Plus de 16 000 "Drapeaux pour la paix" flottent sur un champ de bataille de la Première Guerre mondiale

Jean-Paul de Vries, propriétaire d'un musée consacré à la Première Guerre mondiale à Romagne-sous-Montfaucon, petite commune de la Meuse, a voulu symboliser par cette installation en plein air "le sang qui a coulé".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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L'installation "Drapeaux pour la paix" sur l'un des champs de bataille de la Grande Guerre, près de Verdun (Meuse), le 21 mars 2025. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)
L'installation "Drapeaux pour la paix" sur l'un des champs de bataille de la Grande Guerre, près de Verdun (Meuse), le 21 mars 2025. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Quelque 16 800 drapeaux rouges, symboles des hommes tombés au combat, ont été érigés près de Verdun "pour la paix". Ils flottent sur l'un des champs de bataille de la Grande Guerre, à Romagne-sous-Montfaucon, du 16 mars au 1er avril.

Les drapeaux représentent ces milliers de soldats qui ont perdu la vie, ici à une quarantaine de kilomètres au nord de Verdun, mais aussi ceux de "toutes les guerres", y compris celles toujours en cours, dit Jean-Paul de Vries. Le but est de "matérialiser" le nombre de morts. "Les gens ne se rendent pas compte. Quand on parle de milliers de morts, ce sont des chiffres", relève-t-il. Mais "quand on voit des croix" ou des drapeaux à n'en plus finir, on prend conscience de la réalité.

"Un signal de souffrance"

En ce premier jour du printemps, le rouge des drapeaux fouettés par le vent se mêle à la verdoyante vallée de la Robinette, qui s'étend sur 60 hectares. Quelques marcheurs passent, découvrant ce champ de rectangles posés sur des piquets. "Dès que l'on arrive ici, ça nous donne un signal de combat et de souffrance. Mais par-dessus la couleur, le vent et la vivacité des fanions, on a un espoir de paix et de sérénité", confie Serge Gubler, 64 ans, venu avec son épouse en randonnée.

Le rouge symbolise aussi "l'amour". "Tous ces hommes, ces militaires, ils sont aimés par leur mère, par leurs enfants (...), ce sont des hommes qui ont été aimés parce qu'ils étaient bons", pour Jean-Paul de Vries. L'endroit est la "vallée de la paix", poursuit-il. "C'est vert, on n'entend pas d'autre bruit que le son des oiseaux, il n'y a pas d'autoroute." Mais en regardant l'histoire, "je crois que déjà au début de l'époque romaine, on s'est battu dans cette vallée", relève le passionné. "On a choisi l'endroit le plus joli de la région pour combattre, tous ces siècles !"

"On sait ce qui s'est passé ici, donc on est émerveillés sur une terre qui a connu la misère", ajoute Renée Gubler, l'épouse de Serge.

L'exposition n'a ni début ni fin et choix a été fait de ne pas ajouter de panneaux ou quelconque indication : "Je laisse tout à l'imagination des gens", dit Jean-Paul de Vries.

"La folie des guerres"

Avec ce projet un peu fou, "c'est la folie des guerres" qui est représentée et "la paix" qu'il invite le public à chercher "en eux". Tout près du champ de bataille, le musée de Jean-Paul de Vries rassemble 300 000 pièces, qu'il a récoltées depuis l'âge de 7 ans, lorsque le quinquagénaire venait en vacances dans la région. Avec des reconstitutions de tranchées, le public peut découvrir "le côté dur de la guerre" : casques perforés, obus éclatés ou fusils.

Le projet Drapeaux pour la paix s'est construit en un an et demi, avec le concours d'écoliers des Pays-Bas, pays d'origine de Jean-Paul de Vries. Afin de participer à son financement, il est possible de parrainer un drapeau, pour 2,50 euros.

Il espère qu'après le 1er avril et la fin de cette installation, les drapeaux voyagent "dans le monde entier", en Normandie, aux Pays-Bas ou à Waterloo "pour mettre la paix sur les champs de bataille".

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