Nuit Blanche 2025 : six propositions immanquables samedi à Paris

La 24e Nuit Blanche parisienne, qui se déroule samedi 7 juin, a été imaginée sous la direction artistique de l'actrice et réalisatrice Valérie Donzelli. Le 7e art est donc à l’honneur de cette édition 2025 qui transforme la capitale en immense plateau de cinéma, avec de très nombreuses projections en plein air, une mise en avant des femmes réalisatrices, et de jolis clins d’œil au réalisateur bricoleur Michel Gondry, ici en majesté.

Mais Valérie Donzelli veut aussi à cette occasion raconter la nuit comme "espace de résistance par l’art". "L’idée est de montrer comment le jour est devenu une sorte d’ombre carcérale quand la nuit se mue en un espace de liberté où l’on peut être qui l’on veut, où l’on peut imaginer, rêver, créer…", explique-t-elle dans un communiqué. La réalisatrice de La guerre est déclarée souhaitait surtout une Nuit Blanche "totalement poétique, avec des armes douces", qui invite les promeneurs "à prendre le temps de regarder autour d’eux, à changer leur perception du monde". Voici quelques idées pour en profiter jusqu'à l'aube.

1S'imprégner de l'esprit de Michel Gondry

Réalisateur poétique et bricoleur de génie, considéré comme un "résistant de l’art" par Valérie Donzelli, Michel Gondry sème un peu partout son esprit créatif lors de cette édition de Nuit Blanche. Il a tout d’abord réalisé spécialement un film d’animation de 10 minutes en papiers multicolores découpés, qui raconte avec son fameux humour tendre et décalé le making off de Nuit Blanche mais aussi la lutte des artistes pour fertiliser nos imaginaires nocturnes. Ce film baptisé Quelle Nuit Blanche ! est projeté en boucle sur le Parvis de la Gare Montparnasse samedi de 19h à 2h du matin.

Au même moment, sur la place de la Bataille de Stalingrad qui referme le grand bassin de La Villette, le réalisateur pose une boîte à musique géante baptisée La Berceuse animée, dont chacun peut venir tourner la manivelle pour lui faire jouer L’Internationale, hymne de résistance et de lutte sociale. Une invitation à "ralentir et à redécouvrir la beauté des objets simples". Enfin, Michel Gondry installe sa fameuse Usine de Films Amateurs à l’Ecole Municipale des Beaux-Arts de Villejuif, qu’il transforme en studio de tournage avec décors originaux. Samedi, les habitants sont invités à venir créer collectivement un court-métrage, de l’écriture du scénario au tournage. Un atelier de 3h inoubliable et gratuit, mais attention, sur inscription uniquement (réservations ici), qui se prolonge du mardi 10 au samedi 14 juin.

Le film animé "Quelle Nuit Blanche !" Parvis de la Gare Montparnasse, Paris 15e de 19h à 2h

La boite à musique géante Place de la Bataille de Stalingrad, Paris 19e de 19h à 2h

L'Usine à Films Amateurs à Villejuif, de 11h à 1h du matin

2Voir des films de réalisatrices sur les murs de la capitale

Qui ne connaît pas ce bonheur absolu de regarder un film en plein air dans la tiédeur du soir, entouré d’inconnus ? Si c’est votre cas, ne loupez pas votre chance d’assister à ces projections exceptionnelles sur des murs et des places parisiennes. Car outre de transformer la capitale en toile de projection éphémère de 22h à 5h du matin, Valérie Donzelli a décidé de mettre en avant des femmes cinéastes dont les œuvres sont à (re) découvrir.

Au programme : Alice Guy (Madame a des envies, 1906, 4 mn) et Germaine Dulac (La souriante Madame Beudet, 1923, 38 mn) ou Jacqueline Audry (Olivia, 1951, 95 mn), mais aussi Agnès Varda (L’une chante, l’autre pas, 1977, 120 mn), Delphine Seyrig (Sois belle et tais-toi, 1976, 121 mn) et Chantal Akerman (Jeanne Dielman, 1975, 198 mn). Notez que cette dernière est par ailleurs à l’honneur au Mémorial de la Shoah (Paris 4e) pour Nuit Blanche, de 19h à 2h, avec des documentaires, rencontres et performances.

