Une guillotine exposée au Mucem en hommage au combat de Robert Badinter contre la peine de mort

Inventée à la veille de la Révolution française, la guillotine a été utilisée jusqu'au 10 septembre 1977 aux Baumettes, à Marseille.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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La lame tranchante de la guillotine exposée au Mucem, à Marseille, à partir du 9 octobre 2025. (MIGUEL MEDINA / AFP)
La lame tranchante de la guillotine exposée au Mucem, à Marseille, à partir du 9 octobre 2025. (MIGUEL MEDINA / AFP)

À l'occasion de l'entrée au Panthéon de Robert Badinter, prévue jeudi 9 octobre, une guillotine sera exposée à partir de cette date au cœur de l'emblématique Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) à Marseille, pour témoigner de ce qu'était la peine capitale abolie en 1981 sous l'impulsion de l'ancien garde des Sceaux.

Faite de bois et de métal, la machine à décapiter, haute de 4,50 mètres et pesant 800 kg, trône seule au centre d'une pièce de l'exposition permanente du musée, attendant l'arrivée des premiers visiteurs. À côté, des extraits du célèbre plaidoyer de Robert Badinter du 17 septembre 1981 sont inscrits, qui rappelle que "la France aura été, en dépit de tant d'efforts courageux, l'un des derniers pays à abolir la peine de mort".

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C'est à l'ancien ministre de la Justice que l'on doit la conservation de ce "monstre" au Mucem. Un an après avoir mis fin à la peine capitale, il proposait d'intégrer la guillotine aux collections nationales. À une seule condition : elle ne pourrait être exposée avant l'an 2000.

Aujourd'hui, l'exposition de cette machine construite en 1872 par Alphonse-Léon Berger (en remplacement de l'exemplaire brûlé pendant la Commune de Paris en 1870) s'inscrit dans la mission du Mucem de "conserver des traces des grandes avancées sociales et sociétales", selon son président Pierre-Olivier Costa. "Nous souhaitons faire rentrer dans le patrimoine commun un objet qui n'aura plus jamais aucun usage."

Une machine inventée au XVIIIe siècle

Depuis l'abolition de la peine de mort, le grand public a pu observer une guillotine à trois reprises : lors d'une exposition au musée d'Orsay en 2010, mais sous un voile, et deux fois à Marseille, à l'ouverture du Mucem en 2013 et à la prison des Baumettes en 2019.

Invention française de la fin du XVIIIe siècle, à la veille de la Révolution française, la guillotine a été surnommée de nombreuses façons au cours de son histoire, comme le "Rasoir national", la "Veuve" ou encore la "Raccourcisseuse patriotique". Mais son nom original vient de Joseph-Ignace Guillotin, qui l'a fait adopter comme mode unique d'exécution capitale.

Sa lame tranchante a marqué de son ombre les places publiques tout au long du XIXe siècle, jusqu'en 1939 où son usage a été réservé à l'espace clos des prisons. Aujourd'hui, son mécanisme "est volontairement bloqué pour des raisons de conservation et de sécurité", souligne le Mucem.

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