En images Cambriolage au musée du Louvre : découvrez les bijoux dérobés, tous d'une grande valeur historique

Le montant du butin est en cours d'estimation.

Article rédigé par Valérie Gaget - avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 8min
Le diadème de l'impératrice Eugénie exposé dans la galerie d'Apollon au Louvre. Le bijou a été dérobé lors du cambriolage du musée le 19 octobre 2025. (AURELIEN MORISSARD / IP3 PRESS / MAXPPP)
Le diadème de l'impératrice Eugénie exposé dans la galerie d'Apollon au Louvre. Le bijou a été dérobé lors du cambriolage du musée le 19 octobre 2025. (AURELIEN MORISSARD / IP3 PRESS / MAXPPP)

Les bijoux dérobés sont d'une "valeur inestimable", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, invité de France Inter/franceinfo/Le Monde au lendemain du cambriolage du musée du Louvre. La ministre de la Culture Rachida Dati a pour sa part indiqué dans un communiqué publié dimanche 19 octobre que l'état de la couronne de l'impératrice Eugénie, abandonnée dans leur fuite par les malfaiteurs, était "en cours d'examen", évoquant une effraction "particulièrement rapide et brutale". Voici la liste diffusée par le ministère de la Culture des bijoux qui ont été ciblés.

1 Le collier de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense

Collier de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, France, premier tiers du XIXe siècle, diamants et saphirs de Ceylan. (MUSEE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)
Collier de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, France, premier tiers du XIXe siècle, diamants et saphirs de Ceylan. (MUSEE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)

Ce collier appartenait à la parure de la reine Marie-Amélie, l'épouse de Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848. Partiellement acquis par le musée du Louvre en 1985, cet ensemble de bijoux date du premier tiers du XIXe siècle. Il a d'abord appartenu à Hortense de Beauharnais, reine de Hollande, la mère de Napoléon III, puis à Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, reine des Français. Ce collier est composé de huit saphirs de Ceylan et de 631 diamants. Selon Vincent Meylan, historien spécialiste des bijoux, la reine Hortense tenait cette parure de sa mère, l'impératrice Joséphine, première épouse de Napoléon Ier. Certains spécialistes affirment également qu'elle proviendrait de la reine Marie-Antoinette. "Ça fait vraiment partie de l'histoire de France", souligne Vincent Meylan.

2 Le diadème de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense

Diadème de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, France, premier tiers du XIXe siècle, diamants et saphirs de Ceylan, 6,2x10,7 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)
Diadème de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, France, premier tiers du XIXe siècle, diamants et saphirs de Ceylan, 6,2x10,7 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)

Issu de la même parure, ce diadème est composé au total de 24 saphirs et de 1 083 diamants. Comme le collier précédent, il était resté dans la descendance des Orléans et n'avait pas été cédé lors de la vente des Joyaux de la Couronne en 1887. Selon la notice consultable sur le site présentant les collections du Louvre, ces bijoux sont ornés de saphirs de Ceylan dans leur état naturel, "c’est-à-dire non chauffés pour en changer la couleur comme on le fait aujourd’hui". Leur facture serait "révélatrice de la qualité du travail des joailliers parisiens du début du XIXe siècle."

3 Une boucle d'oreille de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense

Boucle d'oreille d'une paire de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, France, premier tiers du XIXe siècle, diamant et saphir de Ceylan, 5,1x2,2 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)
Boucle d'oreille d'une paire de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, France, premier tiers du XIXe siècle, diamant et saphir de Ceylan, 5,1x2,2 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)

Cette unique boucle d'oreille issue de la même parure que le collier et le diadème reste portée manquante après le cambriolage du 19 octobre. Également ornée de saphirs entourés de diamants, elle a été conçue et réalisée entre 1800 et 1835 et sa monture est en or. 

4 Le collier en émeraudes de la parure de Marie-Louise

François-Régnault Nitot (1779-1853), collier en émeraudes de la parure de Marie-Louise, 1810, or, diamant, émeraude, 43x7 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / RMN-GP / JEAN-GILLES BERIZZI)
François-Régnault Nitot (1779-1853), collier en émeraudes de la parure de Marie-Louise, 1810, or, diamant, émeraude, 43x7 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / RMN-GP / JEAN-GILLES BERIZZI)

Ce collier est l'une des pièces de la parure offerte par Napoléon Ier à Marie-Louise d'Autriche, 18 ans, à l'occasion de leur mariage, célébré le 2 avril 1810. Livrée fin mars par la maison Nitot, elle comprenait un diadème, un collier, une paire de boucles d'oreilles et un peigne. Le collier se compose de 32 émeraudes dont 10 en forme de poire, 1 138 diamants dont 874 en brillant et 264 en rose.

5 Une paire de boucles d'oreilles de la parure de Marie-Louise

Paire de boucles d'oreilles en émeraudes de la parure de Marie-Louise, 1810, or, diamant, émeraude, 5,7x3,1 cm, Paris, musée du Louvre. (MUSÉE DU LOUVRE / RMN-GP / JEAN-GILLES BERIZZI)
Paire de boucles d'oreilles en émeraudes de la parure de Marie-Louise, 1810, or, diamant, émeraude, 5,7x3,1 cm, Paris, musée du Louvre. (MUSÉE DU LOUVRE / RMN-GP / JEAN-GILLES BERIZZI)

Ces boucles d'oreilles faisaient partie de la même parure que le collier. Préservés dans leur état d'origine, si l'on en croit la notice du Louvre, ces précieux objets, d'une grande valeur historique ont rejoint les collections du musée en 2004 grâce au fonds du Patrimoine et à la société des Amis du Louvre.

