Un chef-d'œuvre du peintre provençal Reynaud Levieux s'installe au Musée de Grenoble

Cette toile immense revient de loin. De Rome à Avignon, de Paris à Grenoble, elle voyage depuis quatre siècles. C'est le chef-d'oeuvre d'un artiste méconnu, Reynaud Levieux. Né dans le sud de la France, ce peintre qui resta toute sa vie loin de Paris et de l'Académie royale de peinture, fut surnommé le Nicolas Poussin provençal.

Peinte en 1670, la toile intitulée La bénédiction de Saint-Jean-Baptiste par Zacharie a échappé aux destructions de la Révolution. Tombée dans l'oubli, elle a dormi pendant des années dans les combles de la chapelle de la Pitié-Salpêtrière, l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris en est en effet l'heureuse propriétaire. 

Un prêt de cinq ans au musée de Grenoble

Elle est à présent exposée parmi les collections du Musée de Grenoble. Son installation a mobilisé toute l'équipe du musée avec les plus grandes précautions jusqu'à l'espace d'exposition. Le musée lui consacre d'ailleurs un petit parcours pédagogique jusqu'au 18 septembre pour révéler son histoire et les différentes étapes de sa restauration. Après 18 mois de restauration très minutieuse à Versailles, le gigantesque tableau mesurant 3,22m par 2,60m a repris des couleurs, retrouvant tout son éclat.

L'un des principes est que cette peinture est réversible. Elle est invisible à notre œil mais si on le désire on peut tout à fait l'enlever sans altérer le tableau en-dessous.

Joëlle Vaissière

conservatrice du patrimoine

Une iconographie religieuse et rare

Pendant son séjour à Rome où il vécut trente ans jusqu'à sa mort, Reynaud Levieux, sous la direction de Nicolas Poussin, fut chargé d'exécuter des copies de chefs-d'oeuvre italiens. Son art d'un austère classicisme est d'ailleurs hérité de Raphaël. De 1656 à 1694, le peintre français reçut commande, dans le cadre de la restauration de la chapelle de la confrérie de Pénitents noirs à Avignon, d'un cycle de tableaux évoquant la vie du saint protecteur de la confrérie : Saint Jean-Baptiste.

Dans cette scène du tableau, Zacharie, le père de Jean-Baptiste, à qui l’Archange Gabriel a annoncé un destin de prédicateur pour son fils, le bénit avant son départ dans le désert. Plein de gravité et de tendresse, c’est un sujet très rare dans l’iconographie religieuse. L'utilisation des couleurs primaires comme le bleu et le jaune, issus de l'école française, donne à la toile toute sa luminosité.

Ça donne effectivement un tableau extrêmement vivant, extrêmement séduisant à l'œil et qui vient contrebalancer la dimension un peu austère de ses personnages.

Guy Tosatto

directeur du musée de Grenoble

"La bénédiction de Saint-Jean-Baptiste par Zacharie" - une exposition dossier - musée de Grenoble du 19 mars au 18 septembre 2022