Gaultier, McQueen, Lagerfeld : la mode entre triomphalement au musée
Jean Paul Gaultier, Jeanne Lanvin, Yves Saint Laurent à Paris, Alexander McQueen à Londres, Karl Lagerfeld à Bonn : les expositions de mode attirent un public de plus en plus large, curieux d'admirer de ses propres yeux des créations habituellement réservées à un cercle restreint de clients, de journalistes et d'acheteurs.
3 grandes expositions à Paris : Gaultier, Lanvin, Saint Laurent
"Ceux qui n'ont pas la chance d'assister à des défilés de mode voient rarement ce qu'est vraiment une création de haute couture", dit Jean-Paul Cluzel, président de la Réunion des Musées nationaux-Grand Palais, où débute le 1er avril la rétrospective Gaultier. "Les meilleures images, les meilleurs reportages télévisés n'arrivent pas à rendre compte de la richesse d'un tissu, d'une broderie. Seule une exposition peut permettre cela pour le commun des mortels", a-t-il affirmé lors d'une présentation de l'exposition à la presse. Lancée en 2011 au Musée des Beaux-Arts de Montréal, elle a déjà attiré 1,4 million de visiteurs au cours de ses neuf premières étapes dans le monde.
La Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent présente la collection dite "Libération". Jugée hideuse par la presse de l'époque, elle est, aujourd'hui, estimée fondamentale dans la mode contemporaine. 28 des 80 modèles sont à découvrir.
La pionnière, Diana Vreeland
C'est dans le cadre du Met que s'était tenue en 1983 "Yves Saint Laurent, 25 ans de création", première rétrospective consacrée à un couturier vivant, lancée à l'initiative de la journaliste américaine Diana Vreeland. Pour Diana Vreeland, qui a conçu de nombreuses expositions de mode, la façon de "rendre le vêtement vivant c'était de l'associer à un individu charismatique", explique à l'AFP Harold Koda, conservateur du Costume Institute.
"Elle créait des installations avec des murs colorés, des éclairages spectaculaires, des parfums, de la musique. C'est quelque chose qui s'est répandu partout dans le monde", rappelle-t-il. Mais l'une des choses qui a changé, c'est qu'elle "n'était pas très à cheval sur les faits", dit Harold Koda dans un éclat de rire. "Si les gens voyaient ses expos aujourd'hui ils diraient 'mais il n'y a pas de substance !' Le public est devenu incroyablement exigeant", affirme-t-il.
Eviter l'opération commerciale
L'audience de ces expositions s'est aussi considérablement "élargie", dit Harold Koda : hommes, femmes, la mode est devenue "un sujet qui intéresse tout le monde". "Il est difficile d'échapper à la mode, la publicité est partout! Et puis c'est quelque chose qui fait rêver", déclare Olivier Gabet, directeur du Musée des Arts décoratifs à Paris qui organise depuis près de trente ans deux à trois expositions de mode par an. Pour cet historien de l'art, il est important de faire la distinction entre les musées comme celui qu'il dirige, ou le Palais Galliera à Paris, le Met et le V&A, qui ont la charge de collections de mode, et les institutions qui surfent sur "un sujet porteur". Il insiste sur l'importance d'accompagner les créations d'un "discours scientifique ou artistique": "Il faut qu'il y ait un point de vue et une analyse. Sinon c'est une opération commerciale". Si la collaboration du musée avec le créateur est précieuse pour connaître ses intentions, le danger est qu'il "soit son propre commissaire", note Olivier Gabet. L'exposition au Musée des Arts décoratifs consacrée au créateur belge Dries Van Noten en 2014, qui a accueilli 180.000 visiteurs, avait suscité "un vrai dialogue, assez âpre quelquefois" avec le designer, explique-t-il. Depuis "Dries van Noten. Inspirations" s'est installée au musée de la mode d’Anvers jusqu'au 19 juillet 2015. "Au Met, à chaque fois que nous collaborons avec un créateur, l'accord de départ c'est qu'il doit nous laisser interpréter son oeuvre. Ce n'est pas négociable", dit aussi Harold Koda.
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