Détails de l'évènement "Les films dans la rue"

Chantal Akerman : Début du film 22h et 1h30 -  Place des Fêtes, Paris 19e
Alice Guy et Germaine Dulac : 22h, 23h, 23h45, 0h40, 1h30 - Façade du 115 quai de Valmy, Paris 10e
Jacqueline Audry : 22h et 23h45 - Place Nathalie Sarraute, Paris 18e
Agnès Varda : 22h, 0h10 et 2h20 - Place Ferdinand Brunot, Paris 14e 
Delphine Seyrig : 22h et 0h15 - Terrain des jardins Saint-Paul, 9 rue Charlemagne, Paris 4e

3 (Re) découvrir la poésie des Catacombes

C’est l’un des évènements incontournables de cette 24e édition de Nuit Blanche, qui investit pour la première fois les Catacombes de Paris. Quoi l’éternité ? est un parcours sonore de 900 mètres au royaume des morts, à travers les galeries des anciennes carrières situées à 200 pieds sous terre sous la place Denfert-Rochereau. Cette déambulation est accompagnée de musique et de poésie : une symphonie concrète d’Éliane Radigue, une cantate de Bach par Glenn Gould ainsi que des poèmes de Nerval, Baudelaire, Éluard et Rimbaud déclamés dans une chambre d’échos.

Xavier Donzelli a voulu avec cet itinéraire où rôde la mort rappeler que la Grande faucheuse nous loge tous à la même enseigne et se souvenir des défunts dont la "vie ne cesse d’émettre que si elle sombre dans l’oubli". Ce circuit sous terre est fortement déconseillé aux personnes à mobilité réduite, à celles souffrant d’insuffisance cardiaque ou de claustrophobie. Les moins de 14 ans doivent être accompagnés d’un adulte. Chaussures plates recommandées.

Les Catacombes de Paris, 1 avenue du Colonel Henri Rol Tanguy, Paris 14e
Quoi, l'éternité ? Durée du parcours : 45 mn. De 21h à 1h30, dernière entrée à 0h30

 

4Faire une orgie de cinéma

Les cinéphiles sont décidément servis avec cette 24e édition de Nuit Blanche. Les projections abondent, qu’il s’agisse de fêter les 130 ans du cinéma au Petit Palais avec Gaumont et la Fémis, de projections d’œuvres vidéo thématiques au cinéma les 7 Parnassiens, d’œuvres vidéos d’artistes (Anri Sala, Philippe Parreno, Pierre Huygues, Arthur Jafa etc) à la Fondation Louis Vuitton, ou encore de courts-métrages autour de la femme résistante à la Cinémathèque française, avec visite de l’exposition Wes Anderson en prime.

La plus alléchante à nos yeux est celle de la fête du Petit Palais car elle mêle musique et images. En plus de confidences de cinéastes et comédiens, elle propose un ciné-concert du génial musicien Christophe Chassol, créateur des "ultrascores", qui met son inventivité au service d'une vingtaine de films du catalogue Gaumont. Pour terminer les bras en l’air, on ne manquera pas le DJ set de clôture de Para One, figure de l’électronique made in France, qui a signé toutes les bandes originales des films de Céline Sciamma, de Naissance des pieuvres à Portrait de la jeune fille en feu.

130 ans de cinéma au Petit Palais avenue Winston Churchill Paris 8e, de 20h à 2h

La séance des artistes au cinéma 7 Parnassiens 16 rue Delambre Paris 14e, de 19h à 5h

Art-vidéo Club Fondation Louis Vuitton 8 avenue du Mahatma Gandhi Paris 16e, de 20h à minuit

Courts-métrages à la Cinémathèque française 51 rue de Bercy Paris 12e, de 19h à 23h

5Danser et faire la fête

Il y a beaucoup à voir mais aussi à danser dans cette Nuit Blanche. Le collectif d’artistes pluridisciplinaire Downtown Périgord vient ambiancer le Canal Saint-Martin avec un puissant sound-system ambulant inspiré de ceux de Kingston en Jamaïque. En symbiose, l’artiste multimédia Juliette Gelli imagine une œuvre lumineuse qui rythme visuellement la danse. Toutes les heures, place au quart d’heure américain avec une boule à facettes dont les faisceaux intiment au public de danser.

