Reportage Le défi de l’artiste Xavier Veilhan : créer des œuvres en mer sur le catamaran de Roland Jourdain pour les exposer au Brésil

Le navigateur et l'artiste Xavier Veilhan partent dimanche de Concarneau (Finistère), direction São Paulo.

Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le catamaran "We Explore" de Roland Jourdain, dans le port de Concarneau (Finistère), en octobre 2025. (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO)
Le catamaran "We Explore" de Roland Jourdain, dans le port de Concarneau (Finistère), en octobre 2025. (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO)

Transporter des œuvres d'art à bord d’un voilier et non par avion : c'est le projet du navigateur Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum, et de l'artiste contemporain Xavier Veilhan. Ils quittent dimanche 5 octobre Concarneau (Finistère) à bord du voilier We Explore pour le Brésil. Une traversée au cours de laquelle Xavier Veilhan va créer des œuvres pour une exposition prévue à São Paulo. L'arrivée est prévue à la fin du mois d’octobre après une traversée d’environ 25 jours.

À l'approche du départ, les sentiments sont mêlés pour Xavier Veilhan. "Il y a un peu d'appréhension et en même temps un peu d'impatience." Collaborer avec un artiste est une première pour Roland Jourdain, très curieux de ce qui l’attend : "J'ai très hâte de voir comment un artiste comme Xavier va travailler, s'inspirer, s'y mettre, parce que même quand c'est plat, ça bouge, un bateau."

Le navigateur Roland Jourdain et l'artiste Xavier Veilhan à bord du catamaran "We Explore", à Concarneau (Finistère), en octobre 2025. (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO)
Le navigateur Roland Jourdain et l'artiste Xavier Veilhan à bord du catamaran "We Explore", à Concarneau (Finistère), en octobre 2025. (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO)

C'est Xavier Veilhan qui a eu l'idée de créer à bord les œuvres qui seront exposées à destination. La sobriété est au cœur du projet. Un atelier pour sculpter le bois, peindre et dessiner est positionné sur la terrasse du cockpit avec un repli possible à l'intérieur en cas de mer forte ou de mauvais temps. L'atelier fonctionne sans électricité, comme nous le montre l'artiste avec un des outils embarqués pour la traversée. "Il s'agit d'une scie à ruban qui est motorisée par la force musculaire d'un pédaleur, explique Xavier Veilhan. Je fais circuler l'énergie grâce à ce pédalier jusqu'à la scie, et l'énergie musculaire sert à découper des petits éléments en bois, qui sont comme des pièces d'un puzzle qu'on va réassembler ensuite."

Xavier Veilhan teste la scie à ruban avec laquelle il va découper le bois pour ses sculptures. Elle fonctionne avec un pédalier, sans électricité. Photo prise sur le catamaran "We Explore", à Concarneau (Finistère), en octobre 2025. (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO)
Xavier Veilhan teste la scie à ruban avec laquelle il va découper le bois pour ses sculptures. Elle fonctionne avec un pédalier, sans électricité. Photo prise sur le catamaran "We Explore", à Concarneau (Finistère), en octobre 2025. (ANNE CHEPEAU / FRANCEINFO)

Une contribution à la recherche

Xavier Veilhan et ses deux assistants vont donc pédaler pendant la traversée. Les sculptures ne dépasseront pas 90 cm de haut et, de toute façon, tout est prévu pour le stockage. "Si on descend dans les coques, là on regarde la cabine arrière, il y a deux grandes soutes sous chaque cabine qui permettront de stocker des œuvres au fur et à mesure", précise Roland Jourdain.

"Il y a aussi un grand espace sous chaque lit dans la cabine avant. Je pense qu'en matière de volume, il a de quoi s'exprimer, franchement."

Roland Jourdain, navigateur

à franceinfo

Les œuvres seront emballées dans du carton, plus facilement recyclable, et mises sous vide pour les protéger de l'humidité. Avec cette traversée, l'artiste veut montrer que dans l'art aussi une autre voie est possible, même si pour l'instant renouveler l'expérience s'annonce difficile. "Je ne sais pas jusqu'où on va pouvoir pousser le bouchon, parce que cette expérience a aussi un coût, explique-t-il. Il faut immobiliser le bateau, une équipe, la nourriture, les places de port, ça a un certain prix, et ce n'est pas du tout compétitif avec le transport aérien."

La traversée sert un autre objectif : Roland Jourdain et ses deux équipiers vont réaliser des prélèvements et des enregistrements dans le cadre de travaux de recherches sur le plancton et sur l’acoustique sous-marine, conduits avec le Muséum national d'histoire naturelle, le CNRS et l'université de Toulon.

Le projet "Transatlantic Studio" : reportage d'Anne Chépeau

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