lequel "nous ne voulons pas avoir de droit de regard".
L'organisateur du festival, Jérôme Catz, a indiqué que l'artiste Goin avait titré l'oeuvre "L'État matraquant la liberté" pour "montrer qu'il n'avait rien contre les policiers en tant qu'individus". Cette fresque, conçue il y a plusieurs mois, "est une allégorie de l'État", a-t-il souligné. "Ce que cet artiste a voulu exprimer, c'est que peut-être aujourd'hui, en France, l'État est dans une dérive autoritaire.
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