Kehinde Wiley, célèbre pour son portrait de Barack Obama, expose ses chefs d'Etat africains au Quai Branly
D'Alassane Ouattara à Paul Kagame, le peintre américain Kehinde Wiley a rencontré les présidents africains pour explorer la mise en scène du pouvoir. Ses grands portraits sont exposés au musée du Quai Branly jusqu'au 7 janvier 2024
En 2018, son portrait de Barack Obama faisait de lui une star de l'art contemporain : loin des "hypocrisies de l'Amérique", Kehinde Wiley poursuit son exploration de la représentation des personnes noires dans l'art, à travers des portraits de chefs d'Etat africains, qui font l'objet d'une exposition au musée du Quai Branly.
Le président ivoirien Alassane Ouattara (81 ans), débout, épée à la main, regardant fièrement le spectateur; Paul Kagame (65 ans), son homologue rwandais, au pouvoir depuis 1994, également debout, dans son bureau; Denis Sassou-Nguesso (79 ans), qui cumule presque 40 ans à la tête du Congo-Brazzaville, bras croisés dans un décor fleuri, faisant écho aux pagnes africains...
Ces peintures monumentales (2,40 par 1,80 m) et vitaminées font partie de la dizaine de toiles exposées au Quai Branly (jusqu'au 14 janvier 2024), dans une exposition imaginée en collaboration avec la Galerie Templon à Paris.
Obama, une commande officielle
Le point de départ ? Le portrait de l'ex-président américain Barack Obama, qui fut une commande officielle, réalisé par l'artiste afro-américain de 46 ans. "Avant même de faire son portrait, en le voyant se présenter, je me suis dit : 'C'est impossible qu'il devienne président à cause de sa couleur de peau.' J'ai eu tort", s'amuse-t-il, dans un entretien à l'AFP. "Ça m'a mené à une question : où sont les présidents noirs ? De fil en aiguille, j'ai commencé à regarder du côté de l'Afrique", poursuit celui qui partage son temps entre New York et l'Afrique de l'Ouest.
Né en 1977 à Los Angeles (Californie), il est le fils d'une Afro-Américaine et d'un Nigérian, qu'il n'a quasiment pas connu. S'il rêve de faire de la peinture, et d'être portraitiste, il commence des études d'art tout en suivant, en parallèle des cours de cuisine. "Je n'étais pas sûr de pouvoir faire une carrière d'artiste. Il y avait quelque chose de l'ordre de la chimère", se remémore-t-il, disant "avoir consacré toute (s)a vie à ce rêve".
Pendant ses études au San Francisco Art Institute puis à l'université de Yale, Kehinde Wiley se rend compte d'une chose : la représentation des hommes noirs dans l'art les cantonne aux fonctions d'esclaves ou de servants. Lui préfère les peindre en situation de pouvoir, en s'inspirant de tableaux représentant des rois, empereurs et hommes politiques. Ses portraits reflètent les différences culturelles de chaque Etat et révèlent l'identité des individus.
Un style à la limite du kitsch, presque photographique
Son style est grandiloquent, parfois à la lisière du kitsch, presque photographique dans le détail et l'intensité. C'est son portrait du 44e président américain qui lui apporte la notoriété, même si son œuvre est parsemée d'anonymes afro-américains, qu'il peint de manière quasi-géante.
Pendant longtemps, le continent africain reste une idée lointaine pour lui. Une idée, devenue, il y a quelques années, un vaste territoire qu'il habite une partie de l'année. "J'aime aller au Sénégal et au Nigeria pour m'éloigner des hypocrisies de l'Amérique et pour échapper à l'obsession de la couleur de la peau", tance-t-il, affirmant qu'"il y a encore beaucoup de travail à faire pour la justice sociale et raciale" dans son pays.
En Afrique, "chaque pays a ses propres défis même si je pense qu'il y a aussi de grandes opportunités et beaucoup de talents", assure-t-il.
Explorer la mise en scène du pouvoir
Son projet sur les chefs d'Etat africains ne représente pas une rupture avec son travail, mais la prolongation de celui-ci : "Certains se diront : 'Tiens, Kehinde Wiley peint des dictateurs.'" Il explique avoir voulu "entamer une conversation avec ces dirigeants", qu'il a démarchés et rencontrés. Il ne s'agit pas pourtant de tableaux officiels, mais "d'une performance artistique bizarre", revendique-t-il.
Performance qui explore la mise en scène du pouvoir rarement montrée dans la peinture occidentale. Convaincra-t-il ? "Le public réagit toujours à l'authenticité. Quand quelque chose est vrai et profond, on ne peut s'en détourner. On verra."
Kehinde Wiley, dédale du pouvoir
Musée du Quai Branly - Jacques Chirac
37 quai Branly, 218 et 206 rue de l'Université, 75007 Paris
Du mardi au dimanche, 10h30-19h, nocturne le jeudi jusqu'à 22h. Fermeture le lundi en dehors des vacances scolaires d'hiver, de printemps et de la Toussaint.
Du 26 septembre 2023 au 7 janvier 2024
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