6 Une broche dite broche reliquaire

Paul-Alfred Bapst (1823-1879, broche dite broche reliquaire, 1855, diamants, or, 17,5x4,6 cm, Paris, musée du Louvre. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)
Paul-Alfred Bapst (1823-1879, broche dite broche reliquaire, 1855, diamants, or, 17,5x4,6 cm, Paris, musée du Louvre. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)

Cette broche datant de 1855, créée par Paul-Alfred Bapst, appartenait à l'impératrice Eugénie qui était très pieuse. Elle est formée en son sommet de sept diamants entourant un solitaire et comporte au total 94 diamants. Dès la vente des Joyaux de la Couronne, le terme de reliquaire est associé à cette broche. Il est en outre gravé sur l'épingle de fixation. La notice du Louvre explique cependant que l'emploi de ce mot interroge car, dans le bijou, "aucun espace n'est aménagé pour abriter une relique".

7 Un diadème de l'impératrice Eugénie

Alexandre-Gabriel Lemonnier (vers 1808-1884), diadème de l'impératrice Eugénie, 1853, perle d'Orient, diamant, argent, or, 7x19x18,5 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)
Alexandre-Gabriel Lemonnier (vers 1808-1884), diadème de l'impératrice Eugénie, 1853, perle d'Orient, diamant, argent, or, 7x19x18,5 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)

Ce diadème créé en 1852 comprend au total 212 perles dont 17 en forme de poire et 1 998 diamants. Il provient d'une parure exécutée pour l'impératrice Eugénie peu après son mariage avec Napoléon III, le 29 janvier 1853. La société des Amis du Louvre l'a donné au musée parisien en 1992."Ce diadème, c'est celui qu'elle portait quasiment tous les jours à la cour et qu'on trouve sur ses portraits officiels. Elle y tenait beaucoup", précise à l'AFP Pierre Branda, historien et directeur scientifique de la Fondation Napoléon.

8 Une broche de l'impératrice Eugénie

François Kramer, grand nœud de corsage de l'impératrice Eugénie, 1855, argent, diamant, or, 3,5x22,2x10,5 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)
François Kramer, grand nœud de corsage de l'impératrice Eugénie, 1855, argent, diamant, or, 3,5x22,2x10,5 cm, Paris. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)

Ce nœud à deux boucles, complété de deux ganses terminées par des glands de passementerie, contient au total 2 438 diamants. Il constituait à l'origine le centre d'une ceinture composée initialement de plus de 4 000 pierres appartenant aux Diamants de la Couronne, afin d'être exposée, parmi d'autres parures, à l'Exposition universelle de 1855, puis à être portée par l'impératrice Eugénie. La notice du Louvre indique que dès 1864, "la souveraine renonce à porter ce bijou imposant et ne veut conserver que le nœud en guise de broche de corsage dont la cascade de rubans et de glands devait descendre jusqu'à la taille". Elle raconte également que "le sertissage d'une extrême virtuosité donne une grande souplesse au nœud et aux glands, faisant scintiller les pierres au moindre mouvement".

9 La couronne de l'impératrice Eugénie

Alexandre-Gabriel Lemonnier (vers 1808-1884), couronne de l'impératrice Eugénie, 1855, or, diamant, émeraude, 13x16,5x15 cm, Paris, abîmée pendant le vol par effraction du 19 octobre 2025. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)
Alexandre-Gabriel Lemonnier (vers 1808-1884), couronne de l'impératrice Eugénie, 1855, or, diamant, émeraude, 13x16,5x15 cm, Paris, abîmée pendant le vol par effraction du 19 octobre 2025. (MUSÉE DU LOUVRE / PHOTO RMN-GP / STEPHANE MARECHALLE)

Le hasard, la providence diront certains, a voulu que le neuvième objet dérobé par les malfaiteurs dans les vitrines de la galerie d'Apollon ait été abandonné dans leur fuite et retrouvé endommagé. On ignore encore l'étendue des dégâts, mais il s'agit vraisemblablement de l'un des objets les plus précieux du XIXe siècle. Créée pour l'impératrice en même temps que celle de Napoléon III à l'occasion de l'Exposition universelle de 1855, cette couronne haute de 13 cm est ornée de 8 arceaux en forme d'aigles réalisés en or ciselé, sertie de 1 354 diamants et de 56 émeraudes. La croix du sommet est composée de six brillants. Il s'agit là encore d'un objet à forte valeur patrimoniale que le musée du Louvre devrait heureusement pouvoir récupérer après restauration.

Sur les huit objets manquants, sept ont été acquis par le musée du Louvre sur le marché depuis 1985, dont deux qui avaient été vendus lors de la vente de 1887 des Joyaux de la Couronne. Même s'il n'est pas rendu public, leur prix est parfaitement documenté. Didier Rykner, directeur de la rédaction du site La Tribune de l'Art, estime que :"C'est inestimable sur le plan du patrimoine. En revanche, ils sont parfaitement estimables sur le prix".

Les experts alertent sur le risque de dépeçage de ces pièces historiques, dont les pierres et perles seraient desserties et remontées pour faire d'autres bijoux. "Si on ne retrouve pas ces bijoux très vite, ils vont disparaître, c'est sûr", s'inquiète l'historien Vincent Meylan.

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