Au Musée Picasso, qui souffle ses 40 bougies, les DJ Banga, Mira et Andy 4000 se succèdent aux platines dans le jardin du musée toute la soirée, en partenariat avec Radio Nova. À quelques encablures, il faut aller jeter une oreille à la Halle des Blancs Manteaux sur l’évolution du concert de Pedro Garcia Velasquez et l’ensemble Noun, qui, démarré en concert symphonique classique, se mue en fête techno-trance-latino irrésistible pour les hanches. À Europa Experience Place de la Madeleine, le DJ belge Stel-R et la DJ colombienne Gatasanta promettent d’électriser la nuit avec un warm-up du premier dédié aux musiques de films suivi d’un mix de house et d’électronique de la seconde. Les amateurs de musiques orientales et méditerranéennes se donnent rendez-vous quant à eux à l’Institut des Cultures d’Islam qui annonce une soirée militante, "exubérante, danse et drag" avec le collectif queer Nââr. 

Downtown Périgord sur le Canal Saint-Martin, Paris 10e, de 19h à 2h

Soirée DJ au Musée Picasso, 5 rue de Thorigny, Paris 3e, de 18h à minuit

Concert à la Halle des Blancs Manteaux, 48 rue Vieille du Temple, Paris 4e, de 20h à 1h

DJ Stel-R et Gatasanta à Europa Expérience, 28 place de la Madeleine, Paris 8e, de 19h à minuit

Collectif Nââr à l'Institut des Cultures d'Islam, 19 rue Léon, Paris 18e, de 20h30 à 23h

6Rêver et contempler la ville sous un autre jour

Avec ce paradis pour cinéphiles, on en oublierait presque que l’évènement Nuit Blanche est dédié à l’art contemporain. L’onirisme est au menu cette année avec plusieurs installations dont la plus spectaculaire, signée de l’artiste Céline Bozon, chef-opératrice issue de la Fémis, est à voir sur et en face de l’île Saint-Louis. Son installation, les Pointes lunaires, fait de l’île un décor idéal de long-métrage en insufflant à ses deux extrémités une blancheur diffuse, stimulant les imaginaires.

À la Fontaine des Innocents, au cœur du quartier des Halles, l’installation de l’artiste Léo Nataf mêlant jeux de lumière, fumées, sons et sculptures installées dans les vasques, réinjecte un mystère et une étrangeté singulière à ce lieu chargé d’histoire (c’était un cimetière) qu’on ne prend plus la peine de contempler. L’architecte et artiste Ranki_B3at propose au Gymnase de la Bidassoa une installation qui synchronise les mouvements d’une sphère lumineuse monumentale de 7 mètres de diamètre à une création musicale originale de Mr Smiff. Enfin, au Gymnase Jean Jaurès, l’installation interactive de Onyo, en partenariat avec la fondation Good Planet, transforme les récits personnels des participants en ciel étoilés puis en rivière lumineuse (on peut aussi juste regarder sans s’impliquer). L’objectif de cette féerie est de modifier notre regard sur l’eau douce et les écosystèmes en péril dont elle dépend, et nous avec.

Les Pointes lunaires de Céline Bozon sur l’île Saint Louis, Paris 1er et 4e de 22h à 5h

Léo Nataf à la Fontaine des Innocents, Paris 1er de 19h à 2h

Orbe au Gymnase de la Bidassoa, 25 rue de la Bidassoa, Paris 20e de 21h à 4h

Onyo au Gymnase Jean Jaurès, Paris 19e de 22h à 2